La faillite de Métro Média officialisée

La cession des actifs de Métro Média est annoncée environ un mois après la suspension des activités du groupe.
Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas
C'est officiellement la fin pour Métro Média : le PDG de l'entreprise, Andrew Mulé, a indiqué dimanche sur X (ex-Twitter) que la cession des actifs avait été entérinée, ce qui mettra officiellement fin à l'existence du journal Métro ainsi que de plusieurs autres publications régionales.
Cette annonce survient un peu plus d'un mois après la suspension surprise de l'ensemble des activités du groupe, à la mi-août, soit la publication du quotidien phare ainsi que d'une vingtaine de médias hyperlocaux.
À ce moment-là, plusieurs observateurs de la scène médiatique québécoise avaient qualifié cette suspension, prélude redouté à une faillite en bonne et due forme, de bombe atomique
pour l'information locale.
Aujourd’hui se tourne une page importante de l’histoire des médias au Québec
, a ainsi écrit M. Mulé sur le réseau social.
C’est donc la fin d’une époque, un triste épilogue d’une aventure humaine et professionnelle incomparable. Je pense à mes équipes, à nos lecteurs, et je ressens une tristesse infinie, beaucoup d’amertume et des regrets. Je ressens aussi un terrible goût d’inachevé
, a-t-il ajouté.
Comme facteurs expliquant la faillite de Métro Média, M. Mulé évoque notamment un héritage complexe, des difficultés structurelles, des obstacles inattendus et les défis conjoncturels de notre industrie
.
Malgré tout, mentionne-t-il encore, nous étions sur le point de réussir; nous avions une transition numérique aboutie, de plus en plus de lecteurs et un projet de transformation en coop de l'information sur la table
.
Le mois dernier, M. Mulé avait tiré à boulets rouges sur la décision, par la Ville de Montréal, d'interdire la distribution du Publisac sur son territoire; il s'agissait du mode de distribution du journal Métro dans la métropole.
[Nous] ne pouvions pas subir une perte dévastatrice de nos revenus subitement et suivre une feuille de route numérique ambitieuse et coûteuse sans aide financière externe. Nous sommes après tout une petite entreprise sans financement, et la fin prématurée de nos médias imprimés a fait [en sorte] que nous n'avions aucun moyen de financer rapidement notre avenir sans un investissement important
, mentionnait-il.
Dimanche, toujours dans son message publié en ligne, M. Mulé avait largement changé son fusil d'épaule. Ce n'est plus le temps de regarder en arrière, de chercher des coupables [...]. On a trop parlé – et je m'inclus là-dedans – de dividendes, de la Ville, du Publisac, et on a oublié l'essentiel : la survie et la pérennité de l'information locale.
Vers la mi-août, le Journal de Montréal révélait que le fondateur de Métro Média, Michael Raffoul, s'était versé un dividende de 2,57 millions de dollars en août 2021, soit quelques mois avant le début des déboires financiers de l'entreprise. M. Raffoul avait racheté les journaux de Transcontinental en 2018 pour former Métro Média.
On n'avait aucune raison, à ce moment-là, de penser qu'on allait perdre 80 % de nos revenus. L'ancien actionnaire était un distributeur de nos journaux, il nous donnait ses services, alors c'était une façon de [se repayer]
, avait alors expliqué M. Mulé, qui affirme qu'il n'était alors pas encore actionnaire de l'entreprise.
Se tourner vers l'avenir
Dans son message publié sur le web le PDG de Métro Média, Andrew Mulé, dit enfin souhaiter un débat positif et apaisé et de le recentrer sur l'essentiel : l'avenir des médias locaux
.
Métro Média a été créé au moment de l'acquisition du quotidien Métro ainsi que de 11 publications métropolitaines et de 5 autres dans la région de la Capitale-Nationale. Certaines de ces publications frôlaient le siècle d'existence.
L'entreprise compte encore 70 employés, dont une trentaine de journalistes, après plusieurs vagues de départs survenues depuis le début de l'année.