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L’augmentation du coût de la vie refroidira-t-elle les ardeurs d’immigrants potentiels?

Une affiche accrochée à un immeuble porte la mention suivante : logement à louer, complet.

La crise du logement et l'inflation pourraient pousser certains immigrants potentiels à choisir d'autres pays, disent des experts. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Radio-Canada

Dans les grandes villes du pays, le coût de la vie en constante augmentation pèse lourdement sur les épaules des nouveaux arrivants.

Ankita Goel, qui a quitté son emploi de consultante en gestion à Mumbai en 2019 pour suivre son mari à Vancouver, témoigne de ses regrets face à la situation actuelle. Le logement est inabordable, le coût du panier d'épicerie augmente, les loyers augmentent également et cela me pousse sérieusement à envisager de quitter Vancouver, dit-elle.

Mme Goel affirme qu’elle hésiterait à recommander le Canada aux nouveaux arrivants potentiels. Et elle n’est pas la seule.

Un portrait d'Ankita Goel.

Mme Goel souhaite quitter Vancouver.

Photo : offerte par Ankita Goel

Selon Vik Singh, professeur adjoint à l'école de gestion Ted Rogers de l'Université métropolitaine de Toronto, cette situation pourrait pousser les immigrants potentiels les plus qualifiés à choisir d'autres pays que le Canada. Certainement, car ils ont probablement de meilleures options. Ils ont la possibilité d'aller dans d'autres pays s'ils envisagent vraiment d'y vivre.

Or, le gouvernement canadien espère atténuer la pénurie de main-d'œuvre qui touche le pays à l’aide de ces immigrants hautement qualifiés.

Selon le ministre de l’Immigration, le Canada reste un pays populaire.

Malgré tout, la combinaison de la crise du logement, de l'inflation et des cibles d’immigration élevées inquiète des experts.

500 000 résidents permanents par année

Le gouvernement Trudeau a fixé des objectifs ambitieux en matière d'immigration afin d'accueillir 500 000 résidents permanents par année à partir de 2025.

Cependant, cette augmentation de l'immigration s'accompagne d'un problème majeur : la crise du logement. Christopher Ragan, directeur de la Max Bell School of Public Policy à l'Université McGill, souligne la nécessité d'une planification exhaustive pour faire face à cette situation. Il doute que le plan nécessaire soit prêt. Je ne suis pas convaincu qu'un plan sérieux existe.

Un travailleur de la construction.

Une augmentation du nombre de mises en chantier est nécessaire, selon des experts. (Archives)

Photo : (Graham Hughes/Bloomberg)

La Société canadienne d'hypothèques et de logement a constaté que le Canada a besoin de 3,5 millions de logements supplémentaires en plus de ce qui est déjà en construction pour rétablir l'abordabilité du logement. Un rapport des Services économiques TD publié cet été révèle que le niveau actuel d'immigration au Canada ne fera qu'aggraver le déficit de logements au cours des deux prochaines années.

Selon le ministre de l’Immigration du Canada, Marc Miller, on ne peut pas rejeter la responsabilité de cette crise du logement sur l’immigration. Des gouvernements successifs, libéraux ou conservateurs, ont sous-financé ce domaine critique, et c'est un problème qui ne peut pas être imputé aux immigrants. La dette gratuite à laquelle nous avons assisté pendant la majeure partie de la décennie n'est plus une réalité actuelle, a-t-il déclaré en faisant allusion aux faibles taux d’intérêt observés entre 2009 et 2021 au pays.

Pas le premier choix?

Pour bien des gens hautement qualifiés, le Canada n’est pas leur premier choix lorsqu’ils songent à quitter leur pays d’origine. Mme Goel, par exemple, entend se servir de son temps passé au Canada afin de déménager aux États-Unis. Elle attend d'obtenir son passeport canadien, ce qui facilitera la demande de visa H-1B pour pouvoir travailler aux États-Unis.

Je sais qu'il y a beaucoup de violence armée [aux États-Unis] et tout ça, mais c'est beaucoup moins cher et il y a beaucoup d'endroits où on peut acheter une maison là-bas, dit-elle.

M. Singh dit comprendre la logique de cette approche : Lorsqu'on examine le processus pour aller aux États-Unis, on se rend compte que c'est beaucoup plus facile si on a un passeport canadien.

Malgré tout, M. Miller rappelle que le Canada est un pays populaire chez les immigrants potentiels.

Un portrait de Marc Miller.

Le ministre de l'Immigration, Marc Miller.

Photo : CBC News

J'ai entendu des histoires à propos de personnes qui souhaitent quitter le Canada, mais les chiffres globaux que nous avons à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada sont complètement à l'opposé, a-t-il déclaré en entrevue.

Nous avons la plus forte demande jamais vue pour venir dans un pays comme le nôtre.

M. Miller a ajouté qu'il n’envisageait pas que le Canada revienne sur ses objectifs en matière d'immigration.

Très choqués

À Winnipeg, Codi Guenther, directrice de New Journey Housing, met en lumière les problèmes auxquels sont exposés les nouveaux arrivants. Nous leur montrons des logements et ils sont très choqués par ce que leur argent peut leur permettre ici.

Elle a déclaré que les nouveaux arrivants avec lesquels elle travaille pour trouver un logement se heurtent à toutes sortes d'obstacles, du manque d'antécédents de location et de cosignataires de bail à la taille des logements dont ils ont besoin et au fait qu'ils n'ont souvent pas de lettres de recommandation d’employeurs.

Pour M. Ragan, les gouvernements doivent améliorer leurs plans d'intégration. Si nous voulons augmenter de manière substantielle l'afflux annuel d'immigrants – et c'est exactement ce que ce gouvernement a fait –, alors je pense que nous devons vraiment nous assurer que toutes les autres pièces du casse-tête soient en place.

Syed Hussan, directeur de la Migrant Workers Alliance for Change (l'Alliance des travailleurs migrants pour le changement, traduction libre), plaide pour une intervention gouvernementale dans le secteur du logement. Je pense que nous devons amener les gouvernements fédéral et provinciaux à construire à nouveau des logements.

Un homme.

Syed Hussan rappelle que les immigrants ne sont pas à l'origine de l'inflation ou de la crise du logement. (Archives)

Photo : The Canadian Press / Christopher Katsarov

M. Hussan rappelle que l’immigration a été stoppée au pays durant la pandémie mais que le prix des maisons a sans cesse augmenté durant cette période.

M. Singh, de son côté, rappelle que le Canada a tout intérêt à aider les immigrants à trouver des logements abordables. Il y a des emplois disponibles dans à peu près tous les secteurs actuellement au Canada.

Avec les informations de CBC News

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