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Agressions sexuelles : l’Université Sainte-Anne sommée d’agir

La seule université francophone de la Nouvelle-Écosse est secouée par une série de témoignages concernant des agressions sexuelles présumées.

Vue aérienne du campus avec la Baie Sainte-Marie

L'Université Sainte-Anne est la seule université francophone en Nouvelle-Écosse. Son campus principal est situé dans la baie Sainte-Marie. (Photo d'archives)

Photo : Université Sainte-Anne

Des membres de la communauté universitaire de l’Université Sainte-Anne, à Pointe-de-l’Église en Nouvelle-Écosse, appellent à l'action afin de mieux prévenir les agressions sexuelles sur le campus.

Dans une pétition qui circule en ligne, des étudiants et des anciens étudiants affirment avoir subi des agressions sexuelles lors de leur passage dans cette université. Selon la pétition, entre 2015 et 2019 il y aurait eu 53 agressions sexuelles impliquant des étudiants ou qui se serait passé sur le campus, dont 17 qui auraient été commises par la même personne.

Capture d'écran de la page d'accueil d'un site Internet dénonçant « la culture du viol » dans une université.

La pétition « Faut que SA change maintenant / SA Change Now » dénonce des agressions sexuelles et appelle à des changements à l'Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse.

Photo : Radio-Canada / SAchangenow.ca

Radio-Canada n’a pas été en mesure de vérifier ces allégations. La GRC de Meteghan dit ne jamais avoir reçu de plaintes en lien avec ces agressions.

La pétition cite 53 agressions sexuelles à l'Université Sainte-Anne, dont 17 ont été commises par une seule personne. Ces faits n'ont jamais été signalés à la GRC , affirme la GRC de Meteghan dans une déclaration écrite, mardi.

Des histoires troublantes et des appels au changement

Des professeures de l'université estiment toutefois que l'institution doit offrir davantage de ressources pour les personnes victimes d’agression sexuelle.

La directrice du département des études françaises, Chantal White, raconte qu’elle a accompagné une étudiante qui avait subi une agression sexuelle et explique qu’elle n’avait pas la formation et les ressources pour lui venir en aide.

Chaque rentrée universitaire m’inquiète. C’est les initiations, on sait qu’il va y avoir des événements et des soirées arrosées. Je suis toujours très inquiète.

Une citation de Chantal White, professeure à l’Université Sainte-Anne

Il y a le bar étudiant, les résidences. Il fait très noir sur le campus. On a des gardiens de sécurité qui ne se chargent pas vraiment de cet aspect-là , dit-elle, en ajoutant que l’université n’a plus de conseillère sur le campus  pour victimes d'agressions sexuelles depuis environ un an.

On a un numéro de téléphone, on a une adresse courriel qu'on peut remettre à nos étudiants, mais ce n’est vraiment pas suffisant quand on a un étudiant ou une étudiante en crise dans notre bureau , explique celle qui est linguiste de formation.

Chantal White, directrice du département des études françaises de l'Université Sainte-Anne, dénonce manque d'initiatives pour prévenir les agressions sexuelles sur le campus.

Chantal White, directrice du département des études françaises de l'Université Sainte-Anne, dénonce manque d'initiatives pour prévenir les agressions sexuelles sur le campus.

Photo : Radio-Canada

Chantal White dit avoir entendu de nombreuses histoires d’événements qui se seraient déroulés sur le campus.

Elle espère que cette pétition va permettre de changer les choses. Je pense que la politique de l’Université Sainte-Anne devrait être revue de fond en comble.

Les actions demandées

Les instigateurs de la pétition propose les changements suivants à l'administration de l'université, dont :

  • prévoir un meilleur éclairage extérieur sur le campus;
  • offrir un soutien aux étudiants sur place, comme un service de conseil d’urgence et du soutien psychologique;
  • désigner un bureau (une personne) pour traiter des plaintes en matière de harcèlement et d’agression sexuelle;
  • retenir les services de consultants externes afin de mener un examen sur la procédure d'audience en cas d'agression sexuelle.

La GRC confirme 4 plaintes pour agressions sexuelles

La GRC de Meteghan affirme avoir reçu quatre plaintes pour agressions sexuelles survenues à l’Université depuis 2015. Seulement une de ces plaintes concerne un incident survenu dans la période touchée par la pétition, en 2016. Deux autres incidents ont eu lieu en 2021 et un dernier en 2023.

