Les travailleuses en CPE pourraient aller jusqu’à la grève générale illimitée

Les éducatrices réclament un plus petit ratio éducatrice-enfants, une augmentation salariale qui permettrait de rattraper l’écart avec le secteur public ainsi que des primes en région. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Carla Oliveira
Les 13 000 travailleuses en centre de la petite enfance (CPE) de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), en grève pour une troisième journée lundi, pourraient déclencher une grève générale illimitée si le gouvernement continue de refuser l’ensemble de leurs demandes.
C’est dans les mains des travailleuses, c’est elles qui décideront ce qu’elles veulent faire au bout de la ligne
, a dit Stéphanie Vachon, représentante des CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN lors d’un point de presse, lundi matin.
Les travailleuses, qui incluent des éducatrices, des responsables en alimentation et du personnel de bureau, réclament plus d’heures pédagogiques, une augmentation salariale qui permettrait de rattraper l’écart avec le secteur public ainsi que des primes pour les travailleuses dans les régions.
Quelque 400 CPE sont en grève ce lundi, malgré la tempête de neige.
Deux ans sans convention collective
Présentement, ce qu’on a sur la table, ce sont les offres du départ de mai 2024
, déplore Mme Vachon, qui a invité le gouvernement à profiter des trois prochains jours de négociations pour régler le conflit et mettre fin à la grève.
J’ai l’impression de vivre le jour de la marmotte
, a pour sa part déclaré François Enault, premier vice-président de la CSN.
Il rappelle qu’il y a un an et demi, son syndicat était en négociation avec les travailleuses du secteur public. La grève, qui a touché un groupe composé à 70 % de femmes
, avait alors duré 11 jours.
Le premier vice-président a également invité le premier ministre à se « présenter à la table de négociations au lieu d’aller se promener à Washington ».
Ça fait deux ans que ces femmes-là n’ont pas de convention collective. Il faut régler ça rapidement
, a-t-il conclu.
Les parents en appui
Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN, rappelle que les travailleuses en CPE ont l'appui des parents : par voie de lettres, 300 conseils d’administration ont signifié leur appui à la lutte.
Cette dernière précise qu’il s’agit non seulement d’une lutte pour les CPE, mais aussi pour la consolidation du réseau des services de garde.
[Le réseau] a permis à des centaines de milliers de femmes de retourner sur le marché du travail l’esprit en paix.
Des syndicats différents, des demandes différentes
Les trois autres organisations syndicales concernées par cette négociation nationale ont déjà conclu des ententes de principe. Leurs membres les ont même entérinées, dans des proportions allant de 66 % à 100 %.
Il s'agit de la Fédération des intervenantes en petite enfance, affiliée à la CSQ, du Syndicat québécois des employé(e)s de service et du Syndicat des Métallos, tous deux affiliés à la FTQ.
Mais selon Mme Vachon, le gouvernement refuse de dévoiler le contenu des ententes conclues avec ces dernières. Elle croit cependant que ses membres n'accepteraient pas de pareils accords, car leurs revendications vont plus loin. La question des disparités régionales, par exemple, n’a pas été soulevée par les autres syndicats.
Si ces regroupements ont établi un précédent, M. Enault précise que 80 % des CPE syndiqués sont représentés par la CSN. Son organisation ne souhaite pas être à la remorque des 20 % des CPE syndiqués au Québec
.
Ce n’est pas une autre organisation syndicale qui va créer le pattern pour ces femmes qui nous ont donné des mandats pour négocier pour elles
, a-t-il lancé.
Les travailleuses de la CSN doivent rencontrer leur syndicat à la fin du mois de février pour planifier leur prochaine offensive.