Les Anges de la cuisine, au service des familles de défunts

En attendant que la famille de Madame Mousseau arrivent, Carole Decaire ( à gauche) s'amuse avec ses Anges de la cusine.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Depuis 33 ans, Carole Decaire mène les Anges de la cuisine, une équipe de plus de 160 bénévoles qui offrent de leur temps pour préparer un repas chaud aux proches des défunts après les funérailles célébrées à la paroisse Saints-Martyrs-Canadiens d’Iroquois Falls.
Samedi 21 octobre, dès 9 h, ils sont une dizaine à s'activer en cuisine dans le sous-sol de l'église. Les funérailles de Lilliane Mousseau seront célébrées en haut à 11 h
Aussitôt arrivée, Carole Decaire a le bonheur de voir un paroissien qui vient déposer 30 livres de patates et 11 à 12 livres de carottes.
Ça fait 33 ans qu’on existe, on n’a jamais chargé un sou pour notre repas. Jamais.
On se fait dire qu’on est la seule église dans le Nord de l’Ontario à faire un repas chaud gratuitement. Il y a beaucoup d’églises qui offrent quelque chose, mais il y a un coût par tête
, clame une Carole Décarie fière de porter à bout de bras ce projet depuis si longtemps.
Les gens sont invités après le repas à offrir un pourboire pour que les Anges de la cuisine puissent acheter les ingrédients nécessaires pour continuer d’offrir gratuitement des repas chauds aux familles endeuillées.
Du répit pour les familles
Rémi Mouseau, fils de la défunte, a eu un fardeau
de moins à gérer dans la dernière semaine, sachant que Carole était là pour réunir ses proches autour d’un repas après l’enterrement.
Durant les cérémonies, on n’a pas le temps de se voir puis de se parler. Avec un bon repas, on a le temps de s’asseoir puis de jaser et de se raconter les belles histoires de la famille.
M. Mousseau est reconnaissant de voir comment ces gens-là se déplacent en bénévole pour venir nous supporter là-dedans.
Ça, c’est le Nord de l’Ontario, c’est les gens qui sont là pour rendre service
, ajoute le père Léo Rancourt, qui célèbre la messe.
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Claude Montreuil a donné de son temps en cuisine ce matin-là pour la satisfaction d’être capable d’aider ceux qui sont dans le besoin. On a le temps.
Il dit être comme un helper du père Noël
en allant là où la cheffe lui demande, comme couper des morceaux de gâteau ou encore piler des patates.

Claude Montreuil découpe un gâteau.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Carole est d’ailleurs grandement reconnaissante de pouvoir compter sur M. Montreuil et sa force physique, car la majorité des personnes en cuisine sont des femmes âgées de plus de 65 ans.
Les gros chaudrons de patates, c’est trop pesant pour nous. Alors, on a des hommes comme Claude qui viennent et ils peuvent enlever l’eau puis piler les patates
, assure-t-elle.
Le modus operandi des Anges de la cuisine
En 1990, lorsque la restauratrice Carole Decaire a mis au monde Les Anges de la cuisine, elle a choisi une approche unique en soi pour le recrutement.
Si bien qu’elle réussit à recruter 220 membres, divisée en 12 équipes.
On a trouvé du monde qui voulait parce qu’il n’avait pas besoin de venir souvent. Souvent, les bénévoles deviennent tannés parce qu’ils sont toujours sollicités
, avance-t-elle.
Elle avait remarqué qu'en moyenne il y avait deux décès par mois dans la paroisse Saint-Martyr-Canadien.
Ça veut dire que leur tour venait une fois par six mois. Alors, si tu es demandé de faire du bénévolat une fois par six mois, ben là tu dis que c’est correct
, ajoute Carole Decaire, qui compte près de 40 ans en restauration.

Une soixantaine de proches de Liliane Mousseau ont pu savourer le repas préparé par les Anges de la cuisine.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Afin de trouver les outils de cuisine pour équiper le sous-sol de l'église, la présidente fondatrice des Anges de la cuisine cherchait l’idée du siècle.
Elle en est venue à s’inspirer du concept des showers de bébés.
J’ai fait une liste d’équipement dont on aurait besoin : fourchettes, couteaux, poivrières, salières, rôtissoires, machine à café. J’ai accroché ça en arrière de l’Église et j’ai dit qu’on faisait un shower. J’ai choisi un dimanche et j’ai invité toute la paroisse à venir,
se souvient-elle.
Tout ce qu’elle avait inscrit sur la liste, elle l’a eu. Le monde a été tellement généreux qu'en plus on a eu beaucoup d’argent ce jour-là
, raconte-t-elle.
S’il nous manquait des choses, avec les dons monétaires qu’on a reçus, là on allait acheter. À un moment donné, j’ai eu un bienfaiteur dans la paroisse [dont] la mère est décédée et nous a laissé de l’argent. Alors, on a acheté un congélateur
, dit-elle.

Gertrude Dumouchel est assise à l'entrée et récolte les dons pour les Anges de la cuisine.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Les gens de sa communauté ne sont pas seulement généreux avec leur argent, ils le sont aussi avec leur temps. Quand Carole reçoit par exemple un appel un mardi qu’il y aura des funérailles le samedi, elle contacte immédiatement le chef d’équipe, dont c’est le tour, qui doit à son tour contacter les 10 membres de son équipe.
Claude Montreuil nous raconte que son équipe est entre autres composée de sa femme, de sa belle-sœur et de son beau-frère. Notre chef d'équipe a juste besoin de faire un appel ou de nous croiser à l’épicerie et on sera tous là
, blague-t-il.