Enquête sur la fixation des prix
La Société des alcools du Québec demande à ses vérificateurs d'enquêter sur le processus de rajustement des prix des produits achetés en euro. En décembre, des fournisseurs s'étaient plaints du comportement de la SAQ.
Le PDG de la Société des alcools du Québec (SAQ), Sylvain Toutant, a demandé mercredi la tenue d'une enquête interne sur le processus qui a conduit à l'ajustement des prix des produits achetés en euro.
La direction de la SAQ veut ainsi s'assurer que le processus de négociations mené avec les fournisseurs européens s'est déroulé selon les règles.
Une porte-parole de la société d'État a indiqué que l'enquête devrait durer quelques jours ou, tout au plus, quelques semaines et que ses résultats allaient être dévoilés « dans les meilleurs délais ».
L'ajustement, qui entrera en vigueur le 1er février, se traduira par une baisse moyenne de 8 % des prix pour 590 des 603 produits achetés en euro.
Par ailleurs, la SAQ a annoncé mercredi qu'elle allait baisser les prix de certains vins américains qu'elle achète en dollars américains, soit environ 1 % de ses achats.
Rappel des faits
La SAQ s'est retrouvée au coeur d'un scandale, en décembre dernier, quand le quotidien La Presse a révélé que la société d'État avait invité plusieurs de ses fournisseurs européens à augmenter leurs prix peu avant les fêtes.
La SAQ recevait, en échange de cette augmentation, une ristourne de 2,5 % destinée à contrer l'impact négatif de la hausse du dollar canadien par rapport à l'euro sur son chiffre d'affaires.
Une majorité de fournisseurs avait refusé la proposition de la SAQ, arguant que la baisse des prix de leurs vins sur les tablettes pouvait leur permettre de rattraper la concurrence australienne et américaine.
La direction de la SAQ a toujours nié les allégations des fournisseurs.
La variation des prix est due à la décision de la SAQ de revoir à la baisse le taux dit standard qu'elle applique pour le calcul de ses prix de détail. Depuis la mi-juin, ce taux était demeuré à 1,6274 $ malgré une baisse de plus de 15 % de l'euro par rapport au dollar canadien.
Le 6 janvier, le taux a été ramené à 1,3945 $. Si ce nouveau taux est appliqué, il doit entraîner une diminution importante des prix de détail des produits que la SAQ paie en euros.
Un avocat interrogé par La Presse a indiqué qu'un recours collectif contre la Société des alcools était possible. Le juriste estime toutefois qu'il y a bien peu de chances qu'un fournisseur accepte de témoigner en cour contre une société d'État qui contrôle, grâce à sa position de monopole, l'accès au lucratif marché québécois.