Le postsecondaire en Ontario dépend de plus en plus des étudiants étrangers, dit une étude

Le Collège Northern est l'un des nombreux établissements collégiaux de la province qui reçoit une importante proportion d'étudiants étrangers. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Le sous-investissement du gouvernement ontarien en éducation postsecondaire a augmenté la dépendance des collèges et universités envers les étudiants étrangers, au point où les étudiants indiens contribuent plus aux revenus d'exploitation du système collégial que la province, selon une étude d’une firme de consultants torontoise.
L’Ontario est une province où le sous-financement des établissements [postsecondaires] est une affaire sur laquelle tous les partis s’entendent
, écrit d’emblée l’auteur de l’étude, Alex Usher, président du cabinet de consultants Higher Education Strategy Associates. Les revenus des établissements provenant de la province ont diminué de façon constante depuis 2010-2011.
En 2019, la province a réduit les droits de scolarité de 10 % pour les étudiants ontariens des collèges et universités, et les a depuis gelés. L’Ontario était la première province à agir de la sorte quand les droits de scolarité étaient déjà plus importants comme source de revenus que les investissements publics
, explique Alex Usher en entrevue.

Les collèges ontariens, comme Canadore, dépendent de plus en plus des étudiants étrangers pour remplir leurs coffres.
Photo : Radio-Canada / Erik White
Ces circonstances ont mené à une dépendance de plus en plus importante envers les étudiants étrangers. Aujourd’hui, environ 53 % des étudiants des collèges ontariens proviendraient de l’étranger. Les étudiants indiens, à eux seuls, contribuent davantage, financièrement, au fonctionnement de ces établissements que la province.
De surcroît, dans les universités, les étudiants étrangers de premier cycle payaient en moyenne 45 242 $ en droits de scolarité durant la dernière année scolaire, le montant le plus élevé au pays. La moyenne canadienne est de 36 123 $ par année.
Alex Usher estime que le gouvernement ontarien devrait se pencher sur le financement de base offert aux collèges et universités. Il faut prendre la décision au sérieux, dit-il. Les établissements prennent des décennies à se développer et on peut les détruire en quelques mois
, résume le consultant.
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Croissance des collèges
Le système collégial est vraiment censé être pour l'accès local, pour aider les entreprises locales
à avoir accès à de la main-d'œuvre qualifiée, note Alex Usher. Au cours des dernières années, toutefois, le nombre d’étudiants étrangers a explosé en Ontario. Ils étaient presque deux fois plus nombreux en 2019-2020 qu’en 2016-2017.
Les droits de scolarité de ces étudiants sont environ trois fois plus élevés que ceux des étudiants canadiens. Au total, ce sont donc environ 76 % des droits de scolarité des établissements qui sont déboursés par les étudiants étrangers, selon l’étude de Higher Education Strategy Associates.
Alex Usher pense que les gouvernements ont une occasion de changer [de] direction
en matière de financement postsecondaire. Le consultant note que la province a formé l’hiver dernier un groupe d'experts chargé de la conseiller sur le financement du milieu postsecondaire.