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Présidentielles au Guatemala : Bernardo Arevalo, de centre gauche, remporte le scrutin

Un partisan tient un tissu sur lequel est imprimé le buste de Bernardo Arevalo.

Des partisans de Bernardo Arevalo fêtent sa victoire dans la rue.

Photo : Reuters / CRISTINA CHIQUIN

Agence France-Presse

Le candidat surprise de l'élection présidentielle au Guatemala, Bernardo Arevalo, objet de tentatives de disqualification pendant la campagne électorale, a remporté dimanche le second et dernier tour du scrutin avec la promesse d'en finir avec la corruption.

Nous avons déjà une tendance extrêmement importante, a déclaré Irma Palencia, présidente du Tribunal suprême électoral (TSE), en annonçant que M. Arevalo avait obtenu 59 % des voix après le dépouillement de 95 % des suffrages, contre 36 % à sa rivale, l'ancienne première dame Sandra Torres.

Le nouveau président prendra ses fonctions le 14 janvier 2024.

Le président sortant de droite Alejandro Giammattei a rapidement réagi sur X (anciennement Twitter), félicitant M. Arevalo et l'invitant à entamer une transition ordonnée dès le lendemain de l'officialisation des résultats.

La victoire de M. Arevalo signifie la défaite de la vieille politique, du parti au pouvoir [...] Une autre ère commence pour notre pays et nous devrons nous mobiliser pour une transition pacifique, a noté l'analyste Miguel Angel Sandoval.

Le scrutin s'est déroulé sans qu'aucun incident significatif n'ait été signalé, a indiqué plus tôt le TSE, soulignant sans plus de précision un pourcentage historique de participation.

Des partisans, drapeaux du Guatemala en main, défilent dans la rue.

Des partisans de Bernardo Arevalo fêtent sa victoire dans la rue.

Photo : Getty Images / AFP/JOHAN ORDONEZ

Les deux candidats en lice, Bernardo Arevalo, 64 ans, et Sandra Torres, 67 ans, se réclament tous deux de centre gauche. Mais si le premier cristallise les espoirs de changement dans un pays profondément inégalitaire, sa rivale est considérée comme la représentante du statu quo.

À la tête du parti Unité nationale de l'espoir (UNE), Sandra Torres a promis des programmes d'aide sociale et diverses subventions pour les pauvres. Elle a aussi gagné le soutien de la droite et des évangélistes et multiplié les discours conservateurs.

L'expérience diplomatique et parlementaire d'Arevalo lui donne une base de connaissances et d'expérience pour former une large équipe gouvernementale. Cela renforce sa légitimité, a estimé Francisco Rojas, recteur de l'Université pour la paix (UPEACE).

Nous devrons voir si Sandra Torres reconnaît sa défaite, mais il y aura une longue période avant la prise de fonctions. Ce sera une période complexe, a-t-il ajouté.

Un homme souriant se tient debout, les mains levées, sur une scène.

Le candidat Bernardo Arevalo lors d'un rassemblement de clôture, le 16 août 2023.

Photo : Associated Press / Moises Castillo

Les forces traditionnelles ont misé sur Torres, car Arevalo est considéré comme un risque pour la continuité du système, souligne auprès de l'AFP l'analyste politique Arturo Matute.

L'ancienne épouse de l'ex-président de gauche Alvaro Colom (2008-2012) bénéficie du soutien silencieux du président sortant Alejandro Giammattei, dont le mandat a été marqué par la répression contre les magistrats et les journalistes qui dénonçaient la corruption. Elle a aussi l'appui de la puissante élite économique alliée au gouvernement.

Le président Alejandro Giammattei parle devant un drapeau du Guatemala.

Le président sortant du Guatemala, Alejandro Giammattei, en 2020. (Photo d'archives)

Photo : afp via getty images / Johan Ordonez

Selon le dernier sondage mercredi, Bernardo Arevalo était crédité de 50 % des intentions de vote, largement devant Sandra Torres, plusieurs fois candidate défaite à la présidence par le passé, avec 32 %.

Dans la ville indigène de San Juan Sacatepéquez, à une trentaine de kilomètres de la capitale, les électeurs ont dit leurs espoirs de changement.

On ne peut plus vivre nulle part, car il y a beaucoup de criminalité, a indiqué Maria Rac, une femme au foyer de 66 ans. Efrain Boch, un camionneur de 47 ans, a dit espérer que le nouveau président s'attaque à la corruption qui nous affecte.

Nous sommes confiants : le gagnant sera le peuple du Guatemala, a déclaré Bernardo Arevalo après avoir voté dans une école de la capitale.

Sandra Torres n'a fait aucune déclaration après avoir inséré son bulletin dans l'urne.

Espoir de changement

Qualifié à la surprise générale lors du premier tour, Bernardo Arevalo cristallise les espoirs de changement, notamment parmi les jeunes qui représentent 16 % des 9,4 millions d'inscrits.

Nous avons été les victimes, les proies, de politiciens corrompus pendant des années, a-t-il lancé mercredi. Voter, c'est dire clairement que c'est le peuple guatémaltèque qui dirige ce pays, et non les corrompus, a-t-il assuré.

Ce sociologue et ancien diplomate est le fils du premier président démocratiquement élu du pays, Juan José Arevalo (1945-1951).

Sandra Torres a focalisé sa campagne sur la lutte contre les bandes criminelles et contre la pauvreté, a multiplié les attaques contre son rival, qu'elle a qualifié d'étranger parce que né en Uruguay durant l'exil de son père.

Dans la dernière ligne droite de la campagne, vendredi, elle a même mis en doute la partialité du processus électoral, se disant préoccupée par toute altération des données de comptage des voix par les personnes habilitées du TSE.

La spectaculaire percée de Bernardo Arevalo inquiète les élites économiques et politiques du pays, perçu comme un danger pour leurs intérêts, et le ministère public a multiplié les procédures à son encontre.

Sur avis du parquet, un juge avait ordonné le 12 juillet la suspension de son parti Semilla pour de supposées irrégularités lors de sa création en 2017.

La Cour constitutionnelle avait suspendu cette décision, annulée vendredi par la Cour suprême.

La veille, le procureur Rafael Curruchiche, sanctionné pour corruption par Washington, avait annoncé de possibles arrestations à venir de dirigeants de Semilla.

Communauté internationale et analystes considèrent que les procédures du ministère public tentent d'écarter M. Arevalo de l'élection.

Trois décennies après la fin de sa brutale guerre civile, le pays le plus peuplé d'Amérique centrale est enlisé dans la pauvreté, la violence et la corruption, ce qui pousse chaque année des milliers de Guatémaltèques à émigrer.

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