Première américaine : le président de la Chambre des représentants est destitué

Le représentant républicain Kevin McCarthy au Capitole de Washington après avoir été destitué de la présidence de la Chambre des représentants.
Photo : Reuters / JONATHAN ERNST
C'est un événement politique complètement inédit : Kevin McCarthy est devenu mardi le premier président de la Chambre des représentants à être évincé de son poste dans l'histoire des États-Unis.
La motion en destitution qu'avait promis de déposer Matt Gaetz, un élu de la droite rigoriste américaine, a été adoptée à 216 voix contre 210. Les 208 élus démocrates, auxquels se sont ajoutés 8 élus républicains, ont appuyé la motion. Les 210 autres élus républicains ont voté contre.
La course est maintenant ouverte pour l’élection d’un nouveau président et Kevin McCarthy ne compte pas se présenter à sa propre succession, a-t-il confirmé.
En point de presse mardi soir, M. McCarthy a indiqué n'avoir aucun regret d'avoir négocié un accord budgétaire bipartisan, ce que lui reprochent des élus républicains plus radicaux. Le gouvernement est conçu pour trouver des compromis
, a-t-il énoncé.

L'ex-président de la Chambre des représentants Kevin McCarthy en conférence de presse quelques heures après sa destitution
Photo : Reuters / JONATHAN ERNST
Je me suis battu pour ce en quoi je crois. Je pense pouvoir continuer la lutte, mais peut-être autrement.
Le représentant républicain Patrick McHenry, un allié de Kevin McCarthy à la Chambre, a été désigné président temporaire jusqu'à l'élection d'un nouveau titulaire.
La manœuvre procédurale de destitution a été très rarement utilisée dans l'histoire politique américaine. La dernière occurrence remontait au 17 mars 1910.
Comment Kevin McCarthy a-t-il mis son poste en péril?
Les républicains ont décroché une mince majorité à la Chambre des représentants (221 républicains, 212 démocrates) à l'issue des élections de mi-mandat de novembre 2022. L’arrivée du républicain Kevin McCarthy à la présidence de la Chambre des représentants ne s’est pas faite dans le calme. Le 7 janvier dernier, il a été élu après 15 tours de vote et plusieurs jours de tractations, de vifs débats et de concessions.
La fin de semaine dernière, l’aile droite des républicains a été frustrée de la tournure des négociations sur le budget de l’administration fédérale. Elle réclamait une forte réduction des dépenses, notamment en écartant tout crédit additionnel pour de l'aide militaire et humanitaire à l'Ukraine. Les députés trumpistes estimaient que les fonds devaient plutôt être alloués à la gestion de la crise migratoire aux États-Unis.
Après moult tractations, Kevin McCarthy, qui présidait toujours la Chambre des représentants, a renoncé à plusieurs de ces demandes et s’est plutôt appuyé sur les démocrates pour arriver, samedi soir dernier, à un accord bipartisan qui a permis à Joe Biden de signer un projet de loi de financement temporaire et d'éviter une paralysie gouvernementale. Le projet de loi financera le gouvernement jusqu'au 17 novembre.
La paralysie de l’État fédéral était évitée, mais une lutte fratricide républicaine était ouverte.
Avec les informations de CNN, New York Times et Reuters