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Pedro Sanchez gagne une première bataille au Parlement espagnol

Pedro Sanchez félicité par des collègues au Parlement.

Pedro Sanchez, premier ministre sortant de l'Espagne, le 17 août 2023

Photo : Reuters / Violeta Santos Moura

Agence France-Presse

Le premier ministre espagnol sortant, Pedro Sanchez, a gagné son pari jeudi lors de l'ouverture de la session parlementaire, en faisant élire à la présidence de l'Assemblée la candidate socialiste, Francina Armengol, grâce à un accord de dernière minute avec le parti représentant l'aile dure de l'indépendantisme catalan.

Mme Armengol, 52 ans, a recueilli dès le premier tour 178 voix, soit deux de plus que la majorité requise, grâce aux voix des sept députés de Junts per Catalunya (JxCat, Ensemble pour la Catalogne), le parti dirigé par le leader indépendantiste Carles Puigdemont, exilé en Belgique et recherché par la justice espagnole depuis l'échec en 2017 d'une tentative de sécession de la Catalogne.

Même s'il ne s'agissait que d'une première manche, cet accord entre le Parti socialiste et M. Puigdemont est important, car il donne une première indication positive sur les chances de M. Sanchez d'être de nouveau investi premier ministre dans les prochains jours et d'éviter ainsi de nouvelles élections.

Francina Armengol applaudit entourée de collègues.

La socialiste Francina Armengol se réjouit d'avoir été élue à la présidence de l'Assemblée du Parlement espagnol, le 17 août 2023

Photo : Getty Images / AFP / Javier Soriano

Quatre conditions, mais pas de référendum

JxCat a révélé sur son site peu après le vote que l'accord, conclu aux premières heures de la matinée, comprenait quatre points, le premier étant la reconnaissance du catalan comme langue officielle de l'Union européenne.

M. Sanchez avait lui-même fait cette proposition mercredi, mettant en avant le fait que l'Espagne occupait la présidence tournante du Conseil de l'UE jusqu'à la fin de l'année et promettant d'utiliser cette position pour obtenir que le catalan, mais aussi le basque et le galicien deviennent des langues officielles de l'UE.

Dans son premier discours en tant que présidente de l'Assemblée, Mme Armengol a annoncé que le catalan ainsi que le basque et le galicien, qui ont le statut de langues officielles en Espagne, pourraient désormais être utilisés au Congrès. Il s'agit là du deuxième point de l'accord avec Junts.

Les deux autres points portent sur la création d'une commission d'enquête sur l'attentat djihadiste du 17 août 2017 en Catalogne (il y a six ans jour pour jour) et d'une autre commission d'enquête sur l'espionnage de leaders indépendantistes catalans au moyen du logiciel de fabrication israélienne Pegasus.

L'accord reste très en deçà des exigences de Junts, qui a deux revendications fondamentales : une amnistie pour toutes les personnes ayant fait l'objet de condamnations pour la tentative de sécession avortée de la Catalogne et un référendum d'autodétermination.

Pour des raisons aussi bien juridiques que politiques, il n'était pas pensable que M. Sanchez accède à ces demandes. M. Puigdemont a donc renoncé à ces exigences pour l'instant, préférant obtenir des gains concrets.

Junts avertit toutefois sur son site que cet accord se limite à l'élection de la présidence et des huit membres du bureau de l'Assemblée et n'a aucun lien avec l'investiture du prochain premier ministre, qui constituera la bataille principale et nécessitera de nouvelles tractations.

Portrait de Carles Puigdemont.

Le leader indépendantiste Carles Puigdemont est exilé en Belgique et recherché par la justice espagnole depuis l'échec en 2017 d'une tentative de sécession de la Catalogne.

Photo : Getty Images / AFP / Kenzo Tribouillard

Sanchez favori

Malgré cet avertissement, l'horizon de M. Sanchez s'est éclairci jeudi, d'autant que son rival Alberto Núñez Feijóo, leader du Parti populaire (PP, droite), qui revendique lui aussi le poste de premier ministre, a connu un échec cinglant lors de cette session d'ouverture du Parlement.

Sa candidate à la présidence de l'Assemblée, Cuca Gamarra, qui espérait obtenir 172 voix et pensait donc pouvoir l'emporter en cas d'abstention des députés de Junts, n'a finalement recueilli que 139 voix, à savoir celles des 137 députés du PP et des élus de deux petits partis régionaux.

Les 33 députés de Vox, parti d'extrême droite dont dépendait le PP, ont voté pour leur propre candidat.

Cette division illustre les relations tumultueuses, parce que très ambiguës, entre le PP et Vox, une formation d'extrême droite idéologiquement proche du premier ministre hongrois Viktor Orban et de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.

Depuis les législatives du 23 juillet, qui avaient vu le PP redevenir le premier parti du pays, mais loin de la majorité absolue, M. Feijóo réclame d'être désigné pour se présenter devant les députés afin de se soumettre à un vote d'investiture, justifiant son exigence par le fait que son parti est celui ayant eu le plus de sièges.

M. Sanchez lui avait rétorqué mercredi qu'en Espagne, celui qui gouverne est celui qui obtient le plus d'appuis, autrement dit qui peut rassembler une majorité. Il avait aussi accusé le PP de faire pression sur le roi Felipe VI, à qui il incombe de choisir le candidat à l'investiture.

De ce point de vue, le vote de jeudi a montré que M. Feijóo ne disposait pas d'une majorité, puisque même Vox lui a fait défaut.

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