Le mât totémique de la Nation Nisga’a revient à la maison après près de 100 ans d’absence

Le totem de la Nation Nisga'a a été rapatrié dans le village de Laxgalts’ap, en Colombie-Britannique, le 29 septembre 2023.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Après un voyage de près de 7000 kilomètres, le mât totémique de la Nation Nisga’a, en Colombie-Britannique, qui était exposé au Musée national d’Écosse, est finalement de retour à la maison. Des centaines de personnes ont assisté aux célébrations de ce geste de réconciliation.
Peu après 9 h vendredi, le mât totémique a fait son arrivée par la route au Musée Nisga’a du village de Lax̱g̱altsʼap, suivi d’un cortège de voitures.
Dès que je l’ai vu arriver, je me suis sentie soulagée et en paix
, a déclaré Amy Parent, titulaire de la chaire de recherche du Canada en gouvernance autochtone et en éducation à l’Université Simon Fraser, à Vancouver.
Le rapatriement du totem Nisga’a est le fruit de quatre ans d’efforts de la part de la chercheuse.

Le totem était exposé au Musée national d'Écosse à Edinburgh depuis 1930. Il a finalement été rapatrié dans le village de Laxgalts’ap, en Colombie-Britannique le 29 septembre 2023.
Photo : Radio-Canada / Francis Plourde
Chaque fois que nous vivons un succès comme celui-ci, c’est un pas de franchi pour tous les peuples autochtones. J’espère que cela inspirera d’autres institutions coloniales à des gestes de réparation.
Le sous-ministre des Relations Couronne-Autochtones, Daniel Quan-Watson, qui a accompagné la Nation Nisga'a dans ses efforts de ramatriement
, croit aussi que malgré les défis, l'exemple de la Nation fera école.
Des membres de la famille de Joanna Moody, qui avait commandé la construction du mât totémique en 1860, se sont ensuite rassemblés afin de se recueillir et d'accueillir le totem avant son entrée dans le Musée Nisga’a.

Le chef Earl Stephens (en premier plan à gauche) fait partie de la famille pour laquelle le totem a originellement été sculpté.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
À l’époque, lorsque notre arrière-arrière-arrière-grand-mère a vu ce totem sculpté, c’était en honneur d’un fils qui devait devenir le prochain leader de la communauté
, rappelle le chef Earl Stephens.
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Une cérémonie ouverte au public et aux médias a eu lieu en début d'après-midi, marquée par des chants et des prières pour célébrer le retour d’un membre de la communauté. Dans la tradition Nisga’a, on considère que les totems sont habités.

Des centaines de personnes ont assisté à la cérémonie de retour du totem, le 29 septembre 2023.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
Outre la famille et les gens de la communauté, plusieurs dignitaires étaient présents, dont le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, et le ministre des Affaires autochtones de la province, Murray Rankin.
C’est un jour inspirant. Ce sont par les actions que nous allons pouvoir avancer et bâtir quelque chose de nouveau. Une forme de justice a été rendue aujourd’hui.

En août 2022, une délégation de la Première Nation Nisga'a s'est rendue en Écosse demander son rapatriement, dont Sim'oogit Ni'isjoohl (Earl Stephens) [à gauche] et Sigidimnak’ Nox Ts'aawit (Amy Parent) [à droite].
Photo : National Museums Scotland
La veille de la célébration, la présidente de la Nation Nisga’a, Eva Clayton, a souligné l’importance de ce rapatriement - le premier d’un totem en provenance du Royaume-Uni - pour la communauté.
Le fait de rapporter ce mât totémique à la maison, à sa place légitime, est un moment émotionnel important
, a-t-elle déclaré.
C’est beaucoup d’émotions, remplies de larmes, remplies de douleur, mais qui s’accompagnent d’un grand bonheur.

La présidente élue de la Nation Nisga'a, Eva Clayton.
Photo : Radio-Canada / Emilio Avales
Des membres de notre Nation souhaitent rapatrier d’autres totems qui nous appartiennent et qui sont dispersés dans plusieurs pays
, a ajouté Eva Clayton.
La Nation Nisga'a a identifié d'autres totems exposés en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et ailleurs au Canada que les familles souhaitent éventuellement ramener à la maison.
D’autres Premières Nations ont aussi approché la Nation Nisga’a et notre musée pour savoir comment on a fait, comment on a procédé
, affirme pour sa part Theresa Schober, conservatrice du musée Nisga’a.
Cela fait partie du processus d’identification et il n’y a qu’au Canada pour l’instant que nous avons réussi à faire ça
, a déclaré Eva Clayton.
Réflexions à la veille de la Journée vérité et réconciliation
Eva Clayton, elle-même survivante des pensionnats pour Autochtones, établit un parallèle entre ces pensionnats et les objets volés aux communautés autochtones au 19e et au 20e siècle.
Ces artefacts ont été pris sans notre consentement tout comme les enfants ont été arrachés à leurs parents pour aller dans les pensionnats autochtones
, dit-elle.

Des employés du Musée national d'Écosse à Édimbourg préparent le mât commémoratif de la nation Nisga'a en vue de son retour à la maison. (Photo courtoisie de la Maison de Ni’isjoohl et du Gouvernement Nisg̱a’a Lisims).
Photo : Gracieuseté : Olga Tjukova
La présidente de la Nation Nisga’a voit la restitution d’objets culturels d’importance, comme le mât totémique, comme un geste de réconciliation qui permettra de tourner la page.