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Grèves dans le secteur public : Québec nomme un conciliateur

Le gouvernement répond ainsi à une demande formulée par le Front commun, alors que la FAE et la FIQ ne souhaitent pas l'intervention d'un conciliateur pour le moment.

Jean Boulet portant le coquelicot.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, nomme un conciliateur pour tenter de rapprocher le Front commun intersyndical du secteur public et le Conseil du Trésor. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

À moins de 24 heures du début d'une série de débrayages des employés de la fonction publique, le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet, annonce la nomination d'un conciliateur pour tenter de dénouer l'impasse qui persiste depuis des mois à la table de négociations.

Peu de temps après que le Front commun des syndicats en eut fait la demande, en début de matinée, le ministre Boulet a annoncé sur son compte X la nomination d’un conciliateur pour en arriver le plus rapidement possible à une entente négociée avec les syndicats du Front commun. Mathieu Lebrun s'est vu octroyer ce mandat.

La présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, chargée de négocier le renouvellement des conventions collectives, a déclaré sur les ondes d'ICI RDI que tout ce qui peut favoriser les échanges est le bienvenu, dans les minutes qui ont suivi l'annonce de son collègue.

Quand on parle de faire cheminer les gens, moi, je vais prendre toutes les mesures pour le faire.

Plus tard en journée, la présidente de la FTQ, Magali Picard, a déploré que dans la réponse reçue de la ministre LeBel, on ait accepté le recours à un conciliateur, mais à la condition qu'il ne formule pas de recommandations en ce qui a trait aux salaires et au régime de pension.

Vous comprendrez qu'on n'est pas du tout contents de cette décision-là, a déclaré Magali Picard sur les ondes d'ICI RDI. On va quand même bénéficier du service du conciliateur dès demain, assure-t-elle.

La Fédération autonome de l'enseignement (FAE) et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui ne sont pas membres du Front commun, ont fait savoir pour leur part qu'elles ne veulent pas de l'intervention d'un conciliateur dans leurs négociations pour le moment. Les négociations se poursuivent, selon la FAE, qui ne sent pas le besoin de recourir à la conciliation pour le moment.

Le reportage de Sébastien Desrosiers

Minuit moins une

Il faut dire qu'il est minuit moins une pour les employés de l'État et le gouvernement Legault, alors que trois grèves doivent être déclenchées cette semaine au Québec.

Le premier débrayage, qui s'échelonnera de mardi à jeudi, soit du 21 au 23 novembre, sera celui du Front commun – qui regroupe la Confédération des syndicats nationaux (CSN), l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la FTQ – qui représente 420 000 employés du gouvernement.

Cette grève de trois jours touchera les établissements de santé et de services sociaux, ainsi que les écoles et les cégeps.

Jeudi et vendredi (23 et 24 novembre), la FIQ – qui compte 80 000 infirmières et professionnelles en soins – se joindra au mouvement de débrayage.

Du côté des enseignants, 66 000 membres de la FAE déclencheront une grève générale illimitée à compter de jeudi (23 novembre).

L'impasse persiste

Pendant ce temps, l'impasse persiste à la table de négociations, malgré l'ajout de trois jours de pourparlers entre le gouvernement et les syndicats cette semaine.

Des grévistes brandissent des drapeaux en bordure d'une rue.

Après plus d'une année de négociations infructueuses, des centaines de milliers d'employés du gouvernement du Québec ont lancé un premier débrayage de 24 heures le 6 novembre dernier.

Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi

Interrogée sur les ondes d'ICI RDI, la présidente de la CSN, Caroline Senneville, a affirmé que les syndiqués sont très déterminés à améliorer leurs conditions de travail, qu'un règlement est toujours possible d'ici les Fêtes, mais qu'il y a beaucoup de travail à faire.

J’en ai fait des grèves, mais je n’ai jamais senti ce que j’ai senti sur la ligne de piquetage le 6 novembre. Nos votes sont sortis à 95 %, a souligné Mme Senneville.

La première décision qu’on prend quand on fait la grève, c’est qu’on se prive de salaire, a-t-elle rappelé.

Ce vote de grève là, c’est un appel au secours. C’est nos membres qui nous disent : "On n’en peut juste plus. Faut qu’il se passe quelque chose."

Une citation de Caroline Senneville, présidente de la CSN

Entrevue avec Caroline Senneville, présidente de la CSN

Sonia LeBel exaspérée

De l'autre côté de la table de négociations, la présidente du Conseil du Trésor dénonce la rigidité des syndicats qui refusent catégoriquement depuis des mois, selon elle, d'amender leurs revendications pour trouver un terrain d'entente.

On ne peut pas se contenter […] dans une négociation de dire : "Non! Moi, c’est ça que je veux ou rien du tout." Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, a martelé Sonia LeBel sur les ondes d'ICI Première.

Les salaires, c’est sûr que c’est important. Mais même là-dessus, ils n’ont pas bougé de leurs positions depuis octobre 2022 et j’ai trois ou quatre positions différentes devant moi.

Une citation de Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor

En ce qui a trait à l'organisation du travail, elle appelle les syndicats à faire preuve de réalisme notamment en ce qui a trait à la pénurie de main-d'œuvre qui plombe le secteur public québécois.

Gros plan de Sonia LeBel

Sonia LeBel est présidente du Conseil du Trésor du gouvernement du Québec. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Il est, selon Mme LeBel, impossible d'alléger immédiatement les ratios d'élèves dans les classes, faute de nouveaux enseignants. Je n’en ai pas d’enseignants à fournir, a-t-elle répété. Il faut qu’on trouve des solutions.

Dans le système de la santé, c’est 24 heures sur 24, sept jours sur sept. [...] Mon collègue en santé s’arrache les cheveux pour savoir comment on va faire pour avoir des infirmières la nuit, les fins de semaine, le soir dans les services névralgiques comme aux urgences, a-t-elle fait remarquer.

Pour remédier au problème, Québec offre des primes supplémentaires pour le personnel à horaires défavorables. Quelle est la réponse de la FIQ? "Bien, tu dois donner la même chose à tout le monde…" a-t-elle illustré.

Si je priorise tout le monde, je ne priorise personne. Alors, je leur dis : "Expliquez-moi comment je fais alors pour remplir ces quarts défavorables?" Absence de réponse.

Si le fait de mettre 8 milliards $ sur la table d'argent récurrent des citoyens du Québec n'est pas une offre [...] bien, je ne sais pas c'est quoi.

Une citation de Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor

On compte actuellement plus de 100 tables de négociation entre les syndiqués de l'État et le gouvernement, si on tient compte des tables sectorielles.

À quelques jours d'une grève générale illimitée à la FAE

Grande banderole où on peut lire : Viser toujours plus haut pour l'éducation. Derrière, des enseignants qui manifestent debout.

Les membres affiliés à la Fédération autonome des enseignants lors d'une manifestation devant l'Assemblée nationale. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Présidente de la FAE, Mélanie Hubert juge improbable que la grève générale illimitée prévue pour jeudi soit évitée. Croire qu’un règlement pourrait intervenir en si peu de temps n’est pas réaliste, a-t-elle convenu ce matin en entrevue à l’émission D’abord l’info sur ICI RDI.

Soit, des problèmes existent, mais pour les régler, le gouvernement du Québec devra faire preuve d’ouverture d’esprit face aux remèdes proposés par les syndiqués, plaide Mme Hubert.

Peut-on s'asseoir, discuter de solutions, et peut-être renoncer de chaque côté à la solution qu'on voyait a priori pour arriver avec une nouvelle idée? demande-t-elle.

La présidente de la FAE déplore, par exemple, que l’employeur ne veuille pas permettre au personnel enseignant de faire du télétravail pour exercer certaines activités de correction de travaux ou de planification de cours.

La FAE représente environ 66 000 enseignants du réseau public. Ses membres sont concentrés dans les centres de services scolaires de Montréal, de Laval, des Basses-Laurentides, de l’Outaouais, de Québec et de la grande région de Granby.

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