À quel point parle-t-on d’orientation sexuelle et d’identité de genre dans les écoles?

Des centaines de personnes se sont rassemblées à Vancouver, mercredi, pour dénoncer la position de certains groupes qui affirment que les sujets de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre n'ont pas leur place dans les écoles.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
L’éducation à propos de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre a été à l’origine de nombreux rassemblements (Nouvelle fenêtre) à travers le Canada, mercredi, soulevant des questions au sujet de la place qu'occupent ces sujets dans les écoles.
Contrer l'intimidation
En Colombie-Britannique, les établissements scolaires sont tenus d'avoir des codes de conduite et des politiques contre l’intimidation qui tiennent compte des motifs de discrimination protégés en vertu du Code des droits de la personne de la Colombie-Britannique.
Ces motifs incluent notamment l'orientation sexuelle et l'identité de genre, souvent dénommées par l’acronyme OSIG (ou SOGI, en anglais, pour sexual orientation and gender identity).
Depuis le le 31 décembre 2016, les écoles publiques et les écoles indépendantes dans la province ont été mandatées par le gouvernement provincial d'inclure des références spécifiques à l'orientation sexuelle et l'identité de genre dans leur politique contre l'intimidation
, indique Maria Stinchcombe, présidente du syndicat des enseignantes et enseignants du programme francophone de la Colombie-Britannique.

Selon Statistique Canada, les jeunes de la diversité sexuelle et de genre étaient plus susceptibles d’être victimes d’intimidation que les jeunes cisgenres, avec une différence marquée pour trois formes d’intimidation : se faire moquer de soi ou insulter par d’autres, être exclu d’activités et faire l’objet de rumeurs propagées par d’autres.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms
Une étude de Statistique Canada de 2022 révèle que 7 jeunes sur 10 ayant entre 15 à 17 ans ont déclaré avoir subi une forme d’intimidation au cours de l’année précédente. Il existe toutefois un écart : 77 % des jeunes de la diversité sexuelle et de genre indiquent avoir subi de l’intimidation, contre 69 % des jeunes cisgenres qui sont attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent.
En [faisant en sorte] que la discrimination ne [puisse] plus se faire sur l'orientation sexuelle ni l'identité de genre, ça améliore le climat scolaire pour tous les élèves, pas seulement les élèves LGBTQIA2S+
, poursuit Maria Stinchcombe.
Pas un programme
Le ministère de l’Éducation et des Services de garde d'enfants précise que l’OSIG ne constitue pas un programme spécifique, mais un ensemble de ressources
qui peuvent être trouvés dans le programme d'éducation physique et de santé notamment, indique le ministère.
À lire aussi :
La province précise qu'explorer les facteurs qui façonnent les identités personnelles, dont l'orientation sexuelle et l'identité de genre font partie, constitue un objectif d'apprentissage en éducation physique et de la santé.
Premièrement, c’est montrer de l'empathie et écouter quand quand un enfant dit quelque chose. [...] Puis s'assurer qu'on est inclusif et qu'on aborde, par exemple, tous les modèles de famille
, précise Jean-Michel Oblette, enseignant du primaire à Vancouver.
J'ai des élèves qui ont peut-être un parent, qui sont adoptés ou qui ont deux mamans. Je m'assure [que] ces exemples [soient donnés] de temps en temps.
La province met aussi à la disposition des éducateurs des ressources pour refléter la diversité en terme d'OSIG dans la vie des élèves et dans la société. C'est un guide d'accompagnement pour les enseignants. [...] C'est conçu pour garantir que toutes les familles soient reflétées dans le matériel scolaire qu'on utilise
, ajoute Maria Stinchcombe.
Une question de représentation
Pendant longtemps, on n'avait pas de représentation dans les écoles
, indique Liberté Bailey Vaudandaine, élève de 12e année de l'école Victor-Brodeur et présidente du comité OSIG de l’école. À travers le comité, des élèves créent des activités ou encore des contenus comme des vidéos pour sensibiliser à la diversité.
Dans les cours, Liberté Bailey Vaudandaine estime toutefois que les sujets reliés à l’OSIG ne sont pas particulièrement présents.
On en parle peut-être une fois par année, mais pas dans tous les cours. Peut-être en histoire, [...] en français.
Jean-Michel Oblette abonde dans le même sens. On a déjà tellement d'autres choses à couvrir
, indique l’enseignant.

Une étude sur la cybervictimisation et la santé mentale chez les jeunes Canadiens indique que les jeunes transgenres et non binaires, les filles attirées par les personnes du même genre et les adolescents atteints de problèmes de santé chroniques ont une probabilité plus élevée d’être victimes de cybervictimisation.
Photo : Radio-Canada / Jane Robertson/CBC
Je trouve ça important
Geneviève Deschamps est maman de deux enfants à Esquimalt, près de Victoria. Elle estime que les discussions au sujet de l’OSIG à l’école ont leur place. Je pense que c'est important de continuer à en parler, parce que s'il y a encore un mouvement, c'est qu'il y a encore des besoins
, dit-elle, en référence aux rassemblements et contre-rassemblements de mercredi.
Maintenant, tout le monde voyage. Il y a de la culture partout et de la diversité, il faut l'apprendre. [L’OSIG] en fait partie autant que n'importe quelle autre diversité.
Tu devrais être capable d'être qui tu es, quand tu veux, où tu veux
, estime Geneviève Deschamps.
Avec les informations de Julie Landry