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Les pannes d’ascenseurs limitent les déplacements des personnes en situation de handicap

Jennifer Marr a un grand sourire, Elle est sur le quai d'un port devant un navire.

Pour Jennifer Marr, faire la queue devant l'ascenceur dans son fauteuil roulant est humiliant, car elle n'a pas d'autres choix.

Photo : Radio-Canada / Gracieuseté de Jennifer Marr

La fiabilité volatile d’ascenseurs fonctionnels éveille l’anxiété d’Ontariens en situation de handicap car ils en dépendent pour faciliter leurs déplacements, et cela leur permet de garder une certaine autonomie. Ils souhaitent que les espaces publics soient entretenus en gardant en tête les besoins cruciaux de mobilité des plus vulnérables.

Jennifer Marr vit avec une paralysie cérébrale qui affecte sa mobilité. Pour elle, un ascenseur en service n’est pas un luxe, mais une nécessité pour ses déplacements routiniers. Elle ne peut pas marcher sur de longues distances et se déplace à l'aide de son fauteuil roulant qui ne peut être utilisé dans un escalier mécanique.

[L’ascenseur] est littéralement la porte de notre logement. Comment quelqu'un se sentirait-il si on lui fermait la porte au nez ?

Une citation de Jennifer Marr, administratrice de programme du Centre for Independent Living in Toronto (CILT)

L’autonomie, une surcharge administrative

Une fois hors de son appartement situé au centre-ville de Toronto, le parcours du combattant de Mme Marr commence.

Il n’y a pas de sortie spontanée avec ses amis, au restaurant ou au centre commercial, dit-elle. Certaines pharmacies sont souvent sur plusieurs étages et sans ascenseur, ce qui complexifie son magasinage, renchérit-elle.

Elle confie avoir développé une anxiété face à la préparation requise avant une activité externe.

Mme Marr reconnaît toutefois que certains services font des efforts d'accessibilité et de communication, dont la Commission de transport de Toronto (CTT). Les usagers peuvent vérifier l'état de fonctionnement des ascenseurs et escaliers roulants du réseau de transport public au téléphone et en ligne.

Elle explique subir une surcharge mentale face à la charge administrative qu’implique ses déplacements, anodins voire routiniers pour les personnes sans enjeux de mobilité.

De plus, le manque de considération des personnes handicapées dans l’espace public entraîne un sentiment d’exclusion ou d’être vue comme moins que rien, glisse-t-elle.

La jeune femme constate que bien des préjugés envers les corps handicapés persistent. Selon elle, trop souvent, les personnes en situation de handicap sont faussement associées à l'image de personnes qui restent à la maison toute la journée à regarder la télévision, assistées par du personnel auxiliaire en santé.

Anthony Frisina est bénévole pour l'organisme Ontario Disability Coalition (ODC). Ce résident de Hamilton se déplace en fauteuil roulant depuis qu'il a 12 ans. Il observe, lui aussi, que les enjeux d'accessibilité sont une source de stress et de frustration.

Anthony Frisina est très souriant, il porte une chemise et est assis dans son fauteuil roulant.

Anthony Frisina affirme qu'il faut informer les citoyens des pannes d'ascenseur via un site web ou des messages textes.

Photo : Radio-Canada / Gracieuseté Anthony Frisina

C'est au petit bonheur la chance. L'ascenseur est toujours en panne à un moment inopportun.

Une citation de Anthony Frisina, bénévole, Ontario Disability Coalition

Imaginez que vous soyez à la maison et que vous n'ayez pas la possibilité d'aller faire vos courses ou même de revenir à la maison parce que l'ascenseur ne fonctionne plus ?, interpelle M. Frisna.

Désormais, Mme Marr habite au quatrième étage d’un immeuble à deux ascenseurs, mieux préservés que dans son précédent logement où elle vivait au 13e étage avec la crainte chronique que l’un des deux ascenseurs tombe en panne, ce qui était souvent le cas.

On ne devrait pas se battre pour ce qu’on mérite.

Une citation de Anthony Frisina, directeur bénévole des médias pour l'Ontario Disability Coalition (ODC)

L’exception devrait confirmer la règle

Il est préférable que la société comprenne mieux la nécessité de créer un environnement de vie inclusif et accessible et qu'elle s'engage à le faire car il s'agit d'un enjeu de droits humains, déclare Hannah Lee, avocate à l’ARCH Disability Law Center, une clinique juridique qui se spécialise dans les droits des personnes ayant un handicap.

La Loi de 2005 sur l’accessibilité pour les personnes handicapées de l’Ontario (LAPHO)

D’ici 2025, le gouvernement Ford s’est engagé à appliquer une série de mesures afin de rendre tous les bâtiments publics et privés de la province accessibles aux personnes en situation de handicap.

Souvent, on cherche la validation [des handicapés] à la fin en disant "regardez, regardez ce que nous avons fait. C'est pour vous !", plutôt que de nous consulter en amont du développement d’infrastructures publiques, regrette M. Frisina.

Selon lui, la société devrait prioriser l’inclusion et non pas concevoir l'accessibilité comme une adaptation après coup.

De son côté, Me Lee estime que les normes en place sont insuffisantes. Les aléas d’accessibilité des personnes en situation de handicap devraient être une préoccupation des citoyens et des gouvernements.

On n'est jamais mieux servi que par soi-même

À force de frustrations, M. Frisina et Mme Marr ont chacun développé leur propre plan d’urgence, comme le font beaucoup de personnes handicapées qui ne font plus confiance à l'accessibilité des espace publics.

En cas de pépin, tous deux peuvent compter sur des proches et des voisins.

Mme Marr a notamment pris les devants. Elle a informé les pompiers locaux de son handicap moteur en cas d'incendie dans son édifice.

Avant de déménager, vérifier les pannes d'ascenseurs

Depuis le 1er  juillet 2022, le gouvernement Ford impose aux propriétaires d’immeubles de rapporter toute panne des quelque 24 800 ascenseurs résidentiels que compte la province.

La panne doit être soumise dans les 48 heures auprès de l'Office des normes techniques et de la sécurité (Nouvelle fenêtre) (TSSA - Technical Standards and Safety Authority).

Consultable en tout temps par le public, l’organisme y affiche l’historique des pannes d'ascenseurs, l’adresse ainsi que le nombre d'étages de l'immeuble concerné.

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