Voici le parcours emprunté par les véhicules volés au Canada

Environ 9500 véhicules ont été volés à Toronto l'an dernier.
Photo : Radio-Canada / Camile Gauthier
Les vols de voiture sont en explosion au Canada. À Toronto seulement, il y en a eu environ 9500 en 2022 selon le Service de police de Toronto. Au Québec, la hausse du nombre de vols est de 50 % pour la même année, selon Association Équité, un jeune organisme de lutte contre le vol de véhicule et de défense des usagers.
De plus en plus de réseaux se mettent sur ce segment, car il est très rentable et peu risqué
, explique Brian Gast, un ancien enquêteur de la PPO et vice-président des services d’enquêtes d’Association Équité.
Hausse des vols de véhicules en 2022
Province | Augmentation |
---|---|
Québec | 50 % |
Ontario | 48,3 % |
Atlantique | 34,5 % |
Alberta | 18,3 % |
Du premier contact à la revente sur un autre continent, Radio-Canada retrace les étapes les plus courantes d’un véhicule volé.
Étape 1 : Une rue ou un stationnement public

Les véhicules récents sont repérés dans les stationnements publics.
Photo : Radio-Canada / Illustration : Camile Gauthier
La première étape se déroule dans un lieu public. Les voleurs repèrent les modèles récents qui les intéressent, par exemple sur les stationnements de centres commerciaux. Il s’agit le plus souvent de VUS ou de camionnettes comme la Honda CR-V, la Lexus RX Series, le Toyota Highlander ou le Ford F150 Series. Une fois un véhicule d'intérêt repéré, les voleurs y installent un traceur pour pouvoir le pister.
Étape 2 : Un domicile ou un stationnement privé

Les voleurs passent souvent à l'acte la nuit, quand les rues sont calmes.
Photo : Radio-Canada / Illustration : Camile Gauthier
Les voleurs opèrent le plus souvent la nuit, lorsque les véhicules sont peu surveillés, que ce soit devant une maison ou dans une rue résidentielle. Le vol peut prendre quelques secondes
, rappelait en conférence de presse fin 2022 le chef de la police régionale de York, Jim MacSween.
À lire aussi :
Les voleurs interceptent le signal de la clé électronique du propriétaire, qui se trouve dans la maison, en se tenant près de la porte puis déverrouillent les portières du véhicule et le font démarrer.
Étape 3 : Un lieu inconnu et discret

Les véhicules volés sont souvent stationnés pendant quelques jours.
Photo : Radio-Canada / Illustration : Camile Gauthier
Les voleurs vont souvent laisser le véhicule garé de deux à trois jours dans une rue. Ils vont parfois l'inspecter, notamment pour enlever des traceurs du propriétaire ou tout simplement attendre de voir si le véhicule est récupéré rapidement. Rien ne les lie au véhicule
, souligne Brian Gast.
Étape 4 : Une gare de fret

Les véhicules volés sont transportés dans des conteneurs.
Photo : Radio-Canada / Illustration : Camile Gauthier
Si la voiture n’a pas bougé, elle est ensuite envoyée vers les ports de l’est du Canada. Elle est chargée dans un conteneur puis le plus souvent acheminée par camion dans l’une des gares de marchandises.
À Toronto, il s’agit de la gare de fret du Canadien Pacifique à Agincourt ou celle, plus petite, de Vaughan Intermodal dans le nord-ouest, où des véhicules ont également été retrouvés récemment.
Les voleurs opèrent à l’aide d’une société complice qui va indiquer qu’il s’agit de différents biens destinés à l’exportation. Les compagnies ferroviaires n’ont pas vraiment connaissance de ce qu’il y a dans les conteneurs qu’elles transportent
, indique Brian Gast.
Étape 5 : Le port de Montréal (et parfois d'Halifax)

Les conteneurs sont chargés sur des navires, généralement sans être inspectés au préalable.
Photo : Radio-Canada / Illustration : Camile Gauthier
Les trains arrivent directement dans le port de Montréal où les conteneurs sont ensuite chargés sur des bateaux. Un petit nombre de véhicules continuent vers l’est, jusqu'au port d’Halifax.
Comme les véhicules ne sortent pas des conteneurs, les ports pourraient être des lieux de contrôle idéaux pour l'Agence des services frontaliers du Canada, mais les véhicules volés sont noyés dans la masse. Ce ne sont que quelques conteneurs sur des milliers
, précise Brian Gast.
Infolettre d’ICI Ontario
Abonnez-vous à l’infolettre d’ICI Ontario.
Étape 6 : Départ en conteneurs à travers l'Atlantique

Les voitures sont acheminées vers d'autres continents.
Photo : Radio-Canada / Illustration : Camile Gauthier
Une fois les véhicules volés expédiés à l'étranger, il est beaucoup plus difficile de les récupérer, même si plusieurs enquêtes internationales ont abouti ces dernières années.
Parmi les pays où des véhicules canadiens ont été interceptés, il y a le Ghana, le Nigeria, le Congo, la Belgique, le Maroc, Malte, l’Italie ou encore les Émirats arabes unis.
Ces réseaux doivent être très organisés, car il faut des personnes pour voler, pour transporter, puis pour récupérer les véhicules sur un autre continent en vue de la revente directe ou à d’autres groupes.
En revanche, l’Amérique du Sud, l’Asie ou l’Océanie ne font pas partie de ces destinations.
On commence à voir des véhicules de l’Ouest qui sont envoyés vers les ports de l’Est
, poursuit Brian Gast.
Pour l’enquêteur, cela révèle que les réseaux privilégient les ports accessibles par l’Atlantique là où leurs marchés sont le plus développés
. Ces ventes peuvent ensuite financer d’autres activités comme le terrorisme
, s’inquiète-t-il.