La « reine du Canada » autoproclamée forcée de quitter un village saskatchewanais

La GRC a escorté le convoi du mouvement QAnon de Romana Didulo hors de Kamsack, en Saskatchewan, mercredi.
Photo : (Gracieuseté : Jolene Finlay)
Une célèbre conspirationniste canadienne, connue pour être liée à la mouvance QAnon, a été escortée hors de Kamsack, en Saskatchewan mercredi. Cette dernière, Romana Didulo, qui prétend être la « reine du Canada » et des adeptes étaient entrés en convoi dans cette municipalité située à environ 350 km à l'est de Saskatoon.
Ce jour-là, en l'espace de six heures, quelques centaines d'habitants sur les 1800 habitants ont protesté pacifiquement contre leur présence.
Nina Cote, ainsi que son mari, sa mère et son fils de 2 ans, était dans la foule. La mère de famille était écœurée par sa rhétorique et craignait pour la sécurité de ses enfants, dont deux étaient à l'école ce jour-là.
Nous ne pouvons pas avoir quelqu'un comme ça dans notre communauté
, dit-elle, ajoutant avoir vu Romana Didulo assise devant l’auto-caravane.
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Selon le chef du Service d’incendie de Kamsack, Ken Thompson, la tension était perceptible devant un centre des Premières Nations de la ville, où étaient réunis certains partisans de la conspirationniste.

Romana Didulo, s'est attribuée de nombreux titres, dont celui de reine du Canada et de leader nationale autochtone. Elle a accumulé des milliers d'adeptes grâce à des théories de conspiration et à ce qu'elle appelle des « décrets ».
Photo : (Gracieuseté : Bitchute)
En effet, des membres de l'entourage de Mme Didulo ont informé certains résidents qu'ils allaient suivre une formation.
Ils allaient nettoyer la ville en un mois. Les gens étaient encore plus contrariés
, se souvient Ken Thompson.
Ce mouvement de solidarité des résidents est apprécié par la mairesse de la Ville, Nancy Brunt : La fierté que nous ressentons aujourd'hui dans notre ville est immense.
Nancy Brunt affirme que certains gardes de sécurité de Romana Didulo ont remis en cause son autorité.
Un autre a déclaré qu’ils étaient là parce que Dieu leur avait donné cette terre. On ne peut pas venir dans une ville et dire au maire, à l'agent de sécurité communautaire, à la GRC et aux habitants de la ville qu'on est aux commandes
, s'exclame Nancy Brunt.
On leur a dit : "Non, vous n'êtes pas aux commandes." Je suis la mairesse. C'est ma ville, c'est moi qui dirige. Les membres des Premières Nations ont dit : "Vous n'êtes pas notre cheffe. Vous n'êtes pas la reine du Canada. Nous ne vous reconnaissons d'aucune façon, sous quelque forme que ce soit."
Des mesures de sécurité ont été prises comme la sécurisation de l'hôpital de la ville. En effet, durant la période pandémique, les établissements et les professionnels de la santé ont été une cible particulière de Romana Didulo en raison des complots liés à la COVID-19.
Invitée à la réunion, Romana Didulo n'a jamais quitté son véhicule. Le convoi a été escorté hors de la ville mercredi, peu avant 16 h.
Une popularité qui inquiète
Romana Didulo voyage à travers le Canada dans un convoi, accompagné de partisans. Certains véhicules sont drapés de banderoles et de panneaux violets. Le convoi a tendance à se concentrer sur les communautés de petite et moyenne taille, selon le directeur général du Réseau canadien anti-haine, Evan Balgord.

La célèbre conspirationniste canadienne, connue pour être liée à la mouvance QAnon, Romana Didulo. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / Patrick Doyle
Elle a acquis des milliers d'adeptes en diffusant des théories du complot et ce qu'elle appelle des décrets sur les médias sociaux, en particulier sur Telegram, une application de messagerie populaire auprès de l'extrême droite.
Selon Evan Balgord, la conspirationniste Romana Didulo a commencé à être une théoricienne du complot d'extrême droite QAnon, il y a quelques années.
Cependant, dit-il, elle s’était transformée en quelque chose d'autre
. En effet, dit-il, certains de ses partisans ont des problèmes personnels pour avoir suivi ses directives, comme le refus de payer des impôts sur les factures de services publics.
D’autres directives comportent des tons de violence, précise Evan Balgord. Il ne s'agit pas nécessairement d'un groupe de personnes inoffensives
, a-t-il déclaré. Il s'agit d'une secte. Il suffit d'une seule personne, qui pourrait être en crise, pour mettre en pratique sa rhétorique.
Contactée par CBC, Romana Didulo n’a pas répondu à la demande d’entrevue.
Avec les informations de Nicholas Frew