Des locataires du nord de Toronto refusent à leur tour de payer leur loyer

Addila Safi habite dans un des deux immeubles depuis une quinzaine d'années.
Photo : Radio-Canada / Spencer Gallichan-Lowe/CBC
À Toronto, un nombre croissant de locataires ont refusé de payer leur loyer en ce dimanche, premier du mois, rejoignant ainsi des centaines de citoyens de la ville qui font de même en signe de protestation contre des hausses de loyer dépassant les directives provinciales.
Plus de 100 locataires situés aux adresses 1440 et 1442 de l'avenue Lawrence Ouest à North York se joignent à ce mouvement de contestation dans l'espoir que l’entreprise propriétaire, Barney River Investments, répare les ascenseurs, désinfecte régulièrement les surfaces fréquemment touchées et fournisse des traitements contre les vermines telles les punaises de lit, entre autres.
C'est trop. Ce n'est pas gérable. C’est impossible
, a déclaré Addila Safi, qui habite dans un des immeubles.
Mère de deux enfants, Mme Safi doit avoir deux emplois pour joindre les deux bouts, et elle réside dans cet immeuble depuis environ 15 ans. Elle affirme que son loyer a augmenté de 900 $ à 1400 $ au cours des dernières années.
Ces locataires se joignent à des centaines de résidents de Toronto qui refusent de payer leur loyer depuis plusieurs mois, principalement pour protester contre les hausses de loyer au-dessus des directives provinciales et les coûts de location en constante augmentation dans la ville.
Des problèmes urgents
Si l'objectif immédiat est de faire pression sur les propriétaires pour qu'ils reviennent sur les augmentations illégales et s'occupent des problèmes urgents dans leurs immeubles, l'objectif à plus long terme est d'obtenir une solution durable de la part de la province, selon le York South-Weston Tenants Union [Syndicat des locataires de York South-Weston, traduction libre], qui contribue à l'organisation des actions de protestation.
Ils doivent prendre notre douleur au sérieux
, a déclaré Yogesh Katri, membre du syndicat.
CBC Toronto avait sollicité des commentaires de Barney River Investments, mais n'avait pas eu de réponse au moment d'écrire ces lignes.
De nombreux plaignants attendent des semaines sans réponse de la direction, a expliqué M. Katri. Et lorsqu'ils obtiennent une réponse, les problèmes ne sont souvent pas résolus, a-t-il ajouté.
Ils attendent longtemps. Il ne se passe rien
, a souligné M. Katri.

Les locataires refusent de payer leur loyer.
Photo : Radio-Canada / Spencer Gallichan-Lowe/CBC
Mylene Morada affirme que les punaises de lit sont devenues monnaie courante. Elle ajoute que des poubelles jonchent les couloirs.
Quoi qu'ils fassent comme réclamation, peu de choses sont faites pour résoudre les problèmes, a-t-elle dit.
Le syndicat affirme que la situation est devenue si mauvaise que Postes Canada a affiché un avis indiquant qu'ils ne livreraient pas le courrier à l'un des immeubles en raison de préoccupations liées à la santé et à la sécurité des facteurs.
Ils ne répondent pas [à qui que ce soit], et c'est tellement frustrant pour les locataires
, a déclaré Mme Morada. Nous payons cher, mais je suppose que les services de gestion laissent à désirer.
Un mouvement qui prend de l’ampleur
Des locataires des adresses 33, rue King et 22, rue John dans le secteur de York et d'un complexe du quartier Thorncliffe Park participent également à cette action collective, citant un entretien médiocre et des augmentations au-dessus des lois.
Faisal Hassan, ancien député provincial de York South-Weston, présent à la manifestation de dimanche, a déclaré que les locataires concernés sont souvent des travailleurs de première ligne, des travailleurs au salaire minimum et des immigrants.
Ce sont des gens bien, ils travaillent dur, ils contribuent beaucoup
, a déclaré M. Hassan. Tout ce qu'ils demandent, c'est un loyer équitable.
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Selon l'avocat Jordan Donich, la fréquence à laquelle les locataires refusent collectivement de payer leur loyer est révélatrice.
C'est vraiment un symptôme d'un problème plus vaste, ou d'une défaillance du système, qui doit s'occuper de certaines personnes et de leurs conditions de vie
, a expliqué Me Donich.
Il ajoute que les conflits entre propriétaires et locataires ont été exacerbés au fil des ans. Bien que de telles actions de protestation collective puissent attirer l'attention sur le problème, cela ne signifie pas qu'elles vont résoudre sa racine, a-t-il dit, car elles finiront probablement devant la Commission de la location immobilière.
À long terme, la solution réside dans des changements de politique, comme la construction de logements locatifs abordables, a-t-il déclaré.
Ce dont nous avons vraiment besoin, c'est d'un leadership du gouvernement
, a conclu Me Donich.
Avec les informations de Vanessa Balintec de CBC