Deux têtes tombent à la SAQ

Le rapport du comité de vérification de la Société des alcools du Québec conclut qu'il y a réellement eu des discussions entre la SAQ et certains fournisseurs européens pour hausser les prix.
Une enquête commandée par la SAQ confirme que des acheteurs de la société d'État ont tenté de négocier à la hausse les prix de certains produits avec des fournisseurs européens.
Le comité de vérification précise que les directives entérinées par la direction générale de la SAQ ne permettaient pas de négocier à la hausse les prix des produits. Le rapport parle de distorsion entre ces directives et l'exécution des appels aux fournisseurs.
Le rapport ajoute que les deux vice-présidents à l'origine de cette affaire n'ont pas commis de fraude ou de malversation, mais qu'ils ont été négligents et qu'ils ont manqué de jugement.
Ces deux personnes, qui étaient en congé avec solde le temps de l'enquête, ne sont plus employés par la Société des alcools du Québec. Laurent Mériault, vice-président Commercialisation, a démissionné et Alain Proteau, vice-président Achat, a pris sa retraite.
La SAQ a, de plus, annulé 29 ententes portant sur des produits négociés en euros potentiellement litigieuses.
Également, la Société a adopté une nouvelle politique de rajustement des prix à la fluctuation des devises étrangères plus rapide. Ainsi, la SAQ procédera à des rajustements systématiques du taux de change d'une devise dès qu'elle connaîtra une fluctuation de 3 % ou plus.
Le président-directeur général de la SAQ, Sylvain Toutant, a tenu à s'excuser auprès des consommateurs. « Nous avons tiré les leçons qui s'imposent à la suite de ce cafouillage et les mesures annoncées aujourd'hui feront en sorte qu'une telle situation ne se reproduise plus. »
Par ailleurs, jeudi soir, Laurent Mériaux, un des vice-présidents de la SAQ qui a démissionné, a adressé une mise en demeure au président de la SAQ pour lui demander de se rétracter. Sylvain Toutant aurait affirmé que Laurent Mériaux lui avait menti.
De son côté, le ministre des Finances du Québec, Michel Audet, a réagi aux conclusions de l'enquête en déclarant que la Société des alcools a agi de manière responsable en réitérant sa confiance envers le conseil d'administration pour sa façon dont il a géré la crise.
Le ministre refuse de remettre en question le maintien en poste du président de la SAQ, Sylvain Toutant, qui a mis la faute sur deux de ses vice-présidents.
L'enquête de Jacques Benoit
La SAQ s'est retrouvée au coeur d'un scandale, en décembre dernier, quand le chroniqueur Jacques Benoit du quotidien La Presse a révélé que la société d'État avait invité plusieurs de ses fournisseurs européens à augmenter leurs prix peu avant les fêtes. En échange de cette augmentation, la SAQ a reçu une ristourne de 2,5 %, destinée à contrer l'impact négatif de la hausse du dollar canadien par rapport à l'euro sur son chiffre d'affaires.
Une majorité de fournisseurs aurait refusé la proposition de la SAQ, arguant que la baisse des prix de leurs vins sur les tablettes pouvait leur permettre de rattraper la concurrence australienne et américaine. La SAQ a d'abord nié les faits, avant d'annoncer une baisse du prix de quelques centaines de vins européens.
Les explications fournies par la SAQ laissent M. Benoit perplexe. Le chroniqueur se demande comment les deux vice-présidents ont pu agir seuls, alors qu'ils étaient pratiquement les numéros deux et trois de la SAQ.