PFAS à La Baie : un contrat de 11,4 M $ pour la location et l’installation de filtres

L'eau du puits 71, situé le long de la rivière à Mars sur le chemin Saint-Louis, présente un taux élevé de PFAS.
Photo : Radio-Canada / Andréanne Larouche
Saguenay octroie un contrat de 11,4 millions de dollars pour la location et l'installation de filtres pour réduire les composés perfluorés (PFAS) présents en grande quantité dans le réseau d'aqueduc qui dessert les secteurs de Grande-Baie et Port-Alfred.
Le contrat avec la firme québécoise Mabarex est d'une durée de quatre ans, avec possibilité de prolonger pour deux années supplémentaires.
Trois unités de traitement seront installées, soit deux au plus tard en janvier pour les puits 71 et 72, alors que la dernière sera installée en mai 2024 au puits 76 qui est actuellement à l’arrêt.
Ce sont en fait trois unités de traitement qui contiennent des filtres à résine échangeuse d'ions. Ces filtres-là, c'est la technologie qu'on avait ciblée dès le départ, parce que ça permet d'éliminer à la source minimum 95 % des PFAS qui sont dans l'eau. Ça ne génère pas d'eau contaminée résiduelle, dont il faudrait se débarrasser d'une façon ou d'une autre et ça va permettre aux gens de La Baie d'avoir une eau exempte de PFAS qui va être bien en dessous de la recommandation de Santé Canada
, a expliqué Dominic Arseneau, porte-parole de la Ville de Saguenay.

Dominic Arseneau est conseiller en relations médias et numériques à la Ville de Saguenay.
Photo : Radio-Canada / Andréanne Larouche
De son côté, le conseiller et président de l’arrondissement de La Baie, Raynald Simard, fait preuve de prudence.
Il y a trop de choses encore méconnues dans les études. Je pense que sur le principe de précaution, on n'a pas le choix de s'engager
, a assuré Raynald Simard.
Ces filtres seront utilisés jusqu’à ce qu’une nouvelle source d’eau soit trouvée, en remplacement des puits situés de part et d’autre de la rivière à Mars, là où la nappe phréatique semble avoir été contaminée par l'utilisation prolongée de mousses extinctrices à la base de Bagotville.
Nous faisons tout pour, le plus tôt possible, réduire la présence des PFAS dans l’eau. Avec la technologie retenue, nous pourrons atteindre cet objectif pour le bien de nos concitoyens. Si la solution est qualifiée de temporaire, elle sera néanmoins utilisée aussi longtemps que nécessaire
, a déclaré par voie de communiqué la mairesse de Saguenay, Julie Dufour.
Un appel d'offres a aussi été lancé récemment pour raccorder au réseau d'aqueduc des résidences des sentiers Bolduc et de l'Éboulis dont les puits sont situés dans la zone contaminée.
Au total, les travaux pourraient atteindre 50 millions de dollars.
Une analyse de l’INSPQ
Mercredi, il a été dévoilé par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Saguenay-Lac-Saint-Jean qu’une analyse indépendante de l'Institut national de santé publique (INSPQ) vient confirmer la position de la santé publique régionale disant que l’eau est potable. Plus tôt cet été, il avait été assuré que les PFAS détectés dans l’eau de La Baie ne faisaient pas partie des types jugés toxiques.

Plus tôt cet été, le directeur de la santé publique au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Donald Aubin, avait assuré que les PFAS détectés ne faisaient pas partie des types jugés toxiques.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin
L’analyse indépendante de l’INSPQ sera dévoilée lundi lors d’un breffage technique. Selon ce qu’a indiqué par communiqué le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Saguenay-Lac-Saint-Jean, elle vient confirmer la position de la santé publique régionale. Le directeur régional de la santé publique, Donald Aubin, avait affirmé en juillet que les PFAS détectés dans l’eau ne faisaient pas partie des types jugés toxiques.
Questionné jeudi, le conseiller et président de l’arrondissement de La Baie, Raynald Simard, dit que la Ville fait preuve de prudence avec la poursuite des travaux.
Il y a trop de choses encore méconnues dans les études. Je pense que sur le principe de précaution, on n'a pas le choix de s'engager
, a assuré Raynald Simard.
Des rencontres d'information et d'échanges auront également lieu lundi et mardi à raison de groupes de 25 citoyens concernés.
Sébastien Sauvé a hâte au dévoilement de l’analyse
Le chercheur Sébastien Sauvé, de l’Université de Montréal, a bien hâte d’avoir accès à l’analyse de l’INSPQ. C’est ce professeur qui avait mené des tests dans 376 municipalités pour mesurer les taux de PFAS, alors que le taux le plus élevé avait été détecté à La Baie.
Heureux d'entendre ou de voir que les résultats semblent meilleurs que ce qu'on avait vu initialement. Donc si c'est effectivement le cas, c'est une bonne nouvelle. Par contre, c'est un peu facile et c'était le discours qui était utilisé de dire qu'il n'y a pas de PFAS qui sont les plus vilains, les plus dangereux puis que tout est beau parce que les PFAS qui sont là ne sont pas dangereux. Donc il faut aller voir dans le détail
, a-t-il exprimé en entrevue au Téléjournal Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Sébastien Sauvé étudie la présence de PFAS dans l'eau.
Photo : Facebook/Sébastien Sauvé
Par courriel, il a précisé que les PFAS problématiques qu’il avait détectés étaient des PFBA, du PFPeA et du PFHxA, des composés visés par Santé Canada.
Sébastien Sauvé se réjouit également de voir que les travaux se poursuivent du côté de Saguenay.
Oui, c'est une bonne décision, mais j'avoue que si le problème est réglé, pourquoi aller de l'avant avec les travaux? Donc il reste que je présume qu'il y a encore un résidu de PFAS et donc je ne comprends pas pourquoi on investit des millions s'il n'y a plus de problèmes. Puis si on investit des millions, c'est parce qu'il reste un petit problème et donc il y a juste une certaine incohérence. Il y a quelque chose que je n'ai pas tout compris, mais peut-être que ce sera plus clair quand on aura les rapports d'analyse de la santé publique
, a-t-il rappelé.
Les effets connus liés aux PFAS comprennent entre autres de plus petits poids à la naissance chez les bébés, certains types de cancers, des problèmes de cholestérol et une réponse diminuée aux vaccins.
Des citoyens rassurés
Pour ce qui est des citoyens interrogés par Radio-Canada jeudi matin, un certain soulagement s’est fait sentir, notamment chez ceux qui avaient arrêté de boire l’eau telle qu’elle est distribuée.
Moi ça me rassure un peu parce que je me suis acheté une machine expressément pour ça, pour filtrer l'eau
, a débuté un homme.
Je vais recommencer à consommer de l'eau. Jusqu'à maintenant, je cherchais un remplacement
, a ajouté une dame.
Ce ne sont toutefois pas tous les citoyens qui conservaient des doutes, alors qu’il a été répété depuis le début par les autorités que l’eau était propre à la consommation.
On demeurait en campagne avant. Depuis le déluge qu'on est ici, puis on boit l'eau, puis ça va très bien. On va faire confiance aussi à la santé publique
, a confié une dernière dame.
Avec les informations de Louis Martineau, Jean-François Coulombe et Pascal Girard