IRCC : la nouvelle approche de parrainage des parents et grands-parents inquiète

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada s'attend à recevoir 24 000 demandes de parrainage entre le 10 et le 23 octobre prochain.
Photo : CBC News / Ivanoh Demers
La nouvelle approche d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) en matière de parrainage des parents et des grands-parents suscite des inquiétudes, car elle laisserait pour compte de nombreuses personnes, pourtant admissibles.
Du 10 au 23 octobre, Ottawa invitera 24 000 personnes, de citoyenneté canadienne ou résidentes permanentes, à présenter une demande de regroupement familial dans le cadre du Programme des parents et des grands-parents. Sur ce nombre, IRCC vise à sélectionner 15 000 dossiers.
Pour de nombreuses personnes, cela pose un problème, car le Ministère n'acceptait plus de nouveaux formulaires d'intérêt pour le parrainage depuis 2020, alors qu'il aurait pu le faire chaque année.
De ce fait, comme l'explique Jatin Shory, avocat spécialisé dans les questions de réfugiés et d'immigration de Calgary, beaucoup de candidats qui rempliraient les conditions d’admission au programme seront laissés pour compte.
C’est le cas de Harpreet Singh, un Britanno-Colombien de 29 ans. En 2020, il n’a pas manifesté son intérêt à parrainer sa mère, qui réside au Royaume-Uni, parce que son revenu ne le lui permettait pas.
Quand sa situation financière s’est améliorée, Ottawa avait cessé d'accepter les demandes, mais IRCC avait indiqué qu'il y aurait une autre possibilité de s'inscrire en 2021.
Des années plus tard, Harpreet Singh attend toujours d’avoir une chance de faire venir sa mère au Canada.
L’avocat Jatin Shory explique que, en désespoir de cause, certains de ses clients déposent des demandes pour leur famille au titre de considérations humanitaires, ce qui, selon lui, est risqué, stressant et beaucoup plus coûteux.
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Jatin Shory se demande pourquoi IRCC ne vise que 15 000 admissions sur les 24 000 demandes qu'il souhaite recevoir.
Photo : Fournie par Jatin Shory
Au moins deux pétitions ont été déposées à la Chambre des communes pour remédier aux lacunes du Programme des parents et des grands-parents. L’une d’entre elles a été créée par Harpreet Singh.
Il y a des gens qui n'étaient pas admissibles en 2020, mais qui ont quand même soumis leur candidature, et qui continuent à avoir des chances de parrainer leurs parents parce qu'ils pourraient être admissibles maintenant
, fait-il valoir.
IRCC n'évalue que les revenus des personnes au cours des trois années précédant l'examen de leur demande, et non pas au moment où elles sont entrées dans le bassin de sélection.
Jatin Shory se demande pourquoi IRCC ne vise que 15 000 demandes complètes. Si vous pouvez donner 24 000 invitations, pourquoi n'acceptez-vous pas jusqu'à 24 000 [demandes]?
200 000 candidatures en 2020
Isabelle Dubois, porte-parole d'IRCC indique que ce dernier est en train de rattraper une liste de 200 000 parrains potentiels qui ont exprimé leur intérêt pour 2020. Il reste environ 132 000 personnes sur cette liste.
Étant donné le nombre de formulaires d'intérêt pour le parrainage reçus en 2020 qui restent, IRCC continuera d'utiliser ce groupe de soumissions pour l'admission de 2023
, dit-elle dans un communiqué.
Elle confirme également qu'IRCC n'évaluera les revenus des parrains potentiels que pour les exercices financiers 2020-2022.

Vikramjit Brar (au milieu), qui attend depuis cinq ans que sa demande de parrainage soit traitée, exhorte IRCC à rattraper d'abord son retard avant d'accepter de nouvelles demandes.
Photo : Fournie par Vikramjit Brar
Cinq ans d'attente
Selon les données les plus récentes, 802 600 demandes d'immigration sont en souffrance, dont 54 % de demandes de résidence permanente.
Vikramjit Brar, un résident d'Airdrie en Alberta, attend depuis cinq ans qu'IRCC traite sa demande de parrainage de ses parents. Il souhaite que le Ministère rattrape son retard avant d'accepter de nouvelles demandes.
Il souligne que ces retards pèsent sur sa relation avec ses parents et se répercute sur leur santé mentale : C'est frustrant. Parfois, je ne réponds pas à leur appel, parce que je ne peux pas leur donner de faux espoirs.
Vikramjit Brar se plaint que « les gens déboursent beaucoup d'argent sans avoir le niveau de service requis » de la part d'IRCC.
Dans son cas, la prochaine, et dernière, étape consiste à engager un avocat pour déposer un bref de mandamus (une ordonnance écrite d’une cour supérieure enjoignant à un tribunal inférieur, à un organisme ou à une personne d’exécuter une tâche de nature publique que lui impose la loi) pour que celle-ci ordonne au Ministère de traiter sa demande et de rendre une décision. Cela aussi a un coût, pas moins de 10 000 $ d’honoraires.
Avec les informations de Karina Zapata