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Des communautés autochtones tentent de décoloniser le genre et l’identité sexuelle

Un drapeau des bispirituels.

La non-binarité est un élément traditionnel dans plusieurs communautés autochtones.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Plusieurs communautés autochtones au Canada et aux États-Unis tentent de décoloniser le genre et l'identité sexuelle tout en se penchant sur l'histoire et les termes traditionnels autrefois utilisés pour décrire les membres de la communauté LGBTQIA+.

De nombreux Autochtones qui appartiennent à la communauté LGBTQ+ utilisent l'expression bispirituel, tandis que d'autres adoptent des termes de leur propre langue.

Le terme bispirituel a été imaginé pour la première fois par l'aînée Myra Laramee, en 1990. Il s'agit d'une traduction de niizh manidoowag dans la langue anishinabe.

Traditionnellement, les personnes bispirituelles remplissaient divers rôles dans la société, encore réels dans certaines régions.

Ils s'occupaient des enfants et des personnes âgées, étaient des guérisseurs, des entremetteurs, des négociateurs de traités, ou encore des danseurs.

NDLR :

Le pronom iel, formé à partir des pronoms il et elle, est employé dans ce texte afin de refléter les identités de genre de Benny Michaud et de Siihasin Názbaa. Nous avons dû faire un choix pour les accords des adjectifs et des participes passés. Nous avons opté pour le masculin partout uniquement par souci d'uniformité.

La non-binarité, un élément traditionnel dans plusieurs communautés

Benny Michaud est responsable du Centre de soutien aux Autochtones et d'engagement communautaire de l'Université Carleton. Iel explique que le fait d'apprendre à expliquer son identité a été le cheminement de toute une vie.

Benny Michaud.

Benny Michaud est responsable de soutien aux Autochtones et d'engagement communautaire de l'Université Carleton.

Photo : (Gracieuseté : Benny Michaud)

Benny Michaud a toujours su qu’iel n’était ni un garçon ni une fille, mais dit qu'il était souvent difficile de trouver les mots justes pour aider les gens à comprendre son identité de genre.

Iel se décrit comme un tasta-ee-iniw, ce qui veut dire personne entre les deux en langue crie.

Cela décrit quelqu'un qui est sacré et mérite d'être respecté en tant que personne, un être sacré parmi tous les autres êtres de la Création, explique Benny Michaud.

Melody Wood, de l'organisme OUTSaskatoon.

Melody Wood a passé la majeure partie de sa vie adulte à élever les enfants des autres, autrefois un rôle traditionnel des personnes bispirituelles.

Photo : Radio-Canada / Chanss Lagaden

Melody Wood est membre de la Première Nation Little Pine, en Saskatchewan. Elle a passé la majeure partie de sa vie adulte à élever les enfants des autres, autrefois un rôle traditionnel des personnes bispirituelles.

Je suis heureuse de savoir que j'assume un rôle traditionnel, même si cela n'était pas volontaire.

Une citation de Melody Wood, membre de la Première Nation Little Pine

Elle a appris l’expression nāpēkan d’un aîné, ce qui veut dire semblable à un homme en langue crie.

L'une des choses qui m'ont constamment été transmises, c'est que nos cultures et notre mode de vie sont ancrés dans la langue, souligne Melody Wood. Elle offre d'ailleurs des encadrements aux jeunes bispirituels à travers l’organisme OUTSaskatoon.

Le terme nadleeh, qui veut dire celui qui change , est une expression utilisée dans la langue dinée, surtout dans la nation Navajo, l'une des plus grandes communautés autochtones aux États-Unis.

Selon Siihasin Názbaa, qui est originaire de cette communauté autochtone, les nadleehi ont toujours été acceptés et ont même occupé une place particulière parmi les Navajos.

Siihasin Názbaa, de la nation Navajo, dans le Low Mountain, dans la région de Black Mesa, en Arizona.

Selon Siihasin Názbaa, les nadleehi ont toujours été acceptés et ont même occupé une place particulière parmi les Navajos.

Photo : (Gracieuseté : Siihasin Názbaa)

Nous avons une langue qui inclut les personnes qui ne correspondent pas au genre binaire des colons. Nous avons toujours utilisé cette langue pour décrire différentes choses qui, en anglais, deviennent genrées, explique Siihasin Názbaa.

La binarité introduite par les colons

Dans son livre Third and Fourth Genders in Native North America, paru en 1998, l’activiste gai Will Roscoe a documenté le langage utilisé pour décrire plusieurs genres dans plus de 150 groupes autochtones en Amérique du Nord.

Selon Benny Michaud, le colonialisme a introduit l’idée qu’il n’y a que deux genres et, depuis, cette idéologie est omniprésente dans les communautés autochtones.

Cela a eu un impact sur tout dans nos communautés, sur la façon dont nous interagissons en tant qu'êtres humains, sur nos cérémonies, sur la façon dont nous traduisons nos langues en anglais, explique Benny Michaud.

Albert McLeod.

Albert McLeod est considéré comme une « grand-mère » par les personnes bispirituelles au Manitoba et à travers le Canada.

Photo : (Gracieuseté : Jordy Ironstar)

Albert McLeod a grandi au Manitoba et savait dès son plus jeune âge qu'il était gai. Il a éprouvé beaucoup de mal à s'adapter dans la société à cause de son identité.

À l’époque, il était entouré par l'idée avancée par l’Église qui affirmait que le fait d'être gai était une chose négative. Il avait aussi dû quitter la maison familiale dès l'âge de 19 ans pour pouvoir survivre mentalement et physiquement.

Albert McLeod affirme que, en raison des pensionnats pour Autochtones et des externats autochtones dans les Prairies, bon nombre des termes traditionnels qui étaient utilisés pour décrire les personnes autochtones appartenant à la communauté LGBTQ+ ont été perdus.

Il faut sensibiliser nos gardiens du savoir et nos aînés, nos dirigeants d'organisations autochtones, nos chefs et nos conseils à propos de l'histoire et de ces pertes, affirme-t-il. Nous devons ramener cette terminologie.

Avec les informations de Louise BigEagle

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