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GRC : de hauts gradés unilingues à des postes bilingues

La police fédérale n’offre pas encore de cours de français à ces dirigeants.

Une illustration d'un agent de la Gendarmerie royale du Canada. Son visage est tourné vers l'abréviation E N. De l'autre côté, l'abréviation F R.

La GRC ne peut pas fournir le nombre exact de personnes qui ne respectent pas les exigences linguistiques de leur poste, en raison des politiques de confidentialité.

Photo : Radio-Canada / Yosri Mimouna

Plusieurs hauts gradés au quartier général de la Gendarmerie royale du Canada occupent des postes bilingues même s'ils ne parlent pas français, a appris Radio-Canada. De surcroît, ces officiers ne suivent pas de cours de langue à l’heure actuelle et ne risquent pas de s’améliorer en français à courte échéance.

Parmi ceux qui ne répondent pas aux exigences, aucune personne [ne] suit activement des cours de langue, a récemment affirmé Charlotte Hibbard, porte-parole de la GRC.

Cet état de fait contribue à la prédominance de l’anglais dans les communications au sein de la haute direction de la GRC, même si son commissaire, Mike Duheme, est un Québécois dont le français est la première langue.

La GRC a expliqué qu’elle ne pouvait pas fournir le nombre exact de personnes qui ne respectent pas les exigences linguistiques de leur poste, et ce, en raison des politiques de confidentialité. Selon des sources, au moins une demi-douzaine de hauts gradés de la GRC à Ottawa ne sembleraient pas parler ou comprendre le français malgré la description officielle de leur poste.

Cette situation suscite un lot de critiques contre la GRC, qui offre des services de police de première ligne dans huit provinces sur dix ainsi que des services de police fédérale comme la lutte contre le crime organisé, l’ingérence étrangère et le terrorisme partout au pays.

Je n’en reviens pas! Une institution qui est supposée de faire respecter la loi et qui enfreint la Loi sur les langues officielles! lance le député bloquiste Mario Beaulieu. C'est vraiment, tant qu'à moi, un manque de respect [envers les] francophones à l'intérieur de la GRC.

Le député du Bloc québécois Mario Beaulieu à la Chambre des Communes.

Le député du Bloc québécois Mario Beaulieu dénonce le manque de français au sein de la police fédérale. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Un avocat spécialisé dans les lois linguistiques au Canada croit que le Conseil du Trésor doit intervenir pour régler cette situation au sein de l'état-major de la GRC.

De prime abord, c’est une violation flagrante de la Loi sur les langues officielles du Canada, qui exige depuis 1988 que les cadres supervisent et gèrent en français et en anglais aux postes désignés. [...] Quelqu’un qui n’est pas capable de fonctionner en français et qui occupe un poste qui l’exige doit être réaffecté.

Une citation de Mark Power, avocat

Des cours de français… à venir

La responsable des ressources humaines à la GRC reconnaît que l’organisation fait face à des défis et à des lacunes tout en ajoutant que la GRC a un plan pour augmenter le niveau de bilinguisme de ses officiers à long terme.

Nadine Huggins explique que la GRC est en train de négocier des contrats pour offrir des cours de français aux membres unilingues de l’état-major.

Pour améliorer cette situation dans le futur, on est en train de lancer un projet-pilote pour la formation linguistique à l’interne dans notre organisation, surtout pour être certains que les hauts gestionnaires et les personnes qui veulent être de hauts gestionnaires puissent avoir un service de formation à l’intérieur de l’organisation, dit-elle.

Quant aux jeunes recrues de la GRC, seuls les francophones reçoivent actuellement des cours de langue seconde pendant leur séjour de formation en Saskatchewan. Les recrues anglophones ne suivent pas de cours de français pour l’instant, mais cela s’en vient, ajoute Nadine Huggins.

Des cadets de la GRC participent à des marches quotidiennes dans la salle d'exercice du quartier général de la GRC à Regina, en Saskatchewan, le vendredi 3 mars 2005.

Des cadets de la GRC en formation à la Division Dépôt, l'École de la force policière, à Régina. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Troy Fleece

Elle insiste pour dire que la GRC respecte la Loi sur les langues officielles.

Pour les employés qui veulent travailler dans leur première langue, on a toujours un gestionnaire avec qui ils peuvent travailler, alors je pense que ce n’est pas tout à fait la vérité [de dire] qu’on ne réussit pas à respecter la loi présentement. On a des défis, je suis transparente là-dessus, mais on fait de notre mieux chaque jour, résume-t-elle.

Elle ajoute que les processus pour obtenir des cours de langues ou pour faire passer des examens linguistiques à des employés sont compliqués et lents.

La GRC affirme que malgré l’unilinguisme de certains membres de son état-major à Ottawa, une majorité de personnes y sont bilingues.

Plus d’efforts requis

Le député conservateur Joël Godin demande à la GRC de se doter rapidement d’un plan pour répondre à la Loi sur les langues officielles, qui vient tout juste d’être modernisée et renforcée.

Le député conservateur Joël Godin parle à la Chambre des communes.

Le député conservateur Joël Godin à la Chambre des communes (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Si on voulait arrêter le déclin du français, il faudrait mettre des outils encore plus exigeants, croit-il. Il ne faut pas [congédier] les fonctionnaires qui étaient là avant la loi, mais il faut se donner des outils pour pouvoir forcer, suggérer fortement à ces gens-là d’apprendre le français.

Ce qui est en jeu, selon le critique conservateur en matière de langues officielles, c’est le bilinguisme et l’égalité entre le français et l’anglais au sein des institutions fédérales.

Si on a vraiment l'intention d'avoir un pays bilingue, français et anglais, dans 25 ans, il faut agir.

Une citation de Joël Godin, député conservateur

La GRC a récemment confirmé que tous les postes de sous-commissaire et de commissaire adjoint à Ottawa sont désignés bilingues, tout comme les postes occupés par des civils au sein de l’état-major supérieur.

Pour répondre à cette exigence, ces personnes devraient avoir obtenu des résultats avancés à l’oral et en compréhension de lecture ainsi qu'un résultat intermédiaire à l’écrit.

Même s’il n’y a pas d’obligation formelle de se mettre à niveau, des primes de rendement servent à encourager les hauts gradés à parfaire leurs connaissances linguistiques.

Les employés aux échelons supérieurs de la GRC au QG qui ne respectent pas les exigences de leur poste sont encouragés à suivre une formation linguistique dans la mesure où les exigences opérationnelles le permettent, affirme la GRC.

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