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Haut-Karabakh  : des milliers de réfugiés fuient en Arménie

La Russie a dépêché son ministre de l'intérieur pour rencontrer le premier ministre arménien Nikol Pachinian.

Des policiers arméniens mettent  en état d'arrestation des manifestants anti-gouvernementaux à Erevan, en Aménie, le 22 septembre 2023.

Le président Ilham Aliev promet de protéger les civils qui restent dans la région du Haut-Karabakh maintenant sous le contrôle de l'armée azerbaïdjanaise

Photo : afp via getty images / KAREN MINASYAN

Agence France-Presse

Des milliers d'habitants du Haut-Karabakh (Nagorny-Karabakh) se sont réfugiés en Arménie, malgré la promesse réitérée lundi par le président de l'Azerbaïdjan que les droits des Arméniens seraient « garantis » dans ce territoire séparatiste enclavé dont son armée a repris le contrôle la semaine dernière.

Tous les habitants du Haut-Karabakh, quelle que soit leur ethnie, sont des citoyens de l'Azerbaïdjan, a déclaré Ilham Aliev. Leurs droits seront garantis par l'État azerbaïdjanais, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse commune avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan au Nakhitchevan, une bande de terre azerbaïdjanaise nichée entre l'Arménie et l'Iran.

Nous espérons que l'Arménie saisira la main pacifique qui lui est tendue.

Une citation de Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie

Il s'agit d'une démonstration de force de la Turquie qui profite du retrait apparent de la Russie dans la région. Pour sa part, Moscou a fermement rejeté les critiques du premier ministre arménien Nikol Pachinian, qui a reproché à la Russie son manque de soutien lors d'une apparition à la télévision dimanche.

Nous sommes catégoriquement contre les tentatives de faire porter une responsabilité sur la partie russe et les forces russes de maintien de la paix, a ainsi martelé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, rejetant tout reproche sur des manquements supposés.

La Russie, qui voit le Caucase comme étant une partie intégrante de sa sphère d'influence, avait déployé il y a trois ans une force de maintien de la paix dans ce territoire après une brève offensive de l'Azerbaïdjan. Moscou a fermement rejeté lundi les critiques émises la veille par le premier ministre arménien Nikol Pachinian.

Le Parlement arménien a désigné Nikol Pachinian au poste de premier ministre en 2018.

Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / AFP / Ludovic Marin

La diplomatie russe est allée jusqu'à accuser l'Arménie, otage des jeux géopolitiques de l'Occident, de chercher à détruire les relations entre les deux pays, dénonçant une énorme erreur. Dépêché sur place lundi, le ministre russe de l'Intérieur, Vladimir Kolokoltsev, a rencontré le premier ministre arménien à Erevan.

L'Union européenne devait de son côté recevoir mardi à Bruxelles de hauts représentants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, deux anciennes républiques soviétiques qui se sont affrontées militairement au Haut-Karabakh de 1988 à 1994 (30 000 morts) et à l'automne 2020 (6500 morts).

À Erevan, comme tous les soirs depuis une semaine, des manifestants ont dénoncé l'inaction, selon eux, de M. Pachinian face à l'attaque de l'Azerbaïdjan. Ils étaient plusieurs milliers lundi soir, agitant le drapeau des séparatistes arméniens du Haut-Karabakh sur la place centrale de la capitale arménienne.

L'afflux de migrants continue

Lundi, l'afflux sur le territoire arménien de réfugiés du Haut-Karabakh se poursuit, avec d'immenses embouteillages signalés sur l'unique route reliant sa capitale Stepanakert à l'Arménie.

[Le] 25 septembre, à midi, 4850 personnes déplacées de force sont entrées en Arménie à partir du Haut-Karabakh, a ainsi annoncé le gouvernement arménien.

Les premières arrivées d'habitants de cette enclave depuis la défaite des combattants séparatistes avaient eu lieu dimanche au poste-frontière arménien de Kornidzor.

Dans la ville de Goris, plus à l'ouest, le centre humanitaire installé dans les locaux du théâtre municipal ne désemplit pas depuis dimanche soir, a constaté un journaliste de l'AFP.

Toute la nuit, des réfugiés se sont succédé pour se faire enregistrer, trouver une solution d'hébergement ou un transport vers d'autres régions d'Arménie.

Anabel Ghoulassian, 41 ans, originaire du village de Rev (Chalva en azéri), vient d'arriver en minibus à Goris avec cinq de ses sept enfants et son mari.

Un soldat russe.

Un soldat de maintien de la paix russe garde le corridor de Lachin, le seul lien terrestre de la région sécessionniste du Haut-Karabakh avec l'Arménie.

Photo : Getty Images / TOFIK BABAYEV

Au début des combats, la semaine dernière, ils sont tous allés chercher une protection dans la base russe de l'aéroport de Stepanakert. Mais ils ont été expulsés après la première nuit et ont ensuite vécu dans un bâtiment abandonné sans toit.

C'étaient des jours horribles, on était simplement assis les uns à côté des autres. Riches ou pauvres, tous au même endroit, a-t-elle raconté.

[Les forces azerbaïdjanaises] ont bombardé le village, il y a eu des blessés, le mari de ma sœur a été tué.

Une citation de Valentina, une autre réfugiée du Haut-Karabakh

Les autorités du Haut-Karabakh ont fait savoir dimanche que les civils laissés sans logement en raison des dernières violences seraient transférés en Arménie avec l'aide des soldats de maintien de la paix russes, présents sur place depuis la précédente guerre de l'automne 2020 (une autre beaucoup plus meurtrière avait eu lieu de 1988 à 1994).

Beaucoup craignent que les Arméniens ne fuient massivement le Haut-Karabakh, au moment où les forces azerbaïdjanaises resserrent leur emprise. De plus, l'angoisse règne parmi les quelque 120 000 habitants du Haut-Karabakh, où la situation humanitaire demeure très tendue.

L'Azerbaïdjan s'est pour sa part engagé à permettre aux rebelles séparatistes du Haut-Karabakh qui rendraient leurs armes d'aller en Arménie.

Toutefois, le nombre de victimes de ce conflit continue d'augmenter puisque l'Azerbaïdjan a déploré lundi la mort de deux de ses soldats la veille dans l'explosion d'une mine, tandis que, selon les Arméniens, 200 personnes ont péri dans les affrontements de la semaine dernière.

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