De nouvelles machines pour découvrir le contenu des drogues dans les rues d’Ottawa

Une femme s'injecte dans un centre d'injection supervisée d'Ottawa, en janvier 2021. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Santé publique Ottawa (SPO) prévoit publier, en ligne, les résultats sommaires des tests de dépistage de drogues effectués dans les centres d’injection supervisée. Le but : permettre à la Ville d’avoir un portrait plus clair de l’approvisionnement en drogues illicites.
Les données proviendront de quatre nouveaux appareils de dépistage de drogues. SPO en achète deux, qui s’ajouteront aux deux autres appareils obtenus grâce à une initiative de recherche provinciale.
Ottawa Inner City Health, qui opère aux Bergers de Bonne Espérance, a récemment lancé son service de tests, et le Centre de santé communautaire Côte-de-Sable vient de suivre avec sa nouvelle détection par machine.
SPO prévoit en utiliser une dans ses propres installations du marché By et en fournir une autre au Centre de santé communautaire Somerset Ouest. Les appareils devraient être opérationnels d’ici la fin de l’année, selon le personnel de SPO.
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Changer le comportement
La médecin-chef en santé publique de Santé publique Ottawa, la Dre Vera Etches, a mentionné lundi soir, lors d'une réunion du conseil de santé, que des informations précises sur le contenu des drogues peuvent aider les consommateurs de drogues à prendre de meilleures décisions.
Dans d’autres endroits où l’on utilise le contrôle des drogues, il a été démontré [qu’il est possible] de changer le comportement des gens, d’aider les gens à ralentir leur consommation ou à décider qu’ils ne vont pas l’utiliser
, a-t-elle expliqué.
C’est complexe. Il est difficile de savoir ce qu'il y a dans les drogues. Comme nous le voyons, cela peut être mortel, même avec une seule utilisation.
Le Centre de santé communautaire Côte-de-Sable a commencé à utiliser un spectromètre de masse pour tester des drogues dans son centre d'injection supervisée, il y a quelques années, mais selon la Dre Etches, cette machine est capricieuse.
Les nouvelles machines feront bien plus que sauver des vies, a-t-elle poursuivi. Elles fourniront des renseignements à grande échelle qui pourront informer l’ensemble de la communauté. SPO prévoit publier certaines informations publiquement sur son tableau de bord sur la santé mentale, les dépendances et l’usage des substances.

La Dre Vera Etches, médecin-chef en santé publique de Santé publique Ottawa (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Francis Ferland
Quelqu'un peut venir dans ce service en disant qu'il a acheté de la cocaïne, mais lorsque nous la vérifions, nous pourrons démontrer qu'il peut y avoir d'autres substances
, a expliqué la gestionnaire du programme des services de santé sexuelle et de réduction des méfaits à SPO, Kira Mandryk.
Elle a ajouté que les machines disposent d'une vaste bibliothèque de substances
qu'elles pouvaient détecter. Selon Mme Mandryk, les données proviendront des quatre machines, combinant les informations de SPO et de ses partenaires, afin de donner une image globale de l'offre de drogues non réglementées à Ottawa.
Selon elle, cela présente un avantage certain en matière de santé publique.
Je pense qu'il est important que les gens sachent ce qui existe dans l'offre de drogues non réglementées afin qu'ils puissent prendre des décisions éclairées sur leur utilisation et le niveau de risque de cette utilisation, en cas de surdose qui pourrait survenir.
Des élus inquiets
Toutes ces informations sur les nouveaux appareils de détection ont été entendues lors d’une réunion au cours de laquelle plusieurs personnes ont mis de l’avant l’ampleur de la crise des opioïdes et des surdoses dans la ville.
Au cours des trois premiers mois de l’année, 49 personnes sont mortes d’une surdose, selon les données de SPO. Des chiffres plus récents concernant les visites aux urgences suggèrent que la crise se poursuit. On a recensé 135 consulations aux urgences pour des surdoses en mai et juillet.
Nous voyons les choses empirer, pas s’améliorer
, a déclaré le conseiller municipal de Rideau-Rockville, Rawlson King.
Sa collègue de Rideau-Vanier, Stéphanie Plante, a ajouté qu’il s’agit d’un problème avec des tentacules, dont personne ne comprend vraiment l'ampleur et la complexité
. Elle a admis que son bureau avait été inondé de courriels à ce sujet. Elle a réclamé de meilleures données, une meilleure collaboration et des objectifs ambitieux.

Les conseillers Stéphanie Plante et Rawlson King. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean Delisle
Le conseiller d’Alta Vista, Marty Carr, a présenté une motion ordonnant à Santé publique Ottawa de sensibiliser davantage le public, d’améliorer le partage de données et de développer davantage sa stratégie multisectorielle sur les surdoses pour répondre à la crise des opioïdes.
La Dre Vera Etches a déclaré avoir pris acte que beaucoup de gens s’inquiétaient du fait que les stratégies ne sont pas liées et ce qui est fait n’est pas clair
. Elle prévoit des travaux pour renforcer un groupe de travail sur la prévention et la réponse aux surdoses, affirmant qu’il est nécessaire de le revigorer
et d’attirer de nouveaux membres.
Avec les informations d’Arthur White-Crummey de CBC News