Menace « nucléaire »? À l’ONU, Nétanyahou met en garde le régime iranien

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a pris la parole vendredi lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies, à New York.
Photo : Reuters / BRENDAN MCDERMID
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a parlé vendredi à l'ONU d'une « menace nucléaire » contre l'Iran, avant que ses services ne retirent ses propos en évoquant un lapsus.
Il s'est à l'inverse félicité que son pays et l'Arabie saoudite soient proches
d'une paix historique
, un rapprochement qui n'est pas du goût de Téhéran.
Lors de son discours devant l'Assemblée générale de l'ONU, le premier ministre s'en est pris une nouvelle fois à sa bête noire, le régime iranien, et à son programme nucléaire controversé.
Aussi longtemps que je serai premier ministre d'Israël, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l'Iran de se doter d'armements nucléaires.
Par-dessus tout, l'Iran doit être confronté à une menace nucléaire crédible
, a-t-il insisté.
Mais ses services ont rapidement retiré ces propos. Le texte du discours mentionnait la nécessité d'une menace militaire
crédible pour freiner le programme nucléaire iranien, et non nucléaire
, a assuré le bureau du premier ministre, évoquant une erreur de lecture
.
Le premier ministre maintient le texte original de son discours
, a ajouté son bureau.
J'imagine que Nétanyahou a fait une erreur de prononciation
, a commenté auprès de l'AFP Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group, notant que ce n'était pas le premier dirigeant à inverser des mots pendant un discours à la tribune de l'ONU.
Le fait qu'Israël dispose de sa propre dissuasion nucléaire n'est pas un secret. Mais je ne pense pas que Nétanyahou ait prévu de faire la publicité de ses bombes atomiques à l'ONU.
Israël, qui n'a jamais confirmé ni nié posséder l'arme atomique, détiendrait 90 ogives nucléaires, selon les dernières estimations de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).
L'Iran dément vouloir obtenir l'arme nucléaire, mais ses stocks d'uranium enrichi ont dépassé les niveaux autorisés par l'accord de 2015 sur le nucléaire civil iranien, conclu sous le président Barack Obama et dont s'était retiré en 2018 son successeur Donald Trump.
Ce pacte était censé limiter les activités atomiques civiles de l'Iran en échange d'une levée des sanctions internationales.
Cette politique doit changer
, a insisté M. Nétanyahou.
Le premier ministre a d'autre part assuré qu'Israël et l'Arabie saoudite étaient proches
d'une paix historique
.
Le prince saoudien héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, avait indiqué mercredi, dans une entrevue à la télévision américaine Fox News, que la monarchie sunnite et l'État hébreu se rapprochaient tous les jours
d'une normalisation de leurs relations.
Une telle paix ferait beaucoup pour mettre un terme au conflit israélo-arabe, elle encouragerait d'autres pays arabes à normaliser leurs relations avec Israël, elle augmenterait les possibilités d'une paix avec les Palestiniens
, a estimé vendredi Benyamin Nétanyahou.
Mais je crois que nous ne devons pas donner aux Palestiniens un veto sur de nouveaux traités de paix avec les États arabes
, a-t-il affirmé. Les Palestiniens pourraient largement bénéficier d'une paix plus large. Ils doivent participer à ce processus.
Cette semaine à New York, le président iranien Ebrahim Raïssi avait fustigé une telle éventualité, qui serait selon lui un coup de poignard dans le dos des Palestiniens
.
Pourtant, l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite, puissances rivales historiques du Golfe, ont amorcé elles aussi une normalisation surprise au printemps, sous l'égide de la Chine.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a quant à lui prévenu à la tribune de l'ONU qu'il n'y aurait pas de paix au Proche et au Moyen-Orient sans la prise en compte des droits légitimes
de son peuple, c'est-à-dire la mise en œuvre d'une solution à deux États.
28 blessés palestiniens à Gaza après des frappes israéliennes
Alors que Benyamin Nétanyahou était au siège de l'ONU à New York, son armée a annoncé avoir lancé trois frappes sur la bande de Gaza après des violences survenues lors d'un rassemblement à la frontière au cours duquel 28 Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens, selon des sources de santé palestiniennes.
Ces frappes, menées en fin d'après-midi, surviennent sur fond de violences quasi quotidiennes depuis une dizaine de jours entre manifestants palestiniens et forces israéliennes de part et d'autre de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, un territoire contrôlé par le mouvement islamiste Hamas.

Un char israélien à la frontière avec Gaza, où l'armée dit avoir effectué une série de frappes aériennes après que les Palestiniens eurent lancé des ballons incendiaires en Israël.
Photo : Associated Press / Tsafrir Abayov
Un drone a frappé deux postes militaires appartenant à l'organisation terroriste du Hamas adjacents aux zones où une émeute violente avait lieu et d'où des ballons incendiaires avaient été lancés
, a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.
Un char a tiré sur un troisième poste militaire du Hamas, situé à côté de la zone d'où, selon l'armée, des tirs sont partis contre les forces israéliennes qui agissaient contre l'émeute
.
Une source de sécurité dans la bande de Gaza a déclaré à l'AFP, sous couvert d'anonymat, qu'au moins deux frappes israéliennes avaient touché des sites militaires du Hamas à l'est de la ville de Gaza
.
Aucun blessé n'a été signalé dans les frappes.
Plus tôt dans la journée, des heurts ont opposé des manifestants palestiniens lançant des pierres aux forces israéliennes stationnées de l'autre côté de la frontière de la bande de Gaza, a constaté un journaliste de l'AFP.

L'armée israélienne a déclaré avoir frappé trois postes appartenant au Hamas, le groupe militant islamique qui dirige la bande de Gaza depuis 2007.
Photo : Associated Press / Adel Hana
Des panaches de fumée noire ont envahi la zone lorsque des Palestiniens ont incendié des pneus.
Selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza, 28 Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens lors des heurts.
Ce chiffre porte à 88 le nombre de blessés depuis le début des violences à la frontière plus tôt ce mois-ci, au cours desquelles six Palestiniens ont été tués.
La bande de Gaza, territoire palestinien pauvre et exigu, est soumise à un blocus israélien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Ces dernières années, de nombreuses guerres y ont opposé des combattants palestiniens aux forces israéliennes.
En mai, Israël et des groupes armés palestiniens se sont affrontés à coup de frappes aériennes sur la bande de Gaza et de roquettes tirées vers le sol israélien. Ces violences ont coûté la vie à 34 Palestiniens et à une Israélienne.