Deux de ces plaintes ont mené à des accusations.

La police dit ne jamais avoir reçu de plaintes pour ces 53 signalements d’agressions évoqués dans la pétition en ligne.

De plus, elle précise que les quatre plaintes reçues concernaient toutes des personnes différentes. « Pour être clair, ces incidents n'impliquent pas qu'une seule personne ait commis les quatre agressions sexuelles, et les victimes étaient différentes dans chaque cas », affirme la GRC dans une déclaration écrite.

Les étudiants n’ont pas de sentiment de sécurité. C’est assez. On ne va pas rester silencieux. On va prendre des démarches pour que l’administration nous écoute.

Une citation de Joanna Clark, auteure de la pétition et ex-étudiante

Une des co-auteures de la pétition et ex-étudiante, Joanna Clark, n’est pas surprise du faible nombre de signalements à la police. Elle croit que cela s’explique par le fait que le processus de dénonciation est souvent traumatisant pour les victimes.

Selon elle, l’université doit être proactive pour mieux protéger ses étudiants.

L'une des instigatrice de la pétition et ex-étudiante de l'Université Sainte-Anne, Joanna Clark, affirme qu'il est temps que les dirigeants de l'université écoutent les étudiants.

L'une des instigatrice de la pétition et ex-étudiante de l'Université Sainte-Anne, Joanna Clark, affirme qu'il est temps que les dirigeants de l'université écoutent les étudiants.

Photo : Radio-Canada

Il faut aussi que l’administration prenne au sérieux les cas qui sont amenés et ils doivent faire quelque chose. Dans les histoires qu’on a vues, les personnes qui ont fait les agressions n’ont presque jamais de conséquences , dénonce Joanna Clark.

Je suis déçue que rien n’a changé depuis que moi j’étais là , ajoute l’ancienne étudiante, qui a terminé son baccalauréat en 2014.

Un dossier que l'université prend « très au sérieux »

L’Université Sainte-Anne n'était pas disponible pour nous accorder une entrevue mardi après-midi. L'institution a plutôt envoyé une déclaration écrite en soirée.

Les dirigeants de l'université affirment qu'il s'agit d'un dossier prioritaire pour l'année. On précise qu'une refonte de la politique sur la violence sexuelle est presque terminée et qu'il y a un plan de réaménagement de l'éclairage sur le campus. Un poste de conseiller sera également réaffiché à la rentrée.

La prévention de la violence sexuelle sur notre campus est un dossier que nous prenons très au sérieux. C’est aussi un dossier qui demande de la précision, de la délicatesse et, parfois, de la confidentialité. C’est pourquoi ce travail demande du temps, affirme l'institution par écrit.

Par ailleurs, dans une entrevue à l’émission Le Réveil Nouvelle-Écosse, mardi matin, le directeur des services aux étudiants et de l'internationalisation de l’université a répondu aux questions de Radio-Canada.

Le directeur des services aux étudiants et de l'internationalisation de l’Université Sainte-Anne, Sébastien Dol

Le directeur des services aux étudiants et de l'internationalisation de l’Université Sainte-Anne, Sébastien Dol

Photo : Contribution : Université Sainte-Anne

Sébastien Dol rappelle que l’institution prend déjà de nombreuses mesures pour prévenir les violences sexuelles.

On a fait plusieurs formations sur la violence sexuelle cette semaine. On a une représentante du programme d'avis juridique indépendant qui est venue nous parler pour dire aux étudiants qu'ils peuvent avoir des consultations légales gratuitement , explique-t-il.

Il précise aussi que des responsables des résidences étudiantes reçoivent des formations sur la prévention des violences sexuelles.

Il y a plusieurs initiatives qui se passent. On est conscient qu'il ne faut pas se cacher, on sait que ça peut arriver et quand des plaintes sont déposées, lorsque des agressions arrivent, il y a des politiques en place pour investiguer , ajoute-t-il.

L'Université Sainte-Anne accueille en moyenne environ 350 étudiants à temps plein par année.

Avec des informations d'Héloïse Rodriguez et de Marc Babin

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