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Des compressions monstres redoutées en transport collectif dans la région de Montréal

Des gens marchent sur le quai du métro, alors qu'un train passe.

La STM prévoit qu'elle devrait fermer le métro à 23 h tous les jours.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Fin du métro à 23 h, arrêt des autobus interurbains après 21 h, lignes supprimées, etc. C’est un véritable raz-de-marée de compressions en transport collectif qui se dessine dans la grande région de Montréal si le gouvernement Legault ne bonifie pas sa contribution financière. Un document confidentiel obtenu par Radio-Canada parle carrément d’un retour aux années 1990.

Les sociétés de transport collectif sont en état d’alerte depuis que la ministre Geneviève Guilbault a annoncé son intention d’absorber uniquement 20 % de leur déficit évalué à 2,5 milliards de dollars pour les cinq prochaines années.

Selon nos informations, la ministre aurait récemment montré de l’ouverture à bonifier légèrement son offre. Or, le manque à gagner pour l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) serait quand même d’environ 275 millions de dollars uniquement pour l’année 2024.

Un trou financier qui aurait un effet considérable sur les services offerts aux citoyens dans les prochaines années et que les quatre sociétés de transport concernées décrivent de manière très concrète dans un document interne.

À la Société de transport de Montréal (STM), le métro devrait fermer à 23 h tous les jours et entrer en fonction seulement à 9 h les samedis et dimanches. Des trains seraient retirés sur les lignes orange, verte et jaune, ce qui aurait un effet sur la fréquence des passages.

Les autobus de la STM ne seraient pas épargnés non plus. Le nombre de voyages effectués passerait de 18 400 à 15 600 en semaine, de 12 700 à 10 800 les samedis, et de 11 700 à 9900 les dimanches.

Pour combler cette réduction, la cible du nombre de passagers par autobus passerait de 35 à 45 personnes, ce qui augmenterait l’entassement dans les véhicules. La nuit, la fréquence de passage serait réduite de 33 %.

L’effort exigé par Québec va nous ramener aux années 1991-1992.

Une citation de Extrait du document confidentiel obtenu par Radio-Canada

« On ne veut pas »

Lors d'un point de presse de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), la mairesse de Montréal Valérie Plante a martelé que son administration cherchera à tout prix à éviter une réduction des services.

On ne veut pas! On ne peut pas parce que les gens comptent sur le transport collectif, a indiqué Mme Plante, en référence entre autres aux travailleurs qui dépendent du transport en commun pour leurs déplacements.

Mme Plante s'attend à ce que la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, envoie le même message.

Ça peut porter atteinte à la réputation de la ville de Montréal. Ça affecte son potentiel économique. Par exemple, le métro qui ferme à 23 h, ça veut dire qu'après la game des Canadiens, les gens n'ont plus de transport, il n'y a plus de métro

Une citation de Valérie Plante, mairesse de Montréal

L'offre du gouvernement [Legault] en transport en commun ne tient tout simplement pas la route, a prévenu le maire de Repentigny, Nicolas Dufour.

Interpellé par Radio-Canada, le cabinet de la ministre Geneviève Guilbault a refusé de commenter le dossier.

Pertes d’emploi inévitables

Si Québec tient la ligne dure, les possibles compressions s'annoncent également inquiétantes en périphérie de Montréal.

À la Société de transport de Laval (STL), par exemple, la proposition du gouvernement provincial entraînerait à terme la mise à pied de 125 employés, peut-on lire dans le document confidentiel.

Dès 2024, ce sont 18 personnes qui perdraient leur emploi, vraisemblablement des chauffeurs d’autobus, ce qui aurait un effet sur plus de 2000 usagers du transport collectif chaque jour.

Pour pallier ce manque d’employés, la STL pourrait soit couper 50 voyages d’autobus à l’heure de pointe, en semaine, soit couper 150 voyages hors de l’heure de pointe. Dans les deux cas, des lignes importantes seraient affectées et la fréquence de passage des véhicules diminuerait.

Un autobus de la STL.

La STL prévoit devoir mettre à pied de nombreux chauffeurs.

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

La situation ne serait pas plus rose au Réseau de transport de Longueuil (RTL), qui anticipe des effets négatifs pour 6000 à 10 000 usagers sur son territoire. Dans certains quartiers, les autobus cesseraient complètement de circuler, prévoit-on.

La RTL anticipe aussi une mise à pied importante de personnel, avec comme conséquence un risque de grève accru.

Les résidents de la banlieue montréalaise ne seraient pas épargnés non plus. Exo, le réseau de transport métropolitain, devrait mettre fin à son service d’autobus interurbain après 21 h en semaine. La fréquence serait aussi réduite la fin de semaine et hors des heures de pointe.

Exo affirme par ailleurs n’avoir aucune possibilité de couper dans le service de trains de banlieue.

Marge de manœuvre limitée

Dans ce portrait plutôt sombre, les sociétés de transport indiquent qu’elles n’ont pas de grandes marges de manœuvre pour réduire les dépenses sans toucher au[x] service[s], puisqu’elles ont des obligations contractuelles et des conventions collectives à respecter.

De plus, les sociétés de transport n’ont aucun levier sur les inducteurs de coûts dont le diesel, les pièces, les coûts du taximètre pour le transport adapté et autres.

C’est pourquoi elles en appellent au gouvernement provincial pour qu’il rehausse son aide financière, d’autant plus que réduire les services risquerait de les entraîner dans un cercle vicieux.

Une réduction de 15 % de l’offre de services engendre une réduction de l’achalandage de 7 % et donc [une perte] de 7 % des revenus moyens.

Selon nos informations, dans une contre-proposition envoyée à la ministre Guilbault mardi soir, la Communauté métropolitaine de Montréal demande donc à Québec d’assumer 75 % du déficit prévu d’ici 2028.

Or, depuis plusieurs semaines, le gouvernement Legault répète qu’il n’a pas plus de marge de manœuvre qu’en ont les municipalités et qu’il importe donc de partager le fardeau en transport collectif.

Québec affirme aussi que sa part totale dans le financement du transport collectif, en incluant les subventions pour les infrastructures et l’aide d’urgence versée durant la pandémie, était de 48 % à l’échelle de la province en 2023, comparativement à 37 % en 2015.

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