Crise diplomatique au Parlement : l’heure des leçons pour le gouvernement Trudeau

Steven MacKinnon, whip du gouvernement Trudeau
Photo : Radio-Canada
Le gouvernement de Justin Trudeau sort d'une semaine éprouvante sur le plan diplomatique à la suite de l'ovation et de la reconnaissance controversées, dans l'enceinte du Parlement canadien, d'un vétéran ukrainien membre d'une unité nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.
En entrevue aux Coulisses du pouvoir sur ICI Radio-Canada, le whip du gouvernement, Steven MacKinnon, dresse le bilan d’un épisode difficile pour les parlementaires.
Ce ne fut pas la meilleure journée pour la présidence de la Chambre des communes et il [Anthony Rota] en a payé le prix.
Après l'admission de l'erreur commise, des débats houleux, la démission du président de la Chambre Anthony Rota et les excuses diplomatiques du premier ministre Trudeau, l'heure est au bilan pour le gouvernement libéral.
Pour Steven MacKinnon, la responsabilité de cette faute a été assumée et le gouvernement souhaite passer à autre chose
.
M. MacKinnon souligne que les débats sont allés très loin
. Les conservateurs ont notamment remis en doute le processus de vérification des antécédents des invités au sein de la Chambre. Le Bloc, lui, a réclamé des excuses personnelles de Justin Trudeau.

Anthony Rota en train d'annoncer sa démission à titre de président de la Chambre des communes, le 26 septembre 2023.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Des leçons pour la prochaine présidence
Pour réparer les dommages, même si le gouvernement s'est engagé dans de nombreuses activités diplomatiques
–auprès du président Zelensky, notamment –, un exercice collectif demeure pour les députés.
Chacun de notre côté, dans nos circonscriptions, nous avons des plaies à panser à la suite de ce qui est arrivé, notamment auprès des anciens combattants
, souligne Steven MacKinnon.
Une des leçons à tirer de la bavure diplomatique de la dernière semaine concerne la prise de parole en cas de reconnaissance d’un invité par le prochain président de la Chambre.
M. MacKinnon est formel : si le président dispose d’une grande discrétion
pour ce qui est du choix des invités et de ses prises de parole, une vérification supplémentaire sera effectuée pour éviter une autre bavure.
Le prochain président va avoir appris une leçon et on peut être sûr que de futurs présidents ou présidentes de la Chambre des communes vont faire une vérification supplémentaire lorsqu’ils décideront de présenter un invité à l'ensemble des parlementaires.
Quant à l’avenir du président déchu de la Chambre, Anthony Rota, aussi député de Nipissing-Temiskaming, il conserverait sa place et il demeure le bienvenu
au sein du caucus libéral. Le whip libéral l’assure : il dispose déjà d'une place assignée
dans la Chambre des communes.
Dès la démission du président Rota, des noms issus de tous les partis se sont fait entendre dans les corridors de la Chambre des communes en vue de sa succession.
Les députés libéraux Alexandra Mendès, Greg Fergus, Sean Casey et Peter Schiefke ont déjà confirmé leur intérêt.
Chez les partis d’opposition, on trouve le conservateur Chris d’Entremont, la députée du NPD Carol Hughes ainsi qu’Elizabeth May, la cheffe du Parti vert.

Peu de temps après la démission d'Anthony Rota, plusieurs noms de députés ont circulé en coulisses en vue de le remplacer. De gauche à droite : Alexandra Mendès, Chris d'Entremont, Greg Fergus et Carol Hughes.
Photo : La Presse canadienne
Les parlementaires choisiront leur prochain président lors d’un vote secret qui aura lieu mardi prochain.
Vers une déclassification des documents de la commission Deschênes?
La présence du vétéran ukrainien Yaroslav Hunka au sein du Parlement – le cœur de la controverse – a relancé une demande de déclassification de documents historiques liés à la Seconde Guerre mondiale. Cette demande a été appuyée par 18 organisations juives et de la société civile.
En 1985, la commission Deschênes avait été chargée d'enquêter sur la présence présumée au pays de criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale ayant trouvé refuge au Canada. Son rapport n’a jamais été publié dans son intégralité.
Les guerres laissent des traces, des cicatrices. Ça dure très très longtemps, comme on l'a vu cette semaine, et ça nous ramène à une réflexion que nous devons évidemment mener sur ces questions-là. Je pense que chacun de notre côté, nous allons la faire.
Déjà, une commission de la Chambre des communes chargée d'étudier le système d'accès à l'information du Canada recommandait que tous les documents soient rendus publics dans leur intégralité après 25 ans.
En marge d’une mêlée de presse mercredi, le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, a soulevé cette possibilité.
Il y a eu un moment, dans notre histoire, où il a été plus facile d'entrer au Canada en tant que nazi qu'en tant que Juif. Je pense que c'est une histoire que nous devons régler
, avait déclaré mercredi le ministre Miller.