Au moins 10 000 sans-abri au Québec : le nombre d’itinérants bondit en région
Le ministre Lionel Carmant annoncera 20 millions de dollars pour les refuges, a appris Radio-Canada.

Le campement de sans-abri au bord de la rue Notre-Dame avait marqué les esprits en 2020.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Le nombre de sans-abri « visibles » dans les rues du Québec a presque doublé entre 2018 et 2022, révèlent de nouvelles données sur l'itinérance, obtenues par Radio-Canada, qui seront rendues publiques jeudi par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Un total de 10 000 sans-abri ont ainsi été recensés, contre 5789 quatre ans plus tôt.
Les chiffres confirment les inquiétudes des maires, qui se réuniront vendredi pour un sommet spécial au sujet de l'itinérance.
Leur appel à l'aide a été entendu, puisque, selon nos sources, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, annoncera, à cette occasion, l'octroi d'un montant de 20 millions de dollars pour la consolidation et la création de nouvelles places dans les refuges pour itinérants.
Près de la moitié des sans-abri sont à Montréal (4690, contre 3149 lors du précédent recensement), mais, dans les autres régions, la situation se dégrade fortement.
En Outaouais, le nombre de sans-abri a été multiplié par cinq depuis 2018. En Montérégie, on en compte trois fois plus et dans la Capitale-Nationale, leur nombre a doublé.
Le ministère a mis 11 mois à faire ce dénombrement, réalisé par des centaines d'intervenants qui s'étaient mobilisés dans les rues dans la nuit du 11 au 12 octobre 2022.
Le nombre total est probablement sous-estimé par rapport à aujourd'hui. Les intervenants de terrain disent en effet avoir constaté la présence d'encore plus de personnes en situation d'itinérance cet été.
Pour Montréal, ça m’apparaît sous-estimé
, réagit Annie Savage, directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).
La Ville de Montréal reconnaissait, plus tôt dans la saison estivale, faire face à « une grosse crise ». Au centre-ville de la métropole, le nombre de campements démantelés cette année atteint le chiffre de toute l'année dernière, et plus du double d'il y a deux ans.
Depuis 2018, la pandémie et la crise du logement ont exacerbé la crise de l'itinérance. Certains groupes sont surreprésentés parmi les sans-abri recensés, comme les Autochtones, les membres de la communauté LGBTQ+ ou encore les jeunes issus de la DPJ.

L'itinérance à Joliette : le reportage de Davide Gentile
Les expulsions de logement, première cause d'itinérance
Le rapport du ministère constate que les expulsions d'un logement (23 %) viennent au premier rang des causes de l'itinérance, devant les troubles liés à la consommation de substances psychoactives (21 %). Il s'agit d'expulsions pour loyer impayé, plaintes ou rénovictions.
Dans les campements qu’on démantèle, souvent, il y a des gens qui ont des meubles dans leur tente. Ils espèrent avoir un logement.
Au sujet de l'annonce de l'octroi de 20 millions de dollars du ministre Lionel Carmant, la directrice du RAPSIM juge le montant insuffisant.
J'espère qu'il y aura d'autres annonces
, dit Mme Savage. On a besoin de 40 millions $ à Montréal, juste pour maintenir l'offre d'hébergement d'urgence, on parle de 1600 places, qui ne sont pas suffisantes, été comme hiver.