Surdoses : 395 décès confirmés ou présumés enregistrés depuis le début de l’année

Selon les données du bureau des coroners, l’année 2021 a été la plus meurtrière avec 403 décès liés à la drogue confirmés (photo d'archives).
Photo : Getty Images / Spencer Platt
Selon les plus récentes données du Bureau du coroner de la Saskatchewan, 202 décès confirmés et 193 décès présumés dus à la drogue sont survenus entre le 1er janvier et le 2 novembre 2023.
Avec moins de deux mois restant à l’année 2023, la combinaison de ces deux chiffres dépasse déjà le nombre de 354 décès confirmés liés à la drogue enregistrés au cours de l’an dernier.
Ces données inquiètent des travailleurs de la santé et ceux qui luttent contre la toxicomanie. Ces derniers craignent que la province dépasse le record provincial de 2021 pendant laquelle 403 personnes sont mortes après avoir consommé de la drogue.
L’ambulancier et gestionnaire des services de réduction des méfaits au Centre Nēwo-Yōtina Friendship à Regina Emile Gariepy estime que le nombre de décès va continuer d’augmenter si la province ne finance pas davantage la prévention.
Tu ne peux pas sauver une vie si la personne est morte. Comment mettre quelqu’un en réhabilitation si elle est déjà morte?
Lors de l’assemblée de l'Association médicale de la Saskatchewan le 3 novembre dernier, le ministre de la Santé mentale et des Dépendances, Tim McLeod, avait indiqué que la province n’avait pas de plan de financement des centres de consommation supervisée.
Lors de la période de questions à l'Assemblée législative mardi, Tim McLeod a affirmé que la province reconnaît le problème de dépendances et dit que son gouvernement continue ses efforts dans le traitement et la réhabilitation.
Il a précisé que l’approche en cours est la meilleure et que la province fournit déjà des services aux personnes qui souffrent de dépendance, comme le traitement et la réhabilitation.
Il a aussi rappelé le plan du gouvernement provincial présenté en octobre en ce qui concerne la santé mentale et les dépendances. Ce plan de cinq ans inclut notamment la création de 500 nouvelles places pour le traitement des dépendances.
De son côté, la cheffe de l’opposition officielle, Cala Beck, a affirmé é que la province a failli dans sa tâche de mettre ce plan sur pied. Elle reproche au gouvernement provincial de ne pas avoir suffisamment consulté les organismes qui fournissent des services, les familles qui ont été touchées et les personnes qui ont souffert de dépendance.
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La prévention au coeur de la solution
Le médecin à Saskatoon, Benjamin Leis, souligne que la solution se trouve davantage en prévention. Il explique que le financement de centres de consommation supervisée serait plus efficace et moins coûteux que les coûts liés à une hospitalisation.

Le Dr Benjamin Leis explique qu’aucune dose fatale n’est survenue au site d’injections supervisées de Prairie Harm Reduction depuis sa mise en place.
Photo : Radio-Canada / Dan Zakreski
Le problème avec le système en ce moment, les gens viennent à l’hôpital, on leur dit que leur dépendance est néfaste, mais il manque de services psychologiques pour les aider avec leur dépendance
, explique Benjamin Leis.
Il soutient qu’une façon d'engager les personnes vulnérables dans la lutte contre la dépendance est de les diriger vers des centres de consommation supervisée où ils peuvent être appuyés pour consommer de façon sécuritaire.
Selon lui, tout repose sur la création de relations de confiance entre le système et les consommateurs de drogues.
Quand les gens sentent qu’on a de la loyauté envers leur santé, c’est un bon point de départ pour une relation thérapeutique saine
, indique le Dr Leis.
Il ajoute qu'à travers les centres de consommation supervisée aux États-Unis, leur taux d’infection a diminué, car ils ont en créé des systèmes de réduction des méfaits où les gens qui consomment de la drogue sont encouragés à le faire dans un centre supervisé pour créer de la confiance et de la loyauté.
Un cercle vicieux
Le Dr Benjamin Leis soutient aussi que le sans-abrisme et le manque de logements abordables jouent un rôle important dans la prévention des dépendances.
Le coût de la vie est beaucoup plus élevé et les systèmes sociaux qui sont en place, surtout dans les trois dernières années, ne sont pas suffisants. Les gens qui sont dans une situation de dépendance ont vraiment du mal à sortir de ce cercle de vie
, déplore le Dr Leis.
Avec des logements abordables plus disponibles et des programmes de consommation, on serait beaucoup plus en forme
, ajoute-t-il.
Il estime aussi que le manque de spécialistes en psychiatrie et en psychologie et les longs délais d’attente pour accéder à ces services sont aussi un grand problème.