Identité de genre : Suzanne Roy donnera au « comité de sages » un mandat « d’ouverture »

Suzanne Roy, ministre de la Famille du Québec, prend la tête du « comité de sages » formé pour mener la réflexion sur l'identité de genre. Elle affirme qu'elle définira d'ici les Fêtes le mandat de ce comité et sa composition. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Suzanne Roy, ministre de la Famille du Québec, a été choisie par le premier ministre François Legault pour diriger la réflexion que mènera « le comité de sages » sur l'identité de genre.
En mêlée de presse, mercredi, dans les couloirs de l'Assemblée nationale, la ministre et députée de Verchères a défini ainsi son mandat : Regarder ce qui se fait ici, ce qui se fait ailleurs, pour vraiment faire l'état des lieux et discuter de ces enjeux qui sont importants, mais en discuter de façon sereine
.
Elle promet de préciser d'ici les Fêtes le mandat précis de ce comité, et de qui il sera composé.
Ça devra être un mandat d'ouverture, de respect des différentes perspectives.
L'identité de genre touche aussi bien l'éducation, la santé, les sports que la sécurité publique, a souligné Mme Roy, et à ce chapitre, elle entend travailler en collégialité avec ses collègues ministres, dont Martine Biron qui est responsable de la lutte contre l'homophobie et la transphobie, de l'Éducation et de la Santé.
Suzanne Roy s'engage par ailleurs à ce que les travaux faits en amont à ce sujet soient pris en considération par le comité. On ne repartira pas à zéro
, a-t-elle assuré.
C'est qu'au Québec, différentes structures s'y consacrent depuis quelques années, comme le Bureau de lutte contre l'homophobie et la transphobie, créé en 2011, et le Comité national sur l'adaptation et l'accès aux services de santé et aux services sociaux pour les personnes de la diversité sexuelle et de genre, créé, lui, en 2020 par le gouvernement Legault.
Des extrêmes des deux côtés
La semaine dernière, plusieurs villes, dont Montréal, ont été le théâtre de manifestations qui ont donné lieu à des heurts entre manifestants et contre-manifestants, tous soucieux de faire entendre leur point de vue dans ce débat de société.
Dans un camp se trouvaient par exemple les membres d'un groupe dénonçant l'idéologie du genre
dans les écoles du pays; dans un autre, des membres de la communauté LGBTQ+ témoignant, dans certains cas, d'expériences éprouvantes à l'école et de la nécessité d'instaurer, selon eux, des politiques inclusives en milieu scolaire.

Manifestants et contre-manifestants défilaient au centre-ville de Montréal à la mi-septembre, non sans heurts. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Mercredi, la ministre Suzanne Roy a commenté comme suit ces échanges houleux : Ça ne nous ressemble pas, ce n'est pas comme ça au Québec qu'on discute des enjeux
. Appelée à décrire quels sont les extrêmes
dans ce débat, elle a répondu que c'étaient la haine et le non-respect des différences. Ce sont pour moi les extrêmes; c'est vrai dans ce dossier-là et c'est vrai dans tous les dossiers
.
La ministre de la Famille a précisé que des extrêmes, il y en avait des deux côtés
. Tout comme des inquiétudes, a-t-elle ajouté, se définissant elle-même comme une mère et une grand-mère : je sais que la première chose à faire, dans tous les cas, c'est aimer ses proches et les aider, les soutenir, dans le respect
.
Au lendemain des manifestations, le 21 septembre, le premier ministre Legault avait tenu à lancer un appel au calme. Plus tard dans la journée, l'Assemblée nationale avait fait bloc contre les propos haineux et discriminatoires en adoptant une motion de Québec solidaire d'appui envers la communauté LGBTQI2S+.
Les sages
: des gens réfléchis et ouverts
En point de presse, la ministre Roy s'est fait demander si des membres de la communauté LGBTQI2S+ seraient représentés au sein de ce comité. Ce n'est pas un comité de représentation à ce moment-ci, a-t-elle affirmé, les différentes perspectives seront analysées et il n'y aura personne qui va être oublié.
Notre objectif n'est pas d'enlever des droits à personne.
Quant aux sages qui feront partie du comité, Mme Roy a dit qu'il allait s'agir de gens crédibles de par ce qu'ils ont fait et de par ce qu'ils sont. Des gens réfléchis et ouverts
.
Un comité qui suscite de l'inquiétude
Parmi les professionnels de la santé et les chercheurs universitaires spécialistes du sujet, certains sont sur leurs gardes depuis l'annonce de la création de ce comité de sages
par François Legault.
Au sein de l'Ordre professionnel des sexologues du Québec, notamment, il y a de l'inquiétude, selon la présidente, Joanie Heppell. Lorsqu'on parle de sages plutôt que d'experts, on peut se poser la question suivante : quelles sont les qualités des sages pour surpasser les gens qui travaillent tous les jours avec des personnes de cette clientèle-là?
se questionne cette dernière.