Quatre choses à savoir sur les relations commerciales entre l’Inde et le Canada

Le ministre indien du Commerce et de l'Industrie, Piyush Goyal (à gauche), accueille Mary Ng, ministre canadienne du Commerce international, lors d'une session des ministres du Commerce au Sommet du B20 tenu en marge du G20 à New Delhi, en Inde, le 25 août 2023.
Photo : Associated Press / Altaf Qadri
Les tensions entre le Canada et l’Inde à la suite des récentes déclarations de Justin Trudeau au sujet de l'assassinat d'un militant sikh en Colombie-Britannique pourraient nuire à une relation commerciale en plein essor.
1. Une relation en plein essor
Le commerce entre le Canada et l’Inde est en pleine croissance. Entre 2013 et 2022, les échanges de marchandises entre ces deux pays ont augmenté de 137 %.
L’Inde était le cinquième partenaire commercial du Canada en ce qui a trait au commerce de marchandises dans la région indo-pacifique, le dixième à l’échelle mondiale et la neuvième destination des exportations canadiennes de marchandises.
En ce qui concerne les services, en 2022, le Canada en a exporté pour 6,15 milliards de dollars vers l’Inde, tandis qu’il en a importé pour 2,9 milliards.
2. Le risque posé par les tensions diplomatiques
À la suite du différend diplomatique entre les deux pays, la mission commerciale d’Équipe Canada, qui devait commencer le 9 octobre, a été suspendue.
La ministre fédérale du Commerce, Mary Ng, devait y participer. Son cabinet présentait cette visite comme une pièce maîtresse de la récente Stratégie indo-pacifique du gouvernement.
Le Canada a également suspendu il y a quelques semaines les négociations en vue d'un accord commercial avec New Delhi.
Il s'agit d'un accord très attendu par les milieux d’affaires, qui y voient l’occasion de gains juteux (Nouvelle fenêtre) et qui s’inquiètent de voir d’autres pays placer leurs pions dans la région.
Selon les estimations du Conseil canadien des affaires, l'Accord de partenariat économique global (APEG) entre le Canada et l'Inde permettrait d’accroître le commerce bilatéral de 8,8 milliards de dollars par an et d’augmenter le PIB annuel de 0,25 % d’ici 2035.
3. Échanges diversifiés
Les principales exportations indiennes vers le Canada comprennent des produits pharmaceutiques, des pierres précieuses et des bijoux, des textiles, des produits électroniques et de la machinerie.
Les exportations du Canada vers l’Inde comprennent des combustibles fossiles, des fertilisants, des légumineuses, du bois, des pâtes et papiers ainsi que des produits miniers.

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a critiqué le manque de communication de la part d'Ottawa dans ce dossier. L'Inde représente un important marché commercial pour la province. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Kirk Fraser
Plus de 600 entreprises et organisations canadiennes sont présentes en Inde, notamment des géants comme Bombardier et AtkinsRéalis (auparavant SNC-Lavalin).
Des dizaines d’entreprises indiennes ont investi au Canada, surtout dans le secteur des technologies de l’information, notamment TCS, Infosys et Wipro.
En 2022, la valeur des investissements directs canadiens en Inde a atteint 3,7 milliards de dollars.
Les investissements de portefeuille et institutionnels canadiens en Inde ont quant à eux atteint 70 milliards de dollars.
Le Régime de pensions du Canada a investi environ 15 milliards de dollars sur les marchés indiens dans des domaines tels que l'immobilier, les énergies renouvelables et le secteur financier. La Caisse de dépôt et placement du Québec ainsi que le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l'Ontario (RREO) y ont eux aussi des investissements substantiels.
4. Une manne pour l'éducation postsecondaire
Depuis plusieurs années, l'Inde est le principal pays d'origine des étudiants étrangers au Canada.
En 2022, près de 226 000 ressortissants indiens ont obtenu un permis pour venir étudier au Canada. Ils représentent plus de 40 % des étudiants étrangers arrivés au pays cette année.
Les tensions diplomatiques pourraient-elles se répercuter sur eux aussi?
Le marché de l’éducation internationale est extrêmement concurrentiel, plusieurs pays tentant d'attirer des étudiants étrangers. Si l’Inde décourageait ses ressortissants de venir étudier au Canada, plusieurs institutions qui comptent sur eux pour se financer pourraient avoir des problèmes.
Les étudiants étrangers ont injecté 22 milliards de dollars dans l’économie canadienne en 2018, selon Affaires mondiales Canada. Depuis, leur nombre a augmenté de 55 %.
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