Changement de la carte électorale : des courses serrées en vue

La députée d'Algoma-Manitoulin-Kapuskasing, Carol Hughes, affirme qu'elle ne sait pas si elle sera candidate aux prochaines élections. Sa circonscription est éliminée et le territoire est jumelé à d'autres circonscriptions.
Photo : CBC/Erik White
Alors que les trois principaux partis fédéraux affirment que la perte d'une circonscription dans le Nord est négative pour la région, certains candidats pourraient profiter du redécoupage lors de la prochaine élection.
Le Parlement du Canada a approuvé cette semaine le redécoupage proposé des circonscriptions électorales fédérales, qui fera passer le nombre de députés du Nord de l’Ontario de 10 à 9 lors des prochaines élections.
Gordan Rennie, président de l'association conservatrice de Nipissing—Timiskaming, croit que l'ajout des communautés d'Englehart, Earlton et Elk Lake pourrait faire pencher la balance en faveur de son parti, dans cette circonscription actuellement détenue par les libéraux.
Nous sommes très excités par ce que ça veut dire pour nous
, s'exclame-t-il.
M. Rennie affirme que les derniers sondages sont favorables aux conservateurs, et il souligne que le départ du député actuel, le libéral Anthony Rota qui a annoncé récemment qu'il ne sera pas candidat aux prochaines élections, est une bonne nouvelle pour le Parti conservateur.
Le changement des limites des circonscriptions pourrait rendre d'autres courses très serrées ou des réélections très difficiles.
Par exemple, la circonscription de Nickel Belt perd des secteurs du Grand Sudbury qui ont voté en grand nombre pour le libéral Marc Serré et gagne les secteurs d'Espanola et de l'île Manitoulin, qui ont voté principalement pour le NPD en 2021, avec les conservateurs en deuxième place.
Le défi de se faire connaître
Sharon Murdock, ancienne députée néo-démocrate de Sudbury et maintenant organisatrice fédérale de Nickel Belt, affirme qu'il ne sera pas facile pour les candidats de se faire connaître et de comprendre les enjeux de ces nouvelles et vastes circonscriptions.
C'est difficile à faire dans les limites actuelles, cela va être extrêmement difficile avec les nouvelles frontières.
À lire aussi:
De son côté, l’ancienne candidate libérale dans la circonscription d'Algoma–Manitoulin–Kapuskasing, Heather Wilson, croit que beaucoup d'électeurs vont réaliser seulement au moment d’aller voter que leur circonscription n’existe plus.
Elle craint que le caractère unique du Nord de l'Ontario
que l'on retrouve dans les zones rurales de la région ne soit perdu quand elles seront regroupées avec les grandes villes de Sudbury, Sault Ste. Marie et Timmins.
De son côté, le député libéral Terry Sheehan, qui compte trois mandats, se dit impatient de se présenter dans la circonscription agrandie Sault Ste. Marie-Algoma.

Terry Sheehan est le député libéral dans la circonscription actuelle de Sault Ste.Marie. (Photo d'archives)
Photo : Parti libéral du Canada
L'une des choses qui me motivent, c'est que Sault Ste. Marie et Algoma sont à la frontière des États-Unis et je constate une américanisation de notre politique
, affirme-t-il.
Résumé des principaux changements :
Algoma–Manitoulin–Kapuskasing est divisé :
la partie nord-est, qui comprend Hearst et Kapuskasing, est ajoutée au territoire de la circonscription de Timmins–Baie James, qui devient Kapuskasing–Timmins–Mushkegowuk;
les régions du district d’Algoma au nord et à l’est de la ville de Sault Ste. Marie, y compris Wawa, Hornepayne, Blind River et Elliot Lake, sont fusionnées à la circonscription de Sault Ste. Marie, pour former Sault Ste. Marie–Algoma;
l’île Manitoulin et le secteur d’Espanola sont regroupés avec Nickel Belt pour créer la circonscription de Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt;
le secteur du parc national de Pukaskwa est cédé à Thunder Bay–Supérieur-Nord.
Sudbury cède la partie ouest de son territoire, dont Naughton et Whitefish, à la nouvelle circonscription de Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt, mais obtient en échange les secteurs de Wanup, Coniston, Falconbridge, Skead et Wahnapitae, à l’est.
- Nipissing–Timiskaming gagne un peu de territoire au nord, jusqu'à maintenant dans la circonscription de Timmins–Baie James. Cela comprend les communautés de Thorneloe, Earlton et Englehart.
- Thunder Bay–Supérieur-Nord gagne aussi une partie du territoire de la circonscription de Kenora et de Timmins–Baie James, dont les Premières Nations de Eabametoong et Webequie.
- Kenora devient Kenora–Kiiwetinoong et cède aussi une petite partie de son territoire à la circonscription de Kapuskasing–Timmins–Mushkegowuk.
- Thunder Bay–Rainy River conserve le même territoire, à l’exception d’une petite partie du lac Supérieur entre l’île Pie et le parc provincial du Sleeping Giant qui est ajouté à Thunder Bay–Supérieur-Nord.
Une perte pour la région
Comme l’ont fait des élus de différents partis politiques, la députée néo-démocrate de la circonscription actuelle d’Algoma–Manitoulin–Kapuskasing, Carol Hughes, souligne la perte pour la représentation pour le Nord de l’Ontario à la Chambre des communes et le fait que les députés auront des circonscriptions plus grandes.
La circonscription d'Algoma-Manitoulin-Kapuskasing disparaîtra et son territoire sera réparti entre quatre autres circonscriptions.
Ça met plus de pression sur les députés dont la circonscription a un territoire plus vaste pour être capables de desservir les gens
, affirme Mme Hughes.
Elle affirme ne pas savoir si elle sera candidate aux prochaines élections.
En ce moment, je réfléchis et j’essaie de mettre de l’avant les changements dont on a besoin pour protéger les circonscriptions dans le Nord pour le futur
, affirme la députée qui souligne qu’elle déposera bientôt des pétitions à ce sujet.
Avec les informations d'Erik White de CBC