Des grands-mères cries « en guerre contre les drogues » en Alberta

Jeudi, des kokums (grands-mères) ont mené une marche de « guerre contre les drogues » à travers la communauté de Maskwacis, accompagnées de parents, d’enfants, d’agents de la Gendarmerie royale du Canada, de motards du club Redrum et de premiers répondants.
Photo : Radio-Canada / Manuel Carrillos Avalos
Des grands-mères cries de Maskwacis se battent pour rendre leur communauté plus sûre dans le centre de l’Alberta, après que des centaines de personnes sont mortes à cause des drogues, dénoncent-elles.
Jeudi, ces kokums (grands-mères) ont mené une marche de guerre contre les drogues
à travers leur communauté, accompagnées de parents, d’enfants, d’agents de la Gendarmerie royale du Canada, de motards du club Redrum et de premiers répondants.
Ces femmes disent devoir agir à la suite de la mort de membres de la communauté depuis le début de la pandémie pour des causes non naturelles, notamment des surdoses, des suicides et des homicides.
Au cours des trois dernières semaines, expliquent-elles, quatre jeunes mères sont mortes à cause de drogues toxiques dans la Première Nation Montana, la plus petite des quatre Premières Nations composant Maskwacis, à 100 km au sud d'Edmonton.

Quatre Premières Nations vivent ensemble à Maskwacis. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos
« Nous perdons nos jeunes femmes qui sont censées être les futures kokums, mais elles nous quittent trop tôt et elles abandonnent leurs enfants et nous devons réagir », a déclaré Ethel Currie-Reindeer, l'une des organisatrices de l'événement.
En avril, les drogues toxiques ont tué 182 personnes en Alberta, un record mensuel depuis 2016, selon les statistiques de la province. En juillet, la Confédération des Premières Nations du Traité no. 6 a déclaré l’état d’urgence et réclamé l’aide immédiate de tous les ordres de gouvernement pour répondre à la crise des opioïdes qui touche les Nations de la Confédération
.
La Confédération explique que les Autochtones de l’Alberta meurent de surdoses à des taux plus élevés que les allochtones. Ses dirigeants ont réclamé davantage de services de réduction des méfaits.
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Des centres de traitement promis par la province
Je suis une mère et la Faucheuse frappe à ma porte, car je suis concernée par cela
, a déclaré Joan Currie, kokum membre de la Première Nation Montana, à des dizaines de personnes rassemblées au Howard Buffalo Memorial Center, après la marche. « Nous devons donner de l'espoir et de l'inspiration à notre peuple en leur disant qu'il y a une meilleure solution. »
Des dirigeants ont encouragé les utilisateurs de drogues à faire appel à des thérapeutes locaux et à l’équipe mobile de santé mentale. Nous ne sommes pas ici pour juger qui que ce soit, mais nous essayons de trouver un moyen de vous aider
, a déclaré Chase McDougall, conseiller de la Première Nation Montana.
S'adressant à sa communauté, le chef Randy Ermineskin de la Nation Ermineskin a annoncé une nouvelle tragique de plus : une mère qui avait fait une surdose était en train d’être débranchée dans une unité de soins de réanimation.
Il s'est engagé à organiser une assemblée publique avant la fin de son mandat en septembre.
Un centre de traitement est vital et essentiel pour notre région afin que nos parents puissent être près de leurs enfants pendant qu'ils guérissent et luttent contre leurs dépendances.

Une conseillère de la Nation Ermineskin, Cheryl Montour Littlechild, dit que les membres de la communauté ont repris ce qui leur « revient de droit », la capacité de marcher sans peur. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos
La province s’est engagée à construire 11 centres de traitement des dépendances, notamment pour les Premières Nations de Kainai, Enoch, Tsuutʼina et Siksika.
Certaines communautés n'ont pas encore été annoncées et le gouvernement ne dit pas si Maskwacis fait partie des emplacements choisis. Une fois terminée, chaque zone de santé en Alberta aura au moins une communauté de rétablissement offrant un traitement holistique gratuit à long terme
, a déclaré dans un courriel Hunter Baril, attaché de presse du ministre de la Santé mentale et de la Dépendance, Dan Williams.
Après la marche de jeudi, Ethel Currie-Reindeer dit avoir appris que des trafiquants de drogue vivent dans des maisons le long de la route. Ils avaient besoin de voir que [...] nous sommes fatigués et qu’il faut faire quelque chose. Nous n'allons pas nous arrêter.
Une conseillère de la Nation Ermineskin, Cheryl Montour Littlechild, dit que les membres de la communauté ont repris ce qui leur revient de droit
, la capacité de marcher sans peur. L'unité était juste extraordinaire [...] C'était une sensation magnifique. On pouvait entendre des rires, des chants, c'était vraiment bien.
Avec les informations d’Andrea Huncar