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Intimité et transidentité : le franc-parler de Zoë

En explorant sa sexualité de femme transgenre, Zoë Comeau est tombée sur un texte qui l’a inspirée à écrire une pièce de théâtre qu’elle présente en solo.

Zoë sur scène a un regard sensible et un sourire aux lèvres.

La pièce de théâtre aborde plusieurs facettes de la sexualité; le vocabulaire sexuel, les organes, l'exploration, la communication, et

Photo : Radio-Canada / Monique Bourque

« Ça a changé ma vie, complètement! Je suis devenue obsédée pendant des semaines, des mois, je suis still obsédée! »

Ce qui obsède Zoë Comeau à ce point, c’est le zine américain F***ing Trans Women sur la sexualité des femmes transgenres qu’elle a découvert en 2021. Un an après son coming-out, cette publication est devenue son guide pour explorer sa sexualité et pour mieux comprendre sa réalité de femme transgenre.

Zoë lit un zine, assise dans un café.

Zoë s'est inspirée de textes lus dans un zine américain pour écrire sa pièce de théâtre.

Photo : Radio-Canada / Gilles Boudreau

En lisant ce texte-là, j'ai juste tellement appris à propos de moi-même, à propos des femmes trans et à propos de moi-même en tant que femme trans. J'en parle à tout le monde, j'y pense tout le temps, raconte Zoë avec excitation. Le désir de partager ses nouvelles connaissances l’a poussée à créer une pièce de théâtre.

Dans cette pièce comme dans la vie, Zoë parle de sexe et de son désir ardent de contact humain. Devant un public attentif, curieux et par moments un peu gêné, elle clame avec fougue son besoin d’être touchée. Qu’il s’agisse de caresses, de bises, de baisers fougueux, de contacts sexuels ou d’une simple main sur l’épaule, elle déclame la gamme des contacts essentiels à son bien-être.

Zoë est sur une scène éclairée devant un public dans l'obscurité.

Zoë présente sa pièce devant un public captivé, mais un peu gêné.

Photo : Radio-Canada / Monique Bourque

Les difficultés liées à son coming out

Zoë avoue sa tristesse de constater qu’après sa transition, les gens, y compris ses amis et ses amants, la touchaient moins. Ses nombreuses démarches pour voir ses amis sont restées lettre morte. « Ils ont arrêté de m’appeler et de m’inviter », confie la grande brune aux cheveux ondulés.

Quand elle croise par hasard une ancienne amie, celle-ci lui avoue : on ne sait plus comment interagir avec toi depuis que tu es Zoë. Des propos durs pour la jeune femme qui a gardé le silence sur sa transidentité pendant des années par crainte d’être incomprise ou rejetée.

Zoë est très reconnaissante que sa famille et son entourage professionnel ont très bien accueilli la révélation de sa transidentité. Elle a maintenant un nouveau cercle d’amis qui l’appuient et l’aiment comme elle est.

Veux-tu pas un vagin?

Zoë se maquille devant le miroir de sa loge.

Zoë affirme son identité de genre depuis presque trois ans et se demande si elle choisira la vaginoplastie.

Photo : Radio-Canada / Gilles Boudreau

Veux-tu pas un vagin? Voilà une question qu'on pose souvent à Zoë. Pour le moment, elle ne le sait pas.

La réponse à cette question est loin d’être simple pour elle, comme pour beaucoup de femmes transgenres. Du point de vue médical, une vaginoplastie est une chirurgie complexe, qui comporte des risques. Et la jeune comédienne n’est pas certaine d’avoir la discipline requise pour entretenir le nouvel organe.

C'est qu'il faut le dilater quotidiennement et toute sa vie sinon il peut se refermer comme un piercing du nombril qui se referme si on enlève l'anneau, explique-t-elle.

Mais Zoë rêve ardemment d’avoir un vagin.

Si je pouvais dormir, me réveiller demain avec un vagin f*** yes, sign me up!!! Moi je veux pas mon pénis!! Sure, je le déteste pas, mais je le veux pas! C’est pas à moi, ça m’a jamais appartenu à moi!

Une citation de Zoë Comeau

L’intimité au-delà des insécurités

La jeune femme prône une sexualité saine, libre et décomplexée pour toustes. À travers son expérience de femme trans, elle encourage une communication ouverte pour que chaque partenaire exprime ses désirs et ses besoins.

En partageant avec franchise et vulnérabilité ses questionnements, ses doutes, ses craintes, ses connaissances et ses découvertes personnelles, Zoë espère susciter l’empathie non seulement pour les personnes transgenres mais aussi pour toute personne avec un corps qui diffère de la norme. Handicap, dysmorphie, difformité, surpoids, poids trop faible ou toute autre insécurité ou insatisfaction par rapport à son corps, son message en est un d’acceptation.

On a tous des parties de nos corps qu'on n'aime pas et heureusement avec la science et la technologie, de nos jours, on est capable de nous donner l’appui nécessaire qui, pour certains d'entre nous, nous sauve la vie.

Avant sa transition, Zoë pensait constamment à mettre fin à ses jours. Près de 3 ans après avoir affirmé son identité de genre, ses pensées suicidaires ont diminué de 90 %.

Elle a de nouveaux amis, un travail qui lui plaît et la valorise et sa pièce de théâtre a été présentée 5 fois à guichet fermé l’été dernier.

Sa confiance en elle a fait des bonds de géant malgré les défis qui persistent.

J'ai beaucoup de misère à être fière d'être trans, parce que c'est pas facile , confie-t-elle avec émotion.

Zoë se réjouit d’avoir survécu assez longtemps pour devenir la femme qu’elle est aujourd’hui. Une femme qui n’aspire qu’à être heureuse.

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