•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

ChroniqueL’Acadie queer et psychédélique de Rémi Belliveau

Des musiciens au Fort Beauséjour.

Clin d'œil à Pink Floyd et à Live at Pompeii, le dernier film de Rémi Belliveau a été tournée dans les ruines du Fort Beauséjour.

Photo : Gracieuseté Rémi Belliveau

Le documentaire musical l’Empremier Live at Beaubassin (1970) de Rémi Belliveau ouvrira jeudi le 37e Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA) à Moncton. Au programme : rock psychédélique et questions identitaires.

Décors kitsch, cigarettes aux becs, couleurs pastelles et ambiance sonore analogique, c’est un voyage dans les années 1970 que propose l'artiste multidisciplinaire. Un voyage musical au légendaire Fort Beauséjour, avec un groupe fictif de rock-progressif-psychédélique qui aurait dû exister dans la construction identitaire acadienne, selon Rémi Belliveau.

C’est dommage qu’il n’y ait pas eu ici de mouvement voué au "prog" au moment où cette musique était à son point culminant. Chez nous, c’est arrivé beaucoup plus tard notamment avec le groupe Rocambol. Il y a toujours ça en Acadie, cette notion de rattrapage que je trouve assez confrontant, mentionne l'artiste.

Le "trad" et puis après ?

Un groupe de musique devant une toile colorée

Une formation musicale toute étoile entourait Rémi Belliveau pour la réalisation de ce film.

Photo : Gracieuseté Rémi Belliveau

L’une des idées maîtresses du film documentaire, est que la musique acadienne ne doit pas être réduite à son association à la musique traditionnelle dite trad. Pour soutenir son argumentaire, Joan Dularge, l’alter ego de Rémi Belliveau, s’est entourée de musiciens de haute voltige.

L'ombre d'une violoniste derrière un coucher de soleil.

Du violon sur du rock psychédélique c'est oui!

Photo : Gracieuseté Rémi Belliveau

Pour accompagner la voix atypique de Rémi, cette formation all-star formée de Mico Roy, Jason LeBlanc, Katrine Noël, Marie Andrée Gaudet et Pierre Guy Blanchard offre une performance irréprochable.

On ressent réellement l’ambiance et la musicalité éclatée et éclectique, qui rappellent l’âge d’or de groupe comme Genesis, Pink Floyd, King Crimson ou Electric Light Orchestra. La cerise sur le gâteau? Certainement le violon de Marie Andrée Gaudet.

Les mots qui accompagnent les compositions originales sont tous des textes tirés d’artistes qui ont transformé la musique acadienne à leur manière. On y retrouve par exemple des reprises psychédéliques de chansons telles que Le Mitan du siècle qui s’en vient de Beausoleil Broussard ou bien de La ballade de Jackie Vautour par Zachary Richard.

L'identité queer acadienne

En 1972, Pink Floyd avait enregistré Live at Pompeii. Comme un clin d'œil, le groupe de Belliveau a choisi le Fort Beauséjour comme lieu de tournage. La musique enregistrée dans cet endroit mythique de l'imaginaire collectif acadien renvoie à une forte réflexion identitaire.

Je veux que les Acadiens, Acadiennes réalisent qu'ils sont des "bébites" spéciales.

Une citation de Rémi Belliveau
Des musiciens jouant dans les ruines du Fort Beauséjour.

Le film L'Empremier Live at Beaubassin (1970) a été tourné en grande partie au Fort Beauséjour.

Photo : Gracieuseté Rémi Belliveau

C'est que le film, dans toute sa complexité, fait un parallèle entre la queerness de la protagoniste principale et l'identité acadienne. Un passage du film exprime cette idée à travers la vision de Joan Dularge.

Faire de la musique plus complexe, ça permet de transmettre des messages plus complexes. J'ai senti toute ma vie que j'avais cette féminité en moi, que je n'ai pas eu le droit d'exprimer et cette féminité là je l'ai expulsée […]. C'est dans ma vie d'adulte, après des années d'errance que j'ai ouvert les portes et que je l'ai accueillie de nouveau et cette féminité-là à retrouvé son chez soi et puis ça ben c'est la "story arc" de la communauté acadienne.

Des musiciens dans un champ de ruines.

L'artiste multidisciplinaire Rémi Belliveau a récemment réalisé un tournage au Fort Beauséjour dans le cadre de plus grand projet musico-cinématographique de sa carrière.

Photo : Gracieuseté FICFA

Ce concept, que l’Acadienneté est une forme de queerness, doit prendre plus de place dans l’esprit populaire, selon Remi Belliveau. Cette ambivalence identitaire est également liée à la place de la francophonie dans cette construction culturelle.

Quelle place occupe l’anglophonie dans mon identité? Pourquoi je ne me sens pas proche de la francophonie du Québec et de la France? J’ai toujours eu une espèce de bébite en moi, jusqu’à tant que je me rende compte que l’Acadie est hybride aussi, conclut l’artiste.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre ICI Acadie

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Acadie.