Logement : un fonds de 900 millions $ dort à Ottawa depuis six mois, dénonce l’UMQ
Une telle somme pourrait contribuer à la lutte contre l'itinérance, plaident les municipalités.

Le président de l'Union des municipalités du Québec, Martin Damphousse, a réclamé le déblocage des sommes qui permettront aux municipalités de déposer des projets.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
L'Union des municipalités du Québec (UMQ) demande aux gouvernements Legault et Trudeau de s'entendre pour débloquer un fonds fédéral pour le logement de 900 millions de dollars qui dort à Ottawa, faute d'un accord entre les deux capitales.
Une telle somme pourrait pourtant contribuer à la lutte contre l'itinérance, un problème qui a pris beaucoup d'ampleur dans les dernières années, plaide son président, Martin Damphousse, qui est aussi maire de Varennes, près de Montréal.
Aujourd'hui, aucune municipalité ne peut déposer de projet, parce que nous sommes dans l'attente d'un règlement entre le gouvernement québécois et le gouvernement canadien pour nous assurer que les sommes puissent enfin être débloquées
, a-t-il expliqué en point de presse vendredi après-midi à Québec.
Dans toutes les autres provinces canadiennes, les municipalités ont [déjà] accès à ces sommes-là
, a dénoncé M. Damphousse. Au Québec, les villes sont dans l'attente
depuis environ six mois
, a-t-il souligné, aux côtés de nombreux maires et mairesses, dont Valérie Plante (Montréal) et Bruno Marchand (Québec).

Au moins 10 000 personnes vivent dans la rue au Québec, selon des données dévoilées par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Les membres de l'UMQ étaient réunis dans la Vieille Capitale vendredi pour participer à un sommet sur l'itinérance similaire à celui tenu la semaine dernière sur la fiscalité.
M. Damphousse en a profité pour donner la réplique au premier ministre Trudeau qui, plus tôt cette semaine, a blâmé les villes dans le dossier de la crise du logement en leur reprochant d’adhérer trop lentement au fonds fédéral visant l’accélération de la construction de logements.
Le président de l'UMQ dit avoir invité les ministres fédéraux et provinciaux présents au sommet à s'arranger pour que ça se règle rapidement
. Six mois, c'est bien trop long
, a-t-il laissé tomber.
Dans une déclaration écrite transmise à Radio-Canada, le cabinet du ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, a fait savoir que les négociations se poursuivent pour débloquer la somme dédiée au logement
et que les libéraux étaient impatients que cela se concrétise
.

Les villes du Québec affirment ne pas avoir les ressources suffisantes pour répondre aux défis quotidiens que pose cette augmentation de l'itinérance.
Photo : Radio-Canada / Bruno Giguere
Plus tôt dans la journée, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, avait promis dans son discours la tenue d’un nouveau dénombrement des sans-abri en 2024 – une demande du maire de Québec, Bruno Marchand.
Cette promesse s'ajoute aux 20 millions de dollars annoncés par M. Carmant jeudi pour s'assurer que les besoins en matière de refuges seront comblés cet hiver. Plusieurs organismes ont toutefois indiqué depuis que cette somme ne sera pas suffisante.
Il y aurait actuellement 10 000 itinérants au Québec, selon des chiffres dévoilés jeudi par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Il s'agit d'une hausse de 44 % en cinq ans.
Le problème a pris une telle ampleur que les municipalités se disent dépassées par les événements, d'où la tenue du sommet de l'UMQ.
Valérie Plante, qui réclame la construction de 2000 logements par année, a profité du point de presse de vendredi pour proposer au gouvernement Legault de créer un comité ministériel
sur l'itinérance, alors que Bruno Marchand a dit souhaiter l'élaboration d'un plan
en bonne et due forme pour faire face à la crise.

Entrevue avec la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le maire de Québec, Bruno Marchand, et la mairesse de Gatineau, France Bélisle