Nouvelles résidences à l’UL : des étudiants craignent des loyers « astronomiques »
Maquette du futur pavillon de résidences.
Photo : CCM2 Architectes
Prenez note que cet article publié en 2023 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les loyers dans le nouveau bâtiment de résidences projeté par l'Université Laval suscitent de l'inquiétude. Un récent sondage commandé par l'établissement suggère une fourchette de 1600 $ à 1800 $ par mois pour un appartement de quatre pièces et demie meublé, tous frais compris. Ces montants sont « fictifs », assure la direction, qui promet « le meilleur rapport qualité-prix ».
Le sondage mené par le Groupe Altus pour le compte de l'Université Laval a été envoyé à la communauté étudiante mercredi. L'Université Laval effectue un court sondage auprès de ses étudiant(e)s afin de mieux connaître leurs besoins en hébergement
, peut-on lire dans le préambule.
Le questionnaire comprend des questions spécifiques sur une nouvelle offre de logements que souhaite ajouter l'Université Laval à moyen terme. Un nouveau pavillon de résidences de 180 unités est en effet projeté sur le campus et devrait voir le jour d'ici 2027.
Ce sondage survient d'ailleurs quelques semaines après l'octroi des contrats pour les plans et devis du bâtiment. Les firmes d'ingénierie WSP Canada et Tetra Tech ainsi que la compagnie d'architecture CCM2 Architectes se partagent 4,7 millions de dollars pour cette étape du projet.
L'immeuble en question, le premier pavillon de résidences à être construit sur le campus en plus de 50 ans, compte 24 logements de deux chambres (quatre pièces et demie), notamment pour les familles. Actuellement, l'Université Laval ne compte que des studios individuels et des salles communes dans son offre d'hébergement.
Le pavillon aura un accès public au rez-de-chaussée. (Photo d'archives)
Photo : CCM2 Architectes
De 1600 $ à 1800 $
Le sondage propose plusieurs questions selon le type d'hébergement désiré, à savoir un studio, un appartement d'une chambre ou un appartement de deux chambres.
Coûts suggérés des loyers dans le sondage*
| prix minimum | prix maximum | |
|---|---|---|
| Studio | 800 $ | 1000 $ |
| Une chambre | 1150 $ | 1350 $ |
| Deux chambres | 1600 $ | 1800 $ |
Dans la section qui porte sur les logements de quatre pièces et demie, l'Université Laval demande si le locataire potentiel est prêt à payer 1800 $ par mois pour une telle unité, tous services inclus. Si la réponse est non, le montant passe à 1700 $, puis à 1600 $.
Si la réponse est toujours négative, le sondage demande quel montant la personne serait prête à débourser pour avoir son logement sur le campus.
Pour les studios, au nombre de 144 dans le futur immeuble, la fourchette suggérée dans le sondage est de 800 $ à 1000 $, meubles et services inclus.
L'offre de résidences actuelle de l'Université Laval est basée sur un modèle de studios individuels, sans commodités, combinés à des espaces de vie communs (des cuisines, par exemple). (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / /Cathy Senay
Invitée à expliquer comment les questions et les montants ont été établis, l'Université Laval affirme qu'il s'agit de simples prix de référence pour les fins du sondage.
Les chiffres avancés dans l’enquête sont fictifs et visent à établir des balises minimales et maximales en fonction de la demande
, explique Simon La Terreur-Picard, porte-parole de l'Université Laval. L’objectif premier du sondage en question n’est pas de déterminer le prix des logements actuels ou futurs sur le campus mais plutôt de réévaluer la demande potentielle pour du logement étudiant en contexte de pénurie.
Les prix des futurs logements, ajoute-t-il, seront déterminés en fonction du contexte économique.
Les tarifs seront établis par la suite en fonction d’un ensemble de critères, notamment l’aide financière reçue (impact sur le financement du bâtiment), les conditions du marché de la construction (coût du bâtiment) [ainsi que] le taux d’intérêt et le maintien de l’actif à long terme.
D'abord évalué à 40 millions de dollars, le coût du projet de pavillon de résidences est maintenant estimé à 53,4 millions. Outre les 24 logements de deux chambres pour les familles, l'immeuble proposera 12 appartements d'une chambre et 144 studios.
Il sera établi sur une partie d'un vaste stationnement situé entre les pavillons Paul-Comtois, Ferdinand-Vandry et Adrien-Pouliot, à l’angle de l’avenue de la Médecine et de la rue de l’Agriculture.
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Inquiétude
Le sondage envoyé par l'Université Laval a semé l'inquiétude au sein de la Confédération des associations d'étudiants et étudiantes de l'Université Laval (CADEUL). On n'a pas été consultés. Aussitôt qu’on a vu ça, on s’est beaucoup interrogés
, déclare James Boudreau, président de la CADEUL.
Les réponses fournies par l'Université, un peu évasives
et essentiellement les mêmes que celles offertes à Radio-Canada, n'ont pas rassuré cette association qui représente quelque 30 000 étudiantes et étudiants. On ne comprend pas pourquoi l'UL a fait ce type de sondage-là.
La fourchette de 1600 $ à 1800 $ pour un appartement de deux chambres a provoqué plusieurs interrogations. Ce sont des coûts astronomiques
, s'inquiète M. Boudreau, qui craint aussi des résultats biaisés par les prix proposés en contexte de pénurie de logements à Québec.
On pousse pour la création de logements abordables depuis plusieurs années. [...] Ce sont des coûts faramineux qui ne correspondent pas aux besoins réels d’une majorité d’étudiantes et d'étudiants.
La CADEUL entend faire pression sur la direction lors des prochaines rencontres statutaires. On peut comprendre qu’ils n’ont pas d'enveloppe [de financement gouvernemental]. On peut comprendre aussi que ce genre de bâtiment-là, avec la crise économique et les coûts, va coûter plus cher, mais encore là, on ne pense pas que c’est à la population étudiante de payer ces frais-là
, tranche M. Boudreau.
Un centre de la vie étudiante, dont on voit ici une précédente maquette, sera financé par les cotisations étudiantes. (Photo d'archives)
Photo : CCM2 Architectes
Le président de la CADEUL rappelle au passage que son association est partenaire du projet de pavillon de résidences et financera, au moyen d'une cotisation prélevée depuis 2017-2018, un espace de vie étudiante dans le futur bâtiment.
Au BAIL, le Bureau d'animation et d'information sur le logement du Québec métropolitain, on estime que les montants suggérés sont beaucoup trop élévés pour la clientèle.
C'est exagéré, affirme Nicole Dionne, coordonnatrice au BAIL. Parce que pour un 4 et demi, ça va prendre plusieurs étudiants dans le même logement pour être capables de payer ces sommes-là.
C'est évident que les étudiants ne pourront pas payer des sommes aussi importantes sans mettre à risque, leur projet d'étude.
Combattre la précarité
L'Association des étudiantes et étudiants de Laval inscrits études supérieures (AELIÉS) est toute aussi inquiète par le sondage mené par l'Université Laval.
Il est impératif de prendre en consédiration les difficultés financieres auxquelles les étudiantes et étudiants sont confrontés
, plaide Narcisse Sylvestre Adjoudeme, coordonnateur aux affaires externes de l'association.
Ce dernier croit que le sondage, de par ses questions, vise à augmenter les frais de logement
sur le campus. Nous exhortons l'Université Laval à examiner attentivement les implications de cette décision et à envisager des mesures pour atténuer l'impact financier sur la communauté estudiantine.
Comparable moins cher
James Boudreau, de la CADEUL, souligne finalement qu'un projet de logements abordables comparable à celui de l'Université Laval a récemment vu sur le chemin Sainte-Foy, tout près du campus.
Le projet L'Ardoise, de l'Unité de travail pour l'implantation de logement étudiant (UTILE), propose des logements de deux chambres à 1075 $ par mois, tous services inclus, sauf l'électricité. Toutes les unités ont été louées cet automne.
Conscient du fait que l'Université Laval n'évolue pas dans le même contexte que cet organisme à but non lucratif, James Boudreau souhaiterait malgré tout des tarifs similaires pour les résidences universitaires.
