Les séparatistes du Haut-Karabakh négocient le retrait de leurs troupes
Le Haut-Karabakh, région montagneuse du Caucase à majorité arménienne, mais reconnue comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, est au centre d’un long conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Des véhicules de soldats russes de « maintien de la paix » quittent la région azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh pour l'Arménie.
Photo : Reuters / IRAKLI GEDENIDZE
Les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh, qui ont déposé les armes après une offensive éclair de l'Azerbaïdjan, ont rendu six blindés et plus de 800 armes légères et des munitions, a annoncé vendredi le contingent de la paix russe.
Conformément aux accords de cessation des hostilités, les formations armées du Karabakh ont commencé à remettre leurs armes et équipements militaires sous le contrôle des forces russes de maintien de la paix. Au 22 septembre, six véhicules blindés, plus de 800 armes légères et antichars et environ 5000 munitions avaient été remis.
Moscou a également rapporté deux violations au cours de la journée du cessez-le-feu instauré mercredi, soit moins que la veille.

Des véhicules de soldats russes de « maintien de la paix » quittent la région azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh pour l'Arménie.
Photo : Reuters / Irakli Gedenidze
Le contingent russe a par ailleurs indiqué avoir livré 50 tonnes d'aide humanitaire aux habitants du Haut-Karabakh, confrontés à une situation d'urgence humanitaire, et organiser l'hébergement de plus de 800 déplacés, dont plus de la moitié sont des enfants.
Les séparatistes du Haut-Karabakh ont annoncé vendredi négocier avec l'Azerbaïdjan le retrait de leurs troupes de cette région en majorité peuplée d'Arméniens, mais reconnue par la communauté internationale comme faisant partie de l'Azerbaïdjan.

Un immeuble résidentiel endommagé par les bombardements à Stepanakert, au Haut-Karabakh, le 19 septembre. L'Azerbaïdjan a qualifié son intervention militaire d'« opération anti-terroriste ».
Photo : AP / Siranush Sargsyan
Bakou a triomphé lors d'une offensive éclair de 24 heures qui a poussé les séparatistes arméniens, acculés par la puissance de feu azerbaïdjanaise et abandonnés par le gouvernement d'Erevan, à capituler.
Des pourparlers de réintégration
du Haut-Karabakh au sein de l'Azerbaïdjan ont commencé jeudi.
Crise humanitaire
Dans le corridor de Latchine, la seule route reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie, mais bloquée depuis plus de neuf mois par l'Azerbaïdjan, des hommes attendaient vendredi le retour de proches coincés dans cette région près d'un des derniers postes de contrôle tenus par l'armée arménienne.
Ça fait trois jours et trois nuits que j'attends. Je dors dans la voiture
, a confié à un journaliste de l'AFP Garik Zakarian, 28 ans, en quête de nouvelles de son beau-frère et de sa belle-mère, qu'il espère voir rapidement évacués.
Accusé de passivité face à l'Azerbaïdjan, le premier ministre arménien Nikol Pachinian a reconnu vendredi matin au cours d'un conseil des ministres que la situation
restait tendue
au Haut-Karabakh, où la crise humanitaire se poursuit
.
Mais il y a un espoir de dynamique positive
, a ajouté le chef du gouvernement, pour qui le cessez-le-feu entré en vigueur mercredi entre les séparatistes arméniens et Bakou est globalement
respecté, malgré des violations isolées
signalées jeudi.

Des personnes participent à un rassemblement devant le siège du gouvernement à Erevan le 22 septembre 2023, à la suite des opérations militaires azerbaïdjanaises contre les forces séparatistes arméniennes du Haut-Karabakh.
Photo : Getty Images / AFP / Karen Minasyan
Vendredi matin, des personnes hostiles à M. Pachinian ont de nouveau manifesté à Erevan, la capitale de l'Arménie, pour protester contre la gestion de la crise au Haut-Karabakh par le gouvernement.
Les partis d'opposition, qui reprochent au premier ministre d'avoir fait trop de concessions à Bakou, réclament sa démission et plusieurs de leurs dirigeants ont fait connaître leur intention d'ouvrir au Parlement une procédure de destitution à son encontre.
Les gens doivent descendre dans la rue, le Karabakh a besoin de nous
, s'est exclamée auprès de l'AFP Lida Mkrtchyan, 43 ans, originaire de cette région.
C'est un cauchemar dont nous ne pouvons pas nous réveiller. Pourquoi n'ouvrent-ils pas un couloir pour que les gens puissent partir?
Selon la police arménienne, 84 manifestants ont été arrêtés. Ces interpellations s'ajoutent à celles survenues mercredi et jeudi à la suite d'émeutes au cours desquelles des contestataires ont jeté des pierres et des bouteilles devant les bureaux de M. Pachinian.
Ce dernier a appelé au calme, tout en promettant d'agir fermement
face aux émeutiers. Il faut emprunter le chemin
de la paix, même s'il n'est pas facile
, avait-il exhorté jeudi.
Le chef du gouvernement arménien a par ailleurs accusé la Russie, dont un contingent est déployé au Haut-Karabakh depuis la guerre de l'automne 2020, d'avoir failli à sa mission de maintien de la paix.
Selon l'Azerbaïdjan, six soldats de la paix russes ont été tués pendant son offensive. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a présenté ses excuses
à son homologue russe Vladimir Poutine, selon le Kremlin.
Le succès militaire des Azerbaïdjanais nourrit les craintes d'un départ massif des 120 000 habitants du Haut-Karabakh, même si l'Arménie a promis qu'aucune évacuation de masse n'était prévue. Elle s'est néanmoins dite prête à accueillir 40 000 familles
de réfugiés.
Le Haut-Karabakh a déjà été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie : l'une de 1988 à 1994 (30 000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6500 morts).