83 % des professionnels en soins peinent à donner les services, selon la FIQ

L’enseignement et la promotion de la santé auprès des patients et de leurs proches sont parmi les services les moins souvent rendus par les professionnels en soins, selon la FIQ. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui
Les infirmières, les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes et les perfusionnistes cliniques ne réussissent pas à donner tous les soins requis à leurs patients selon les normes en vigueur, avance la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
Après une consultation menée auprès de 10 000 de ses 80 000 membres, la Fédération conclut que 83 % des professionnels en soins ne peuvent pas accomplir toutes leurs tâches en raison de la charge de travail trop lourde. Le personnel serait donc contraint de prioriser et de mettre de côté certains soins.
C'est la sécurité du public qui est en jeu. La population est à risque quand on doit trop prioriser nos soins.
À l'échelle de la province, plusieurs catégories de soins sont réalisés moins de 50 % du temps, révèle l'analyse. C'est le cas notamment de la documentation des activités professionnelles et de l'état du patient (43 %), de la réalisation des soins de plaies et de la peau (43 %), de l'administration des médicaments PRN dans les cinq minutes suivant la demande des patients (43 %) ainsi que de la réponse aux sonneries et aux demandes d'assistance à l'intérieur de cinq minutes (33 %).
« C'est difficile pour une infirmière de rentrer chez elle, d'avoir l'impression d'avoir oublié quelque chose, de même, souvent, de rappeler les unités pour s'assurer d'un soin. On est toujours dans l'incertitude d'avoir fait notre travail du mieux qu'on pouvait », raconte la vice-présidente du Syndicat interprofessionnel du CHU de Québec, Marie-Claude Cyr.

Marie-Claude Cyr, Sébastien Bouchard et Caroline Gravel en conférence de presse mercredi.
Photo : Radio-Canada / Tifa Bourjouane
Dans la Capitale-Nationale, le CHU de Québec présente les pires résultats comparativement au CIUSSS de la Capitale-Nationale et à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), selon la recherche.
L’enseignement et la promotion de la santé auprès des patients et de leurs proches (19 %), le développement et la mise à jour des plans de soins et des plans thérapeutiques infirmiers (21 %) ainsi que la communication avec les patients et leurs proches, notamment le réconfort (23 %), sont les trois catégories de soins les moins souvent réalisés au CHU de Québec, affirment les répondants.
C'est un portrait triste et inquiétant. On n'est plus sur la qualité des soins mais sur la sécurité des soins.
À l’inverse, au CHU de Québec, au CIUSSS de la Capitale-Nationale et à l’IUCPQ, la réalisation des prélèvements, selon l’ordonnance, est le soin le plus souvent complété, entre 66 et 74 %. La moyenne provinciale se situe à 65 %, selon la recherche.
Dans la consultation, des soins non faits incluent les soins qui ne sont pas réalisés selon les standards, donnés trop rapidement, donnés en partie ou complètement omis.
Méthodologie :
La FIQ a utilisé les services de la firme de recherche SOM pour mener sa consultation du 5 au 23 juin 2023. Selon la Fédération, la marge d’erreur maximale des données varie entre 4 et 5 %, selon les questions.
La FIQ affirme avoir interrogé des employés de toutes les régions du Québec.
Le problème de la rétention du personnel
Toujours selon les résultats de la consultation, 42 % des professionnels en soins songent à quitter leur emploi à court ou à long terme.
C’est particulièrement marqué chez les 18-34 ans de même que chez celles qui ont plus de 55 ans. On parle ici de la relève et des professionnelles en soins d’expérience!
se désole Sébastien Bouchard.
La solution, les ratios?
Au CIUSSS de la Capitale-Nationale, le ratio atteindrait parfois une infirmière pour 65 patients, selon Caroline Gravel. Elle soutient qu'un meilleur ratio est une des principales solutions pour améliorer les conditions de travail des professionnels en soins, l'attraction et la rétention du personnel, mais elle constate que « cette volonté n'est pas là avec la CAQ ».
Mme Gravel souhaiterait que le Québec s'inspire de la Colombie-Britannique, devenue la première province au pays à instituer un ratio pour les infirmières, en avril dernier.
Rappelons que la FIQ est actuellement en négociations avec le gouvernement provincial pour sa convention collective, arrivée à échéance le 31 mars dernier.
La semaine dernière, la Fédération a dénoncé la décision de Québec de mettre fin aux primes pour les professionnels en soins, auxquels ils avaient droit depuis la pandémie de COVID-19.
Ces primes doivent être suspendues le 30 septembre.