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Activision-Blizzard passe aux mains de Microsoft

L’acquisition au montant de 69 milliards de dollars américains (94,3 milliards de dollars canadiens) est la plus importante de tous les temps dans l’industrie du jeu vidéo.

Le kiosque d'Activision à l'E3, en 2017.

Microsoft tente de mettre la main sur Activision-Blizzard depuis janvier 2022.

Photo : Reuters / Mike Blake

Radio-Canada

Microsoft a annoncé vendredi la finalisation de l'acquisition de l'éditeur de jeux vidéo Activision-Blizzard, quelques heures après avoir reçu le feu vert de l'Autorité britannique de la concurrence (CMA).

Propriétaire des consoles Xbox, Microsoft glisse dans son catalogue un poids lourd des jeux vidéo, éditeur des titres à succès Call of Duty, Diablo et Candy Crush du studio King, lui aussi inclus dans la transaction.

Il emporte également un studio de Toronto, un autre de Vancouver, et aussi Beenox, à Québec, et son petit frère montréalais, dont l’ouverture officielle a été célébrée jeudi, à la veille de l’acquisition.

Le studio de jeux vidéo Beenox, situé sur le boulevard Charest à Québec

Le studio de jeux vidéo Beenox, situé sur le boulevard Charest à Québec, appartient à Activision-Blizzard.

Photo : Radio-Canada

Il s’agit du dernier chapitre d'une saga qui dure depuis janvier 2022. Microsoft est parvenue à surmonter l'opposition initiale d’organismes de régulation britanniques et américains à cette opération record de 69 milliards de dollars américains (94,3 milliards de dollars canadiens).

Après avoir essuyé un refus en avril, Microsoft a soumis, fin août, à l'autorité de la concurrence britannique (CMA), une version amendée de son projet de rachat de l'éditeur américain de jeux vidéo.

Celle-ci est autorisée par la CMA, a annoncé l’organisme de régulation britannique dans un communiqué vendredi matin.

Microsoft, 3e pôle mondial

Cette acquisition permet à Microsoft de devancer Apple et de devenir la troisième plus importante entreprise mondiale de l’industrie du jeu vidéo en termes de chiffre d'affaires, derrière Tencent et Sony.

Le prix à payer est élevé, mais Microsoft peut l'assumer, de sorte que les implications financières ne sont pas trop préoccupantes.

Une citation de Sophie Lund-Yates, analyste de la firme de services financiers Hargreaves Lansdown

L'industrie du jeu est énorme et se développe rapidement, ce qui rend la possibilité d'une croissance des bénéfices très excitante pour Microsoft, souligne auprès de l'AFP l’analyste Sophie Lund-Yates.

Le marché mondial du jeu vidéo est estimé à quelque 300 milliards de dollars par le cabinet de conseil Accenture.

Le poids énorme de Microsoft signifie que les autres fabricants de jeux vont devoir améliorer leur tactique s'ils veulent rester compétitifs, croit Sophie Lund-Yates.

Ubisoft sort gagnante

Microsoft prévoit des changements notables dans la nouvelle version de son projet de rachat, dont la vente à Ubisoft, le géant français du jeu vidéo bien établi au Canada, des droits de jeux en ligne de Call of Duty et Candy Crush, deux succès planétaires d'Activision-Blizzard.

Capture d'écran du jeu Candy Crush, où l'on voit des bonbons sur une grille.

Le jeu mobile « Candy Crush Saga » est l'un des plus populaires des années 2010.

Photo : King

Cette cession concerne les jeux en ligne en nuage (cloud gaming) PC et console d'Activision qui seront produits au cours des 15 prochaines années. Cela empêchera Microsoft de bloquer la concurrence dans le domaine [...] alors que ce marché décolle, s'est félicitée la CMA.

[Microsoft] est reconnaissante de l'examen approfondi [du nouvel accord] et de la décision de la CMA aujourd'hui.

Une citation de Brad Smith, président de Microsoft

Nous avons maintenant franchi le dernier obstacle réglementaire pour finaliser cette acquisition, qui, selon nous, profitera aux joueurs et aux joueuses, ainsi qu’à l'industrie du jeu dans le monde entier, a indiqué Brad Smith.

Nous avons maintenant toutes les approbations réglementaires nécessaires pour clore [la transaction] et nous avons hâte d'apporter de la joie et des connexions à encore plus de joueurs et de joueuses à travers le monde, a abondé le directeur général d'Activision Bobby Kotick.

Des négociations tumultueuses

La décision d'aujourd'hui était largement attendue et met un terme à ce qui a été un processus tumultueux pour toutes les parties concernées, selon Alex Haffner, avocat spécialiste des questions de concurrence, et partenaire associé du cabinet Fladgate.

La CMA craignait que l'opération dans son format initial réduise trop la concurrence dans le marché des jeux dématérialisés. Microsoft le domine avec plus de 25 millions de personnes abonnées à sa plateforme en ligne de Xbox.

Des combattants sortent d'un bateau, avec de l'eau jusqu'aux genoux, pointant leurs armes devant eux.

Le studio Beenox à Québec a notamment travaillé sur la version PC du plus récent Call of Duty, « Modern Warfare II », sorti en octobre 2022.

Photo : Call of Duty

Si Sony et Nintendo ont lancé un service semblable, l'offre n'a strictement rien à voir avec celle du géant américain en termes de catalogue de jeux disponibles et de puissance d'infrastructure en nuage proposée, avait expliqué à l'AFP Julien Pillot, économiste spécialiste des industries culturelles, en avril dernier.

D'autres géants de la technologie se sont aussi lancés sur ce créneau, comme Amazon, avec Luna, qui connaît un succès moindre.

La Commission européenne avait pour sa part approuvé ce rachat en mai.

L'Autorité américaine de la concurrence, la FTC, a quant à elle suspendu en juillet la procédure devant la justice administrative qu'elle avait engagée en décembre contre l'acquisition telle qu'elle était initialement envisagée.

Microsoft avait contesté en justice le blocage britannique. Mais début juillet, l’entreprise avait préféré suspendre la procédure judiciaire pour trouver un terrain d'entente avec l’organisme de régulation.

Avec les informations de Agence France-Presse

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