La victime d’un homicide à Winnipeg était recherchée par les autorités indiennes

Selon le Service de police de Winnipeg, Sukhdool Singh Gill, âgé de 39 ans, a été retrouvé mort mercredi dans une maison du nord-ouest de Winnipeg.
Photo : National Investigation Agency India/X
Un homme retrouvé mort mercredi dans une résidence du quartier Inkster à Winnipeg était recherché par les autorités indiennes, selon une agence gouvernementale indienne spécialisée dans la lutte contre le terrorisme.
Des policiers ont été appelés à se rendre dans une maison sur Hazelton Drive, dans le nord-ouest de la ville, mercredi matin vers 10 h et y ont trouvé un homme décédé, a déclaré la police jeudi.
Les autorités ont identifié l'homme comme étant Sukhdool Singh Gill, âgé de 39 ans. Sa famille a été informée, précise la police.
La police de l'État indien du Pendjab a déclaré à CBC/Radio-Canada que M. Gill était un citoyen indien et qu'il avait été accusé de plusieurs crimes dans son pays d'origine.
D'après nos dossiers, il y a 18 dossiers judiciaires contre lui
, affirme J. Elanchezhian, surintendant principal de la police du district de Moga, dans l'État du Pendjab à la chaîne CBC. L'entrevue a été traduite de l'hindi à l'anglais.
Les registres des tribunaux indiquent que neuf de ces dossiers sont non interrompus
et en cours d'enquête ou de procès
. M. Gill aurait été acquitté dans cinq autres dossiers. Un des dossiers a été annulé et un autre a mené à une condamnation.
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Sukhdool Singh Gill, également connu sous le nom de Sukha Duneke, figurait sur une liste de personnes recherchées publiée cette semaine sur la plateforme X (ex-Twitter) par la National Investigation Agency, une agence gouvernementale indienne qui se consacre à la lutte contre le terrorisme.
M. Elanchezhian confirme que l'homme tué à Winnipeg est le même que celui qui figure sur la liste des personnes recherchées.
Les détectives de Winnipeg n’ont pas révélé les circonstances de la mort de l’homme et mentionnent qu'une autopsie est en cours. Aucune arrestation n'a été effectuée dans le cadre de cette affaire.
CBC/Radio-Canada s’est entretenu avec une personne qui se trouvait à proximité de l’endroit où l’homme a été tué. Elle affirme avoir entendu 11 coups de feu mercredi matin, juste avant que la police ne découvre le corps de Sukhdool Singh Gill.

Un camion de l'unité médico-légale de la police de Winnipeg était garé devant une maison du quartier Inkster, jeudi.
Photo : Radio-Canada / Trevor Brine
Un criminel, pas un terroriste
D’après la National Investigation Agency, la liste des personnes recherchées incluait un total de 43 individus impliqués dans des réseaux de terroristes et de gangsters
.

Sukhdool Singh Gill figurait sur une liste de personnes recherchées publiée sur X (ex-Twitter) par les autorités indiennes, le 21 septembre 2023.
Photo : National Investigation Agency India/X
M. Elanchezhian décrit l'homme tué à Winnipeg comme un criminel, pas un terroriste
, mais croit qu'il pourrait être lié à des activités de gang ou à des gangsters
.
Il affirme également que l’homme assassiné était un citoyen indien qui avait quitté le pays en 2017, avec un passeport apparemment obtenu illégalement.
Un ancien surintendant principal de la police de Moga, Gulneet Singh Khurana, a affirmé à CBC avoir enquêté sur l'affaire du passeport.
Sukhdool Singh Gill se trouve au Canada depuis un certain temps déjà
, déclare-t-il en entrevue.
Selon un document déposé auprès d'un tribunal indien par la police de Moga, l'affaire du passeport remonte à septembre 2017, mais le rapport n'a été déposé que le 24 juin de l’année dernière.
Le rapport atteste que Sukhdool Singh Gill a réussi à obtenir illégalement un passeport indien [...] en raison de la négligence des fonctionnaires de police qui n'ont pas signalé [ses] antécédents criminels
.
Deux fonctionnaires de police indiens sont également accusés dans le cadre de cette affaire, selon le rapport.
Relations tendues entre le Canada et l'Inde
La mort de Sukhdool Singh Gill survient dans un contexte de tensions diplomatiques accrues entre le Canada et l'Inde à la suite de l'assassinat du militant sikh Hardeep Singh Nijjar à Surrey, en Colombie-Britannique, le 18 juin dernier.
Hardeep Singh Nijjar, accusé par le gouvernement indien de diriger un groupe séparatiste militant, était recherché par les autorités indiennes depuis des années.
En début de semaine, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré que des renseignements crédibles
établissaient un lien entre des agents du gouvernement indien et l'assassinat de M. Nijjar.
Le gouvernement indien a rétorqué, qualifiant le Canada de refuge
pour les terroristes, les extrémistes et les activités anti-indiennes.
Jeudi dernier, le centre indien de traitement des demandes de visa au Canada, BLS International Services Canada, a suspendu ses services jusqu'à nouvel ordre. L'agence possède des bureaux dans tout le pays, y compris à Winnipeg.
Affaires mondiales Canada n'a formulé aucun commentaire concernant le décès de M. Gill.
Le ministère canadien de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté s'est également refusé à tout commentaire, invoquant le respect de la vie privée.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien du renseignement de sécurité ont renvoyé les questions de CBC/Radio-Canada à la police de Winnipeg.
Sukhdool Singh Gill n'avait pas de casier judiciaire au Manitoba, d'après une recherche dans les dossiers de la province et de la Cour du Banc du Roi.
Avec des informations d'Ayushi Shah, Cameron MacIntosh, Karen Pauls et Josh Crabb