La défense met de l’avant les appels au calme de Tamara Lich et de Chris Barber

Tamara Lich à son arrivée au premier jour de son procès. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
La huitième journée du procès de Tamara Lich et de Chris Barber a permis à la défense de faire entendre une série de vidéos provenant des réseaux sociaux où les accusés manifestent leur désir, à plusieurs reprises, que la manifestation demeure pacifique.
Les avocats ont pu, tour à tour, contre-interroger la sergente de la police d’Ottawa, Joanne Pilotte, qui a été appelée à télécharger beaucoup de vidéos produites pendant le convoi des camionneurs. Cependant, elle ne les a pas toutes écoutées, vu le nombre important de contenus publiés sur les réseaux sociaux pendant les protestations.
Une avocate de M. Barber, Marwa Youness, lui a montré plusieurs vidéos, publiées entre le 3 février et le 17 février.
Au départ, on entend l’accusé dénoncer le comportement de certains manifestants, qui avaient brûlé le drapeau canadien.
Vous ternissez cet événement. Nous n’avons pas besoin de ces conneries ici. C’est pathétique et toxique
, a clamé le camionneur de Swift Current, en Saskatchewan, Chris Barber.

Les leaders Tamara Lich et Chris Barber en conférence de presse aux médias pendant le convoi des camionneurs à Ottawa. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Plus tard, M. Barber a aussi vanté le mouvement des camionneurs comme étant le plus respectueux de l’histoire d’Ottawa
, réitérant qu’il ne veut pas que les protestations deviennent un 6 janvier
, en référence aux événements qui se sont déroulés aux États-Unis, un an plus tôt.
Dans une autre publication du 7 février, il raconte avoir eu vent d’une rumeur voulant que la police d’Ottawa allait envoyer son escouade antiémeute. Le cas échéant, il demande aux manifestants de coopérer. Trois jours plus tard, il vante le travail de tous les corps policiers présents dans les rues du centre-ville.
Si vous voyez un policier, donnez-lui une tape dans le dos
, a-t-il conseillé.

Pendant le convoi, Chris Barber a vanté le travail de «90 % des policiers». (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Appuyé par un avocat et un ex-politicien
On le voit également le 14 février avec l’ancien premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Brian Peckford, qui était en poste au moment du rapatriement de la constitution et de l’adoption de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982.
L'ex-politicien a affirmé que le gouvernement canadien n'a pas le droit de limiter les droits des citoyens
comme cela a été fait pendant la pandémie de COVID-19, a-t-il plaidé.
Après que le premier ministre Justin Trudeau eut invoqué la Loi sur les mesures d’urgence, le 14 février, Chris Barber a partagé un message en compagnie de l’avocat Keith Wilson, qui représentait le convoi des camionneurs durant le blocage. Il mentionne que les autorités n'ont pas le droit d'arrêter les camionneurs si les manifestants n'enfreignent pas la loi.
L’avocat poursuit en partageant son impression que la police se prépare
et qu’elle va recourir à la violence
. Ainsi, nous voulons que les gens viennent à Ottawa rapidement pour se tenir aux côtés des manifestants.
Chris Barber conclut en ajoutant que c’est la seule façon de s’opposer à un gouvernement tyrannique
.

Brian Peckford (à gauche) était le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, lorsque le Canada s'est doté d’une entente constitutionnelle sans le Québec. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Peter Bregg
Au tour des avocats de Tamara Lich en après-midi
En après-midi, le tour est ensuite venu à l’un des avocats de Tamara Lich, Eric Granger, de contre-interroger la sergente, qui a dû passer quelques jours de plus que prévu au palais de justice d’Ottawa en raison de retards causés par des questions procédurales. Elle pourra maintenant retourner résoudre des homicides. On en a quelques-uns
, a-t-elle soufflé.
Joanne Pilotte a reconnu aux avocats des deux accusés avoir lu et entendu des messages mettant de l’avant l’amour
, la paix
et l’unité
au sein du convoi.
Ensuite, M. Granger a fait valoir que les publications provenant de la page officielle du convoi ne peuvent être attribuées à Tamara Lich puisqu’il est impossible de prouver que c’est bel et bien elle qui a écrit les messages en question.
Nous ne savons pas. C’est peut-être un groupe de personnes qui partage un mot de passe
, a dit la sergente. À cela, le co-avocat de l’Albertaine a rétorqué : c’est ça notre point. Nous ne pouvons pas savoir.

Tamara Lich a été arrêtée une première fois le 17 février 2022, soit le même jour que Chris Barber. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / Patrick Doyle
Plus tard, l’avocat a lu une publication du 20 janvier, quelques jours avant l’arrivée des camionneurs à Ottawa, indiquant que les organisateurs coopèrent avec la police depuis le début
. Nous ne voulons pas influencer la désobéissance civile
, a-t-il été écrit sur la page officielle de l’événement.
Cinq jours plus tard, Tamara Lich a publié une vidéo en direct où elle demande aux internautes de demeurer respectueux. Elle va même jusqu’à préciser que si une personne associée au convoi enfreint cette règle, veuillez le signaler à la police ou aux organisateurs
.
Nous ne sommes pas là pour faire preuve de violence. Ce n’est pas notre mission ni notre raison d’être.
En présentant ce contenu, la défense vise à répliquer à la Couronne, qui a préalablement présenté beaucoup de vidéos de Chris Barber et de Tamara Lich afin de montrer leur importance dans la manifestation qui a paralysé le centre-ville d’Ottawa pendant près de trois semaines.
À lire aussi :
Jour 7 | L’interrogatoire d’une sergente de police finalement terminé
Jour 6 | La cour voit les accusés en action durant le convoi des camionneurs
Jour 5 | Bras de fer judiciaire pour faire entendre des témoins
Jour 4 | Les avocats discutent de l’admissibilité des preuves sur Facebook
Jour 3 | Du contenu des réseaux sociaux de Chris Barber présenté
Jour 1 | Le premier témoin entendu
Les vidéos ont été présentées dans le cadre d'un voir-dire. Ce terme signifie que la juge doit décider si une preuve est admissible ou non.
Ces derniers jours, les avocats des accusés ont manifesté leur intention de soulever leur objection quant à l'admission de certains éléments de preuves provenant de la page Facebook du convoi des camionneurs.
Chris Barber et Tamara Lich font tous deux face à des accusations de méfait et d'incitation à commettre des méfaits, d'intimidation et d'entrave à la police, pour leur rôle dans l'organisation de la manifestation qui a bloqué les rues de la ville pendant trois semaines.
Le procès fera relâche vendredi, avant de reprendre lundi pour une durée de cinq jours. Avant de quitter jeudi, les deux parties ont convenu avec la juge de débattre d'une motion de la défense visant à exclure neuf témoins retenus par la Couronne.
Avec les informations de Rémi Authier