Un suspect inculpé du meurtre du rappeur Tupac Shakur 27 ans plus tard

Le meurtre de la légende du rap Tupac Shakur, commis en 1996 à Las Vegas, va-t-il enfin être élucidé? Un ex-chef de gang a été inculpé vendredi dans cette affaire qui a laissé une marque indélébile dans l'univers du hip-hop depuis près de 30 ans.

La police de cette métropole du Nevada a arrêté vendredi matin Duane Keffe D Davis, ancien leader des South Side Compton Crips, un gang de Los Angeles, ont annoncé les autorités lors d'une conférence de presse. Il a été inculpé pour meurtre et la date de son procès doit être fixée prochainement.

Aujourd'hui âgé de 60 ans, M. Davis avait reconnu de longue date qu'il se trouvait dans la Cadillac blanche d'où ont été tirées les quatre balles qui ont tué Tupac à l'âge de 25 ans. Dans un livre paru en 2019, l'intéressé assurait toutefois que les coups avaient été tirés depuis l'arrière du véhicule alors que lui se trouvait à l'avant.

En droit américain, ce rôle indirect n'empêche pas son inculpation pour meurtre.

Ouvrir en mode plein écran

Duane Davis était le commanditaire de ce groupe d'individus qui ont commis ce crime et il a orchestré le plan qui a été mis en œuvre pour le mener, a résumé le lieutenant Jason Johansson, de la police de Las Vegas.

En vertu de la loi du Nevada [...], une personne peut être inculpée d'un crime, qu'elle soit directement impliquée ou qu'elle soit complice, a précisé le procureur du comté de Clark, Steve Wolfson.

Rivalités entre gangs

Lors de la conférence de presse, la police a retracé les rivalités entre gangs qui ont débouché sur les événements de la nuit du 7 septembre 1996, fatale à Tupac Shakur.

Ce soir-là à Las Vegas, le rappeur assistait à un combat de boxe de Mike Tyson en compagnie de Suge Knight, le fondateur de son label musical Death Row. Outre son rôle artistique, l'homme était affilié au gang Mob Piru de Los Angeles, dont plusieurs membres assistaient également au combat.

Or, Mob Piru était un gang ennemi des South Side Compton Crips, dirigés par Duane Davis.

Après le combat, des membres de Death Row Records ont repéré le neveu de Duane Davis, Orlando Anderson, et se sont mis à le tabasser dans les couloirs de l'arène. Suge Knight faisait partie de ceux qui ont porté les coups.

Dans la foulée de cet indicent, Duane Davis a commencé à élaborer un plan pour obtenir une arme à feu afin de se venger de Suge Knight et de M. Shakur, a expliqué le lieutenant Johansson. C'est lui qui a fourni l'arme aux passagers qui se trouvaient à l'arrière de la voiture d'où on a ouvert le feu sur Tupac.

Ouvrir en mode plein écran

Cette chronologie était connue depuis longtemps, mais la police n'avait jamais eu les éléments nécessaires pour engager des poursuites judiciaires, ont expliqué les autorités.

La publication des mémoires de M. Davis et les différentes entrevues qu'il avait données auparavant en 2018 ont permis le rebond spectaculaire de l'enquête.

L'ex-chef de gang est le dernier témoin encore vivant du meurtre de Tupac. En prenant la parole publiquement, il a fourni sa propre série de déclarations qui sont tout à fait cohérentes avec les preuves rassemblées par les enquêteurs, selon M. Johansson.

Les nouveaux éléments ont poussé la police à perquisitionner la maison de sa femme dans le Nevada, en juin, un événement qui a ramené cette affaire sur le devant de la scène.

Carrière fulgurante

Légende du hip-hop, Tupac était devenu un artiste incontournable de la côte ouest américaine après une carrière aussi brève que fulgurante.

Le rappeur, à l'origine des succès California, Changes, Dear Mama et All Eyez On Me, a vendu 75 millions d'albums.

Tupac était devenu une figure clé de la fameuse rivalité entre les scènes rap de la côte ouest et de la côte est des États-Unis. Bien que natif de New York, il incarnait le hip-hop West Coast après avoir déménagé, adolescent, en Californie avec sa famille.

Son meurtre avait été suivi, six mois plus tard, par celui de son rival de la côte est, Christopher The Notorious BIG Wallace.

Bien des gens ont lié leurs morts à la rivalité entre leurs labels Death Row (basé à Los Angeles) et Bad Boy Entertainment (New York), mais des historiens de la musique affirment que cette opposition avait été amplifiée pour des raisons commerciales.