Des manifestants réunis à Montréal en solidarité avec les Arméniens du Haut-Karabakh

Des membres de la communauté arménienne réunis lors d'une manifestation ont demandé à Ottawa d'agir face à la situation au Haut-Karabakh.
Photo : Radio-Canada / Simon Martel
L’Union des communautés arméniennes du Québec a organisé dimanche un rassemblement à la place du Canada, au centre-ville de Montréal, en signe de solidarité avec les Arméniens qui ont fui le Haut-Karabakh depuis le 19 septembre.
Plus de 100 000 personnes ont quitté cette région depuis la capitulation des séparatistes arméniens en raison d'une attaque-surprise de l’Azerbaïdjan, il y a près de deux semaines.
À Montréal, les manifestants rassemblés ont dénoncé le retour des forces de Bakou au Haut-Karabakh.
Georges Tsovikian est un des organisateurs de cette manifestation. Il critique le gouvernement du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, qui, avant l'attaque, avait instauré un blocus qui a empêché le ravitaillement du Haut-Karabakh pendant dix mois.
En Arménie, les Arméniens ont vécu une agression armée. Avant cela, ç'avait été 10 mois de blocus, donc sans nourriture, sans médicaments. Donc déjà, leur état de santé était très fragile, et avec l’agression armée qui a duré 24 heures, ils ont décidé de simplement quitter avant de revivre le massacre total
, explique-t-il.
Il espère que ce rassemblement poussera le gouvernement canadien à agir pour sanctionner l’Azerbaïdjan.
On peut tweeter et faire des communiqués comme on veut, à la fin de la journée, une dictature comme la dictature Aliev a besoin de conséquences, et de vraies conséquences, c’est vraiment avec des sanctions.
Il organise également une collecte de fonds pour venir en aide aux réfugiés.

Plusieurs personnes ont pris la parole lors de la manifestation organisée à Montréal dimanche en signe de soutien au Haut-Karabakh.
Photo : Radio-Canada / Simon Martel
Shant Karabajack, un membre de l'Union des communautés arméniennes du Québec, accuse également Ottawa d'inaction.
Le gouvernement du Canada a toutes les capacités légitimes d’agir avec des sanctions dans ce domaine. Il ne l’a pas fait pour des questions géopolitiques
, a-t-il déclaré lors d'un discours.
Il a également lu une lettre à l'intention de la ministre fédérale des Affaires étrangères, Mélanie Joly, pour l'exhorter à agir.
Des rassemblements aussi en Europe
Des milliers de personnes venues de France, de Belgique, des Pays-Bas et d'Allemagne se sont également rassemblées à Bruxelles, en Belgique, dimanche, pour dénoncer la situation des réfugiés du Haut-Karabakh.
Réunis au rond-point Robert-Schuman, dans le quartier européen, les manifestants ont notamment critiqué la réaction de l’Union européenne face à cette crise. Ils ont accusé Bruxelles de complicité avec le gouvernement de l’Azerbaïdjan.

Près de 10 000 personnes se sont rassemblées à Bruxelles dimanche pour manifester, selon les organisateurs.
Photo : afp via getty images / Simon Wohlfahrt
Une manifestation a également eu lieu à Athènes, en Grèce. Des centaines de personnes se sont rassemblées devant le parlement grec pour protester contre la reprise du pouvoir par Bakou au Haut-Karabakh.
Le Haut-Karabakh vidé de ses habitants
Le 19 septembre dernier, une attaque-surprise de l'Azerbaïdjan pour reconquérir le Haut-Karabakh a mené à la capitulation des séparatistes arméniens qui contrôlaient le territoire depuis 30 ans.
L'offensive a duré 24 heures. Les forces séparatistes ont finalement capitulé et accepté un accord de cessez-le-feu qui prévoit le début de discussions pour la réintégration du Haut-Karabakh au sein de l'Azerbaïdjan.
Depuis, 100 000 des 120 000 habitants de cette enclave à majorité arménienne ont fui le territoire par crainte de représailles des autorités azerbaïdjanaises.

Le Haut-Karabakh s'est vidé de sa population après la capitulation des séparatistes arméniens.
Photo : afp via getty images / Emmanuel Dunand
Le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliev, a pour sa part déclaré que les droits des Arméniens qui habitent ce secteur seraient respectés.
Il doit rencontrer le premier ministre arménien Nikol Pachinian jeudi prochain en Espagne pour tenter de régler leurs différends.
Une mission de l’Organisation des Nations unies est arrivée sur place dimanche pour évaluer les besoins humanitaires, selon un porte-parole de la présidence azerbaïdjanaise. Il s'agit de la première mission de l'ONU sur ce territoire en 30 ans.
Avec les informations de Gabrielle Proulx, de l’Agence France-Presse et de Reuters