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Vérité et réconciliation : l’avenir passe par les jeunes Autochtones

Des jeunes qui portent des chandails orange tiennent des ballons dans leurs mains.

Bien que le chemin pour parvenir à une véritable réconciliation soit long, sinueux et semé d’embûches, des membres des communautés autochtones constatent néanmoins des progrès. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Béatrice Rooney

Radio-Canada

Vérité et réconciliation : ces deux mots sont lourds de sens pour plusieurs membres des Premières Nations. Bien que le chemin pour atteindre une véritable réconciliation soit long, sinueux et semé d’embûches, des membres des communautés autochtones constatent des progrès.

Pour Kathia Rock, les horreurs vécues par les enfants dans les pensionnats et par les peuples autochtones sont lourdes à porter et mènent davantage à la réflexion qu'à la célébration.

La vérité, c’est pour comprendre ce qui s’est passé. La réconciliation? Qui a inventé ce mot? On va toujours se le demander, lance Kathia Rock, une artiste multidisciplinaire innue du Québec.

La chanteuse et conteuse innue Kathia Rock, sur scène, chantant et jouant du teweikan.

La chanteuse et conteuse innue Kathia Rock

Photo : Francis Di Salvio - Photo offerte par Kathia Rock

En tant qu’artiste et femme, je me dois d’en parler. On nous a enlevé le droit de chanter, le droit de danser. La loi 101 au Québec a fait très mal à ma langue. Mais ça commence à changer. Nous sommes de grands patients, dit-elle.

Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

Consulter le dossier complet

A child stands by a wall of "Every Child Matters" artwork during the National Day for Truth and Reconciliation in Ottawa on Sept. 30, 2021. (Sean Kilpatrick/Canadian Press.)

Terry Richardson, chef de la Première Nation de Pabineau, près de Bathurst, au Nouveau-Brunswick, indique pour sa part que la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation sert surtout à se souvenir des enfants qui ne sont plus avec nous.

Toute une génération a disparu. Ce n’est pas une bonne histoire pour le Canada et c’est une histoire qu’on n’oubliera pas.

Une citation de Terry Richardson, chef de la Première Nation de Pabineau

Des émotions complexes

Naiomi Metallic, avocate et professeure à l’Université Dalhousie, admet que cette journée lui fait vivre des émotions complexes.

C’est une question de respect. Ce n’est pas seulement porter un t-shirt orange le 30 septembre, dit Mme Metallic, qui est originaire de la Première Nation listuguj, près de Campbellton.

Naiomi Metallic déplore aussi l'esprit colonialiste qui sévit encore dans les politiques et au sein des gouvernements.

Membre de la Première Nation malécite à Edmundston, dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick, Jessica Gagnon accorde pour sa part énormément d’importance à la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Même si sa communauté n’a pas vécu les mêmes affres historiques, elle ne laisse pas tomber ses frères et ses sœurs victimes d’assimilation et de génocide, confesse-t-elle.

Jessica Gagnon.

Jessica Gagnon, membre de la Première Nation malécite du Madawaska, a appris son histoire en faisant ses propres recherches.

Photo : Radio-Canada

Nous sommes la voix des victimes, des survivants et des enfants qui ne sont jamais rentrés chez eux. C’est aussi pour parler de notre histoire, de notre vécu et de qui nous sommes, explique Mme Gagnon, qui enseigne la culture et l’histoire autochtones dans sa communauté.

Un gouvernement hostile

Selon Terry Richardson, la réconciliation fait son bout de chemin dans la Première Nation de Pabineau malgré la présence d’un gouvernement provincial hostile aux Autochtones et d’un premier ministre détaché de l’histoire.

Terry Richardson.

Le chef de la Première Nation de Pabineau, Terry Richardson. (Photos d'archives)

Photo : CBC / Jacques Poitras

Le gouvernement sort ses gilets orange une journée et dit que c’est de la réconciliation. Ce n’est pas de la réconciliation, ça. Ça prend des actions pour unir les francophones et les anglophones, le nord et le sud, les Autochtones et les non-Autochtones. Mais nous avons un gouvernement qui nous divise, regrette-t-il en rappelant que plusieurs approches de réconciliation chez lui ont fonctionné sans l’apport de la province.

Il prétend que les relations avec le gouvernement provincial se sont grandement dégradées depuis l’arrivée de Blaine Higgs au pouvoir. Il croit même que la situation est dangereuse puisque le premier ministre sème la division, comme aux États-Unis.

Il est spécial. C’est dur de travailler avec un gouvernement qui ne veut pas travailler avec le monde. Les bons gouvernements font unifier les communautés. Avec Higgs, c’est sa façon et rien d’autre. Nous ne sommes jamais à la table de négociations avec lui. On travaille donc sans lui, indique le chef de la Première Nation de Pabineau.

Apprendre sa propre histoire

Jessica Gagnon a appris par elle-même son histoire. Elle a lu des choses horribles sur les pensionnats pour Autochtones. C’était dur, admet-elle, mais nécessaire.

Je me suis éduquée moi-même, j’ai fait mes propres recherches. Ma mission est d’éduquer les prochaines générations, clame-t-elle en incitant les gens à en connaître davantage sur la vie autochtone en assistant à des activités de la communauté.

Changer les mentalités sera long, admet la conteuse et chanteuse innue Kathia Rock. Comme un cheval de course auquel on demande de faire autre chose, image-t-elle.

Mon plus grand rêve serait d’avoir quatre jours de célébrations du 21 au 24 juin, comme les Québécois ont le 24 juin et les Acadiens le 15 août. Je rêve de voir mes frères et mes sœurs sortir, partager et ouvrir nos portes pour nous raconter.

Une citation de Kathia Rock

Aux jeunes de conserver la culture et la langue autochtones

Les jeunes commencent à comprendre la contribution autochtone, précise Terry Richardson. Et c’est avec eux que les peuples autochtones conserveront leur culture et leur langue, croit-il.

On a reçu des autobus de jeunes. On les a amenés à goûter à notre culture, on a chanté, on a dansé, on a mangé. Quand tu perds ta culture et ta langue, tu perds ton identité. C’était rafraîchissant de parler à ces jeunes, de les voir porter un chandail orange parce qu’il s’était passé quelque chose de mauvais. Pourquoi ne parle-t-on pas de notre histoire comme on parle de l’histoire acadienne dans les écoles?

Une affiche avec un dessin de t-shirt qui porte la mention «Chaque enfant compte» en anglais.

Le 30 septembre, Ottawa encourage chaque Canadien à porter des vêtements orange pour rendre hommage aux milliers de survivants des pensionnats pour Autochtones.

Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat

La question de la vérité et de la réconciliation demeurera toutefois en suspens tant qu’un gouvernement élu ne voudra pas la reconnaître, ajoute Naiomi Metallic. Pour y arriver, les gouvernements du pays devront notamment appuyer et appliquer les recommandations de la Déclaration des Nations unies pour les peuples autochtones, analyse-t-elle.

Nous sommes un peuple ouvert, accueillant, on aime rire, on aime recevoir, on passe à l’action avec les gens. Nous sommes une grosse gang. On a été là, on est là et on va rester là. Il faut maintenant tourner la page et avancer pour embellir demain.

Une citation de Kathia Rock

Avec des informations de l’émission Michel le samedi et de Janic Godin

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