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Garderies subventionnées : un nouveau système qui frustre les parents et les fournisseurs

Des casiers dans une garderie.

L'Ontario a été la dernière province à conclure une entente avec le gouvernement fédéral sur les garderies. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Olivier Plante

Radio-Canada

Une exploitante de garderie du quartier Orléans, à Ottawa, dit craindre que le déploiement de la subvention fédérale n’améliore pas l’accès à des garderies abordables dans sa communauté, en partie à cause de la lenteur de sa mise en place.

La garderie Happy Zone a ouvert ses portes en juin avec 72 places en garderie subventionnée. En octobre, les services à l'enfance d'Ottawa l'ont informée qu’elle ne recevrait pas de financement du Système pancanadien d’apprentissage et de garde de jeunes enfants (SPAGJE), qui permet de réduire certains frais de moitié.

La propriétaire et directrice de la garderie située dans Chatelaine Village, Enkelejda Kokalari, raconte qu’on ne lui a pas expliqué pourquoi sa garderie n’a pas été choisie. Selon elle, la garderie se trouve dans une zone identifiée par la Ville comme n’atteignant pas les objectifs fixés en matière d’accès aux services de garde d’enfants.

Il y a un écart énorme entre la nécessité d’améliorer l’accès à la garde d’enfants dans cette zone et les fonds disponibles, a-t-elle dit.

Portrait d'Enkelejda Kokalari.

Enkelejda Kokalari est la propriétaire et directrice de la garderie Happy Zone, située dans le quartier Orléans, à Ottawa.

Photo : Radio-Canada / Matthew Kupfer

Selon elle, Happy Zone compte déjà une liste d’attente de 400 enfants, mais ne dispose que de 35 places occupées actuellement. Il y a une salle de classe entière inutilisée, avec des casiers vides à l’extérieur.

Si je leur disais que nous avons une subvention, ils viendraient tous et nous serions pleins, a-t-elle ajouté.

Mme Kokalari explique que certains parents ont quitté la garderie pour des places subventionnées tandis que d’autres lui ont carrément dit ne pas avoir les moyens de payer sa garderie.

Comme un paiement hypothécaire

Robert Butler est le père d’une fille qui fréquente Happy Zone. Pour lui, trouver une place en garderie se compare à la série Hunger Games. Il espère que le nouvel accord sur les services de garde d'enfants réduira les dépenses de sa famille.

C'est presque comme avoir un deuxième paiement hypothécaire. Il semble que beaucoup d'endroits très centraux aient obtenu des subventions pour les garderies, mais peut-être pas ceux qui se trouvent en périphérie, comme le sud d'Ottawa ou à Orléans.

Portrait de Robert Butler.

Peut-on comparer la quête de trouver une place en garderie et les films Hunger Games? Robert Butler trouve que oui!

Photo : Radio-Canada / Matthew Kupfer

Daria Demina a également été en mesure de trouver une place pour sa fille dans la garderie d'Enkelejda Kokalari. Son enfant de deux ans et demi la fréquente seulement à temps partiel parce que sa famille ne peut pas payer la totalité des frais. La mère fait le tour des établissements pour trouver une place subventionnée.

Je cherche un emploi à temps plein et j’ai besoin d’une garderie à temps plein, a-t-elle lancé.

En tout, 94 % des garderies agréées existantes à Ottawa ont opté pour le SPAGJE, en date du mois de novembre 2022. Cela a permis de réduire de moitié les coûts pour les parents de 21 000 enfants.

L’objectif est également que 40 % des enfants d’une région donnée aient accès à des services de garde.

Portrait de Daria Demina.

Daria Demina aimerait trouver un emploi à temps plein. Si tel est le cas, elle aura besoin d'une garderie à temps plein, ce dont elle n'a pas les moyens à l'heure actuelle.

Photo : Radio-Canada / Matthew Kupfer

Selon Mme Kokalari, les garderies déjà établies ont un énorme avantage concurrentiel sur les garderies créées plus récemment, comme la sienne, lorsqu’il s’agit d’obtenir une subvention.

Nous ne pouvons pas baisser nos tarifs parce que nous devons payer le loyer et le personnel.

L'accord fédéral-provincial prévoit un financement pour ajouter 86 000 places dans toute la province d'ici à 2026. La Ville d’Ottawa prévoit quant à elle bénéficier de près de 3000 places en services de garde abordables pour les enfants de 0 à 5 ans à Ottawa.

Certains parents doublement pénalisés

La directrice générale du groupe de pression Un enfant Une place, Morna Ballantyne, a mentionné que la réduction des frais avait aidé les familles à économiser de l’argent et à retourner sur le marché du travail.

Cependant, le financement gouvernemental nécessaire pour étendre le programme est insuffisant et contribue à des inégalités pour les parents qui ne peuvent pas trouver de place, estime la militante.

Ils sont, en effet, doublement pénalisés. Ils n’ont pas de place, et n’ont pas accès aux cotisations parentales beaucoup moins élevées que celles demandées par les structures d’accueil agréées par rapport aux structures non agréées.

Morna Ballantyne en entrevue à Radio-Canada en 2017.

Morna Ballantyne est la directrice générale du groupe de pression Un enfant Une place. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Julie-Anne Lamoureux

Selon Mme Ballantyne, la répartition inégale des places est en partie causée par un ancien système qui était basé sur le marché et par le fait que la mise en place d’un nouveau système prend du temps.

Un enfant Une place souhaite un financement accru de la part des gouvernements provinciaux et fédéral pour encourager l’expansion du nouveau système.

La Ville plaide pour plus de places

La Ville d’Ottawa n’est pas en mesure de dire combien de fournisseurs sont dans la même situation que la garderie Happy Zone, car elle continue d'informer les demandeurs pour cette année et pour l’année prochaine.

Une fois que ce processus et les accords juridiques connexes seront terminés, la Ville fournira des informations supplémentaires sur le processus et les résultats.

Par le biais d’une déclaration, le responsable des services à l’enfance, Jason Sabourin, a mentionné que la Ville d’Ottawa a reçu plus de demandes pour de nouvelles places que de fonds disponibles.

M. Sabourin a dit être bien conscient que le processus entraînerait une déception pour les familles et les fournisseurs qui n’ont pas été sélectionnés.

Il a aussi assuré que notre équipe continuera à plaider auprès de la province pour un plus grand nombre de places financées par le Système pancanadien d’apprentissage et de garde de jeunes enfants, précisant aussi que les demandes non retenues sont tout de même conservées dans les dossiers.

Finalement, il a aussi affirmé que la Ville a appliqué une optique d’équité et d’inclusion lorsqu’elle a choisi les espaces admissibles au service, de même que le Cadre d’accès et d’inclusion de l’Ontario, qui donne la priorité aux quartiers à faible revenu et aux populations prioritaires, y compris les services pour les communautés francophones, rurales et autochtones.

Avec les informations de Matthew Kupfer de CBC News

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