Churchill Falls : Legault se dit convaincu d’en arriver à une entente avec Terre-Neuve
Hydro-Québec devrait épuiser ses surplus d'électricité d’ici 2027 et le Québec cherche de nouvelles sources d’énergie renouvelables.

François Legault croit à la possibilité d'une entente avec Terre-Neuve.
Photo : Radio-Canada / Jonathan Dupaul
Le premier ministre du Québec, François Legault, soutient qu’un accord avec Terre-Neuve-et-Labrador est possible en ce qui a trait au contrat de Churchill Falls. Il fait valoir qu'il n'est « pas arrogant mais confiant », a-t-il dit aux Coulisses du pouvoir.
De passage à New York la semaine dernière pour y participer au Sommet sur l’ambition climatique et pour y promouvoir l’énergie verte du Québec, M. Legault a discuté de cet important contentieux énergétique avec le journaliste Daniel Thibeault.
Hydro-Québec achète presque toute la production de la centrale de Churchill Falls au prix de 0,2 cent le kilowattheure. Elle revend ensuite ses surplus pour environ 8 cents le kilowattheure. Cela alimente un profond sentiment de colère et d’injustice chez les Terre-Neuviens, qui se sentent floués à cause des milliards de dollars engrangés par la société d’État québécoise.
Je suis optimiste qu'on va trouver un compromis où Terre-Neuve vient un peu sauver la face avec peut-être un ajustement des prix, maintenant.
M. Legault souhaiterait que le Québec ait toujours accès à l’énergie produite par la centrale terre-neuvienne une fois le contrat arrivé à échéance, en 2041. Le sujet a été abordé en février dernier lors d’un entretien avec son homologue provincial, Andrew Furey, à Saint-Jean.
Le premier ministre désire aussi travailler avec M. Furey pour rehausser la capacité de Churchill Falls et pour lancer le projet de Gull Island au Labrador, dont la réalisation permettrait de produire 2250 mégawatts.
La filière batterie
François Legault a de grandes ambitions pour le développement économique du Québec. À ses yeux, la province est la batterie du nord-est de l’Amérique du Nord
, ce qu'il a mis en avant à New York auprès de ses nombreux interlocuteurs.
Pour l’instant, Hydro-Québec a suffisamment de surplus pour répondre aux besoins, selon le premier ministre. Par contre, on a plusieurs dizaines d'investissements, que ça soit dans la batterie, que ça soit dans l'aluminium vert, dans les autobus électriques, dans l'acier vert, où on n'a pas assez d'électricité
, ajoute-t-il.
La société d’État devra donc trouver de nouvelles sources d’approvisionnement pour répondre à la demande et pour parvenir à la carboneutralité d’ici 2050. Le plan stratégique 2022-2026 de la société d’État prévoit qu’il faudrait 100 térawattheures additionnels pour combler les besoins de l’avenir, soit la moitié de ce qu’elle génère en ce moment. Le nouveau président-directeur général d’Hydro-Québec, Michael Sabia, pourrait réviser ces chiffres à la hausse. Son rapport est attendu au cours des prochaines semaines.

François Legault a accordé une entrevue à Daniel Thibeault, animateur des «Coulisses du pouvoir», lors d'un passage à New York.
Photo : Radio-Canada / Jonathan Dupaul
Même s’il se dit prêt à envisager des projets d’énergie éolienne et solaire, notamment, pour combler le manque à gagner, François Legault songe toujours à la construction de barrages si cela s’avère nécessaire.
Les Québécois vont devoir se poser la question : "Est-ce que, pour offrir des jobs payantes à nos jeunes, je suis prêt à faire un nouveau barrage ou à rehausser le volume des barrages existants?"
Dans l’esprit du premier ministre, ces grands chantiers pourraient être réalisés en moins de 15 ans.
Pour y arriver et pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre qui sévit en ce moment, François Legault a confié à son ministre du Travail, Jean Boulet, le mandat de mener une réforme de l’industrie de la construction qui conduirait à un décloisonnement des métiers.
Cela exigera des négociations avec les syndicats. On pense qu'on pourrait faire un gain d'efficacité d'à peu près 10 %, a indiqué le dirigeant caquiste. Donc, ça veut dire indirectement 10 % plus de travailleurs.
Le premier ministre Legault s’attend également à ce que le ministre des Finances, Eric Girard, dévoile dans son énoncé économique de l’automne des incitatifs financiers qui encourageront un plus grand nombre de Québécois à compléter un programme de formation au cours de l’hiver pour travailler sur les chantiers de construction l’été prochain.