Northvolt cherche à rassurer la population à propos de son projet de méga-usine

Une usine de batteries de Northvolt située en Pologne.
Photo : Northvolt
L'entreprise suédoise Northvolt a tenu mercredi la première d'une série de séances d'information à propos de son projet de méga-usine de batteries, dont la construction est prévue à McMasterville, en Montérégie, pour la somme de 7 milliards de dollars. Un porte-parole a martelé lors d'une mêlée de presse que l'entreprise respecterait la loi québécoise sur la protection de l'environnement.
Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas [d'examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE)] qu'on ne respectera pas la loi
, a assuré ce porte-parole, Laurent Therrien.
On ne demande aucun passe-droit
, a-t-il ajouté.
Ce dernier a également reconnu l'importance d'aller à la rencontre des gens, de répondre à leurs questions
, notamment en ce qui concerne d'éventuels impacts environnementaux.
L’entreprise dit avoir été présente non pas pour convaincre les citoyens, mais plutôt pour écouter leurs préoccupations.
On est devant vous moins d’une semaine après l’annonce de notre projet […] Il faut quand même un certain courage pour se présenter devant les gens, répondre à l’ensemble de leurs questions moins de sept jours après l’annonce du plus grand projet industriel du Québec
, a souligné M. Therrien.

Northvolt a annoncé jeudi dernier la construction d'une usine spécialisée dans la fabrication de cellules de batteries lithium-ion en Montérégie. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
BAPE
Cette rencontre survient au moment où le gouvernement du Québec est sous pression pour autoriser la tenue d'une évaluation du BAPE, afin de déterminer les éventuelles retombées environnementales et climatiques de la construction de cette usine s'inscrivant dans la stratégie d'électrification des transports de la Coalition avenir Québec (CAQ).
On comprend que nous sommes sous les seuils d'un BAPE
, a soutenu le porte-parole de Northvolt, mercredi.
Le seuil pour qu'un examen du BAPE soit réalisé pour la fabrication de cathodes est passé de 50 000 à 60 000 tonnes. La future usine en produira 56 000.
Lundi, déjà, des citoyens de Saint-Basile-le-Grand, dont une partie du territoire, en plus d'une section de celui de sa voisine, McMasterville, doit servir de lieu d'installation au géant industriel suédois, ont exprimé leurs préoccupations à propos de ce projet de très grande envergure.
Les résidents présents à cette séance d’information municipale, au nombre d'environ 150, ont ainsi soulevé des inquiétudes quant à la pollution, au manque de transparence de la mairie, à la pénurie de logements ainsi qu'à la circulation routière entourant le site de l'usine, en plus de réclamer, eux aussi, une évaluation du BAPE.
Un optimisme et une inquiétude marqués
Environ 250 personnes étaient déjà présentes mercredi pour assister à la première de cette série de rencontres organisées par Northvolt.
Plus tôt durant la journée, le maire de McMasterville, Martin Dulac, avait déclaré sur les ondes d'ICI RDI qu'il était souhaitable que cette initiative aille de l'avant puisqu'il s'agit d'un projet qui est bénéfique pour la communauté
.
Nous, au conseil municipal, on est informés des tenants et aboutissants de ce projet-là depuis quelques mois et nous avons posé les mêmes questions que celles que se posent nos citoyens à l'heure actuelle. Nous avons obtenu des réponses qui étaient satisfaisantes. Alors, lorsque nos citoyens auront également ces informations, je suis convaincu qu'ils partageront notre enthousiasme
, a dit M. Dulac.

Le maire de McMasterville, Martin Dulac. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Plusieurs participants s'inquiètent non seulement des retombées environnementales, mais aussi du bruit lié à la circulation puisque jusqu'à 4000 employés devront se rendre sur le site pour y travailler une fois la construction terminée.
On a des craintes par rapport à ce projet-là, a d'ailleurs déclaré un citoyen qui s'était déplacé pour assister à la rencontre. C'est quelque chose d'immense qui va atterrir dans notre cour. Les bâtiments seront à moins d'un kilomètre de chez nous.
C'est la plus belle chose qui pourrait arriver à McMasterville... Enfin, pas juste à McMasterville, au Québec dans son ensemble
, a ajouté un autre citoyen.
On est une gang, des citoyens, avocats, une étudiante en maîtrise en environnement, des spécialistes en environnement. On n’a pas nos réponses aujourd’hui. C’est extrêmement décevant
, a affirmé de son côté une citoyenne.
Une autre résidente de Saint-Basile-le-Grand a indiqué qu’elle était venue déposer son C. V. comme infirmière de chantier.
Enfin, un résident a indiqué qu’il a assisté à la rencontre pour comprendre qui ils sont [l'entreprise Northvolt, NDLR], comment ils fabriquent leurs batteries pour voir si ce sont des craintes fondées ou non fondées
.
Une évaluation qui ne s'applique pas
Un règlement a été modifié en février par Québec pour permettre au projet Northvolt d’échapper à l’examen du BAPE, ce qui accroît la méfiance de la population.
Le premier ministre François Legault a d'ailleurs affirmé la semaine dernière qu'une telle évaluation ne s'applique pas
à Northvolt. Mais on va respecter les règles d'environnement
, a-t-il promis.
Selon des documents consultés par Radio-Canada, pas moins de 70 hectares de terres agricoles sont menacés par ce projet. Deux espèces protégées d'oiseaux fréquentent aussi le site de la future usine.
Les sols de ces terres sont classés au niveau 2 sur 7 pour leur potentiel agricole. Ce sont donc des terres de bonne qualité pour la production.
Les batteries les plus propres du monde
Toujours lors de la mêlée de presse de mercredi après-midi, le porte-parole Laurent Therrien a répété à plusieurs reprises que Northvolt souhaite produire les batteries les plus propres du monde
.
Dans ce contexte, l'utilisation de l'eau tirée de la rivière Richelieu, par exemple, sera effectuée de façon à éviter la pollution de ce cours d'eau. L'eau qui servira au refroidissement des équipements sera filtrée et ramenée à la température ambiante avant d'être rejetée dans la rivière, dit-on, alors que celle qui servira au nettoyage des minéraux utilisés dans la fabrication des batteries ne terminera jamais sa course dans la nature.

En ce qui concerne la circulation de camions occasionnée par la construction des bâtiments de l'usine, le porte-parole a estimé qu'elle atteindrait un pic variant entre 100 et 150 camions par jour
, soit moins de 1 %
des déplacements quotidiens enregistrés sur la route 116, qui longera les installations.
Une fois l'usine construite, Northvolt visera à se tourner le plus possible vers le transport par rail, le terrain étant également situé près d'une voie ferrée.
Les deux autres rencontres publiques sont prévues jeudi à Saint-Basile-le-Grand et le samedi 14 octobre, de nouveau à McMasterville.
Avec les informations de Mathieu Papillon