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Ex-soldat d’une unité nazie : la famille ignorait qu’il serait honoré, dit une amie

Un vieil homme est assis au milieu d'autres personnes, les yeux fermés.

Yaroslav Hunka, à droite, est assis dans la galerie des invités de la Chambre des communes et attend l'arrivée du président ukrainien Volodymyr Zelensky le 22 septembre 2023. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Patrick Doyle

Radio-Canada

Une amie de longue date affirme que la famille Hunka n'était pas au courant que Yaroslav Hunka, 98 ans, serait honoré la semaine dernière aux Communes devant le président ukrainien. Cet incident a déclenché une controverse internationale.

Barb Bonenfant, de North Bay, en Ontario, a transmis à CBC News le message qu'elle a reçu de la belle-fille de M. Hunka après le début de la tempête médiatique. Elle a dit que sa famille était choquée par ce qui s'est passé, a fait savoir Mme Bonenfant. Si elle et son mari avaient eu la moindre idée de ce qui allait se passer, ils n'auraient jamais emmené cet homme de 98 ans à Ottawa.

Or, selon le bureau du président de la Chambre des communes, le fils de M. Hunka aurait lui-même demandé que son père y assiste.

Des résidents de North Bay disent qu'ils aimeraient en savoir davantage sur le passé de M. Hunka.

De plus, un expert qui habite dans le Nord de l’Ontario se demande pourquoi des criminels de guerre potentiels y vivent.

Invité

Anthony Rota, qui a invité M. Hunka à assister à la visite de M. Zelensky au Canada, a démissionné de son poste de président de la Chambre des communes en raison de cette controverse. M. Rota est aussi le député local de M. Hunka dans la circonscription de Nipissing-Timiskaming.

M. Rota a déclaré qu'il n'était pas au courant du passé de M. Hunka. Celui-ci a été membre de la Division SS Galicie, une unité de volontaires sous le commandement nazi de la Waffen-SS.

Le bureau du président de la Chambre des communes a indiqué que le fils d'Hunka a contacté le bureau de circonscription de Rota et a demandé s'il serait possible pour M. Hunka d'assister au discours du président Zelensky à la Chambre des communes. Le bureau du président a précisé qu'il avait accepté cette demande. De son côté, le bureau de circonscription de M. Rota a affirmé que sa politique consistait à transmettre toutes les invitations au bureau du président de la Chambre des communes.

Or, Mme Bonenfant a déclaré que la belle-fille de Yaroslav Hunka lui avait envoyé un message dimanche disant que leur famille était sous le choc.

Un portrait de Barb Bonenfant.

Barb Bonenfant habite North Bay, en Ontario.

Photo : Radio-Canada / Olivier Hyland/CBC

Ils pensaient simplement qu'il serait dans la même pièce que le président [ukrainien]. Ils ne savaient pas que sa présence allait être mise en évidence.

Une citation de Barb Bonenfant

La famille se terre ici, à North Bay, a-t-elle confié. Je suis certaine qu'ils ont peur de montrer leur visage.

Criminels de guerre potentiels

Pourquoi des criminels de guerre ou des criminels de guerre potentiels vivent-ils ici au Canada en tant que membres de notre communauté immigrée? s’interroge le professeur de science politique David Tabachnick, de l'Université de Nipissing. C’est ça, la question la plus pressante. Je pense que c'est assez révélateur pour [plusieurs personnes] qui ne connaissent vraiment pas ce pan de l’histoire.

M. Tabachnick a souligné que la famille Hunka était assez connue dans la communauté, certains ayant joué des rôles importants, entre autres dans le monde des affaires, dans des œuvres de charité locales et lors de collectes de fonds.

Non seulement la réputation d'Anthony Rota est endommagée, mais la réputation de cette famille est endommagée elle aussi. Nous pourrions ne pas ressentir beaucoup de sympathie pour un ancien membre de cette unité SS, mais il a des enfants, des petits-enfants, des amis et de la famille ici dans la communauté, et beaucoup d'entre eux ne connaissaient probablement pas son passé.

Le professeur Tabachnick note que North Bay n'est pas traditionnellement une circonscription libérale mais que M. Rota avait été élu en raison de ses profondes racines locales en tant que député, ancien conseiller municipal et homme d'affaires, en plus de son travail à l'Université.

Une pancarte au nom d'Anthony Rota.

Une pancarte du député local Anthony Rota au bord d'une route près de North Bay.

Photo : Radio-Canada / Olivier Hyland/CBC

Excuses personnelles

Larry Fuld, membre de la petite communauté juive de North Bay, a perdu des proches pendant l'Holocauste. Il a souligné que les mots nazi et SS évoquent des images horribles.

Or, M. Rota l'a appelé dimanche pour s'excuser personnellement, dit-il. Il a expliqué qu'il avait fait une erreur, que M. Hunka avait été présenté aux Communes et qu’il ne connaissait pas son passé, a indiqué M. Fuld. Et il regrette toute cette histoire, il regrette toute douleur ou gêne qu'il a causée à la communauté juive.

M. Fuld a accepté ses excuses. Selon lui, il n’y avait rien d’intentionnel dans les actions de M. Rota. Il ajoute qu'il a rencontré M. Rota il y a environ 20 ans lors d'une collecte de fonds à la synagogue et qu'il le considère comme un ardent partisan d'Israël.

Un portrait de Larry Fuld.

Larry Fuld affirme qu'il a accepté les excuses d'Anthony Rota.

Photo : Radio-Canada / Olivier Hyland/CBC

Justin Trudeau doit-il en faire plus?

À North Bay, de nombreux membres de la communauté ont déclaré qu'ils estiment que M. Rota a commis une grave erreur et qu'il a bien fait de démissionner mais qu'il ne devrait pas porter le blâme seul.

Hana et Ivan Srut ont fui la Tchécoslovaquie en 1968 en raison de l’occupation soviétique et ont immigré au Canada. Ils ont été propriétaires d’un restaurant local pendant des décennies. MM. Hunka et Rota l’ont fréquenté, disent-ils.

Les Srut affirment qu’ils ne savaient rien du passé de M. Hunka.

[Justin Trudeau] devrait assumer plus de responsabilités, selon eux. Si des soldats commettent une erreur, le général est responsable. Le général devrait porter la responsabilité de ses soldats.

Un portrait de Hana et Ivan Srut.

Hana et Ivan Srut ont été propriétaires d'un restaurant à North Bay.

Photo : Radio-Canada / Olivier Hyland/CBC

Ils se demandent d’ailleurs pourquoi le Bureau du protocole du Canada ne fait qu’une simple vérification du casier judiciaire des gens qui assistent à de telles cérémonies.

Et, comme M. Tabachnick, ils voudraient savoir pourquoi M. Hunka est autorisé à vivre au Canada.

Embarras profond

Le premier ministre Justin Trudeau a présenté ses plus sincères excuses du Parlement mercredi en raison de l’hommage rendu vendredi dernier. Les parlementaires avaient alors fait une ovation au vétéran ukrainien de la Seconde Guerre mondiale sans savoir que celui-ci avait combattu pour l'Allemagne nazie. Le premier ministre a aussi affirmé que cet incident a causé un embarras profond.

De plus, M. Trudeau a déclaré que le Canada a contacté Kiev par le truchement de canaux diplomatiques pour présenter des excuses au président Volodymyr Zelensky.

B'nai Brith Canada et les Amis du Centre Simon Wiesenthal pour les études sur l'Holocauste réitèrent leurs appels de longue date au gouvernement fédéral pour faire déclassifier des documents secrets sur les criminels de guerre nazis présents au Canada.

M. Fuld est d’accord avec ces demandes et ajoute que le passé de M. Hunka devrait être dévoilé pour le bien de tous.

Ou bien il devrait être blanchi et nous devrions savoir qu'il a immigré ici en bonne et due forme et qu'il n'y a rien dans son passé, ou bien nous devrions découvrir qu'il y a quelque chose et que les autorités compétentes vont s'en occuper, conclut-il.

Cette semaine, le ministre de l'Immigration, Marc Miller, a déclaré que le Canada a une histoire très sombre avec les nazis au Canada et qu'il pourrait réexaminer les demandes de divulgation de documents.

Avec les informations d'Ashley Burke, de CBC

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