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Changements climatiques : les investissements du Québec à l’étranger ont-ils un effet?

Le Québec est l’une des rares provinces à financer, à son propre compte, des efforts d’adaptation aux changements climatiques à l’étranger.

Benoit Charrette et Valérie Plante applaudissent.

Le ministre québécois de l'Environnement, Benoit Charrette, assistait mardi à la conférence climatique Adaptation Futures, qui se déroule jusqu'à vendredi au Palais des congrès de Montréal, en compagnie de la mairesse, Valérie Plante.

Photo : Ivanoh Demers

Alors que se tient à Montréal la conférence climatique Adaptation Futures, Québec promet 21 millions de dollars pour soutenir des projets pour lutter contre le réchauffement du climat dans des pays en développement. Mais compte tenu de l'ampleur de la tâche, ces sommes peuvent-elles faire une différence?

Le gouvernement Legault a annoncé lundi un versement de 10 millions de dollars au Fonds pour l'adaptation de la Convention-cadre des Nations Unies (CCNUCC). À ce montant s'ajoute le financement d’une quinzaine de projets d’adaptation climatique dans neuf pays francophones d’Afrique et des Antilles à hauteur de 11 millions de dollars, déjà prévu dans son Plan pour une économie verte 2030.

Les 15 projets retenus seront réalisés en collaboration avec des organismes et établissements d’enseignement québécois au Bénin, au Burundi, en Guinée, en Haïti, au Mali, au Maroc, au Sénégal, au Togo ainsi qu’en Tunisie. Ce sont des pays identifiés comme étant particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques, précise le cabinet du ministre de l’Environnement, Benoit Charrette.

Il s’agit du quatrième appel de projets dans le cadre de ce programme qui a aujourd'hui 37 initiatives dans 12 pays francophones d’Afrique et des Antilles à son actif.

Nous mettons à profit le savoir-faire québécois pour accompagner les pays et les communautés francophones qui en ont le plus besoin, tout en contribuant à l’atteinte des objectifs climatiques internationaux.

Une citation de Benoit Charrette, ministre québécois de l'Environnement

Trop peu pour faire pencher la balance

Or, quand on tient compte de l’ampleur des besoins en adaptation climatique autant chez nous qu’à l’étranger, ces 21 millions de dollars font figure de petite monnaie de la part d'un territoire riche comme le Québec, qui fait partie de l'un des principaux pays producteurs de pétrole, de surcroît.

Selon Catherine Houbart, directrice du Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME), les pouvoirs publics et les citoyens devront débourser bien plus qu'ils ne le pensent pour faire face aux changements climatiques qui sont déjà en marche.

Un homme debout devant une épicerie sur une rue inondée. Des fruits et d'autres débris gisent autour de lui.

Les pluies diluviennes et les inondations se font de plus en plus fréquentes dans le monde comme ici à Hong Kong, le 8 septembre dernier.

Photo : afp via getty images / BERTHA WANG

Juste pour vous donner un exemple, au GRAME, on a réalisé une activité de déminéralisation de 110 mètres carrés d’asphalte et l’installation de deux jardins de pluie, pour récupérer l’eau de pluie, et un seul projet comme celui-là, ça a coûté 150 000 $.

Onze millions pour 15 projets à l’étranger, c’est sûr que ce n’est pas beaucoup.[…] Par contre, c’est quand même une responsabilité que le Québec prend à l’égard de la communauté internationale et qu’il n’est pas obligé de prendre, souligne la directrice du GRAME.

À l'issue de la COP26 à l’automne 2021, les experts de l’ONU estimaient les coûts annuels d’adaptation au climat des pays en développement à 300 milliards de dollars en 2030 et à 500 milliards en 2050 si les objectifs d’atténuation ne sont pas atteints d’ici là.

Leadership climatique

Le Québec est en effet l’une des rares provinces canadiennes, sinon la seule, à financer, à son propre compte, des efforts d’adaptation aux changements climatiques à l’étranger. Seuls quelques gouvernements intranationaux font de même dans le monde, dont celui de l’Écosse et de la Wallonie, en Belgique.

Le Québec comme nation autonome assume un leadership qu’on peut saluer et ce projet-là est massivement financé par les retombées du marché de la Bourse du carbone, qui est une autre initiative québécoise.

Une citation de Catherine Hobart, directrice du Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement

Pour elle, il est important de ne pas négliger la valeur, même symbolique, de ces projets concrets et l’effet d’entraînement qu’ils peuvent avoir dans les communautés soutenues, sans compter le rayonnement international des organismes et institutions québécoises qui y participent.

Chez Greenpeace Canada, on salue également l’implication du Québec à l’étranger, surtout pour venir en appui aux pays en développement qui sont ceux qui seront en première ligne face aux changements climatiques, souligne Salomé Sané, responsable de la campagne climat.

Mais il faudra faire beaucoup plus, prévient-elle. Dix millions de dollars dans le fonds d’adaptation [CCNUCC] alors que les coûts annuels d’adaptation dans les pays en développement, d’après l’ONU, sont estimés à 70 milliards de dollars américains… C’est un début, mais c’est largement insuffisant, soutient-elle.

Si le Québec veut être un vrai leader climatique, il faut vraiment mettre de l’argent sur la table.

Une citation de Salomé Sané, chargée de campagne climat chez Greenpeace Canada

Le Québec, qui fait aussi partie d’un pays pollueur et exportateur de pétrole, a une responsabilité morale à assumer envers les pays en développement qui, eux, ont peu contribué au réchauffement climatique, rappelle Greenpeace Canada.

Des manifestants tiennent une banderole sur le campus de l'UQTR.

Les pays riches peuvent mettre beaucoup plus de moyens en œuvre pour contrer les effets des changements climatiques que les pays émergents ou en développement dont les ressources sont limitées ou détournées.

Photo : Radio-Canada / Camille Carpentier

Payer sa juste part

Selon une projection du Réseau Action Climat réalisée en 2020, la juste part que le Canada devrait verser aux pays en développement en matière d’adaptation aux changements climatiques équivaut à quatre milliards de dollars américains par année.

Or, avant de verser plus de quatre milliards de dollars par année à l’étranger, nos gouvernements, Québec y compris, ont encore beaucoup de devoirs à faire dans leur propre cour, diront certains.

C’est le cas de Catherine Houbart pour qui la vraie grosse nouvelle qu’on attend du gouvernement du Québec et qu’il aurait été très opportun d’annoncer lors d’une conférence sur l’adaptation aux changements climatiques, c’est la conclusion du pacte vert que réclament avec insistance les municipalités pour faire face aux effets des changements climatiques ici, sur leur territoire.

Charité bien ordonnée commence par soi-même, dit le dicton.

